Carlos Ghosn : arrestation d’un nouveau patron voyou

« Je pense qu’il est impossible d’être chef d’entreprise sans avoir un minimum d’audace » avait dit, il y a quelques temps, l’homme d’affaire Carlos Ghosn, qui était jusqu’à hier PDG du Groupe Renault (et donc aussi de la société japonaise Nissan). Puissant bourgeois, il profitait d’un alléchant salaire de plusieurs millions d’euros (pouvant atteindre plus de 10 millions!) par an pour ses activités par delà le monde au service des monopoles français et japonais de l’automobile. Réputé pour ses plans de redressement serrés, et sa capacité à licencier à tour de bras pour revenir dans les marges de rentabilité, il était surnommé «Le Cost Killer » (Littéralement, le « tueur des coûts »).

Eh bien « l’audacieux » PDG, qui depuis 1978, avec son entrée en tant que directeur d’usine à Michelin, exploitait les ouvrières et ouvriers du monde entier, aurait caché au fisc japonais des utilisations crapuleuses du capital de l’entreprise Nissan, dont il était toujours président. Carlos Ghosn a été arrêté à Tokyo à la sortie de son jet privé et croupit désormais en prison en attendant d’être jugé au Japon.

Alors, qu’est-ce qui explique qu’un patron qui aurait été un hors-la-loi pendant plus de 8 ans, selon les informations de l’enquête, ne soit arrêté que maintenant, et à l’étranger ? C’est que Renault et Nissan, deux monopoles automobiles puissants, venus de deux pays impérialistes puissants, sont en pleines discussion de fusion. Les tensions qui naissent de ces deals entre impérialistes viennent du fait qu’une fusion ne se fait jamais sans que l’un absorbe l’autre. Dans ce cas ci, c’est le capital français de Renault, représenté avant tout par Carlos Ghosn depuis près de 15 ans, qui mettait la main à la pâte pour rafler la grosse mise qu’était Nissan. Avec l’arrestation de Ghosn, la piste se refroidit énormément, et l’alliance entre les deux compagnies se tasse. D’ailleurs, la direction par intérim qui remplace Ghosn est assurée non pas par un mais deux présidents, un français et un japonais. Ni la France, ni le Japon, n’ont accepté la thèse d’un complot, et il n’y a aucune raison que cette affaire en soit un. Au contraire, loin d’être un sale boulot venu des ombres pour faire chuter Ghosn, c’est simplement l’éclatement au grand jour des contradictions entre les impérialistes au niveau de Renault-Nissan, et au niveau de Ghosn, un stop pour ce ripou de bourgeois qui s’en mettait plein les poches alors qu’il licenciait et délocalisait à tour de bras partout dans le monde.

Les bourgeois en ont vu d’autres : des arrestations qui se finissent en exil doré dans une prison privée ou en arrangement entre amis, c’est la monnaie commune pour cette classe. On peut parier sur le fait que Ghosn et ses équipes d’avocats tenteront tout pour le sauver, alors que ses anciens amis de la bourgeoisie impérialiste qui occupent désormais sa place chercheront à l’évincer. En résumé l’affaire Ghosn nous rappelle l’importance primordiale des contradictions au sein des bourgeoisies monopolistes dans le système impérialiste dans lequel nous vivons.

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