Coronavirus : la lutte de classes ne s’arrête jamais

L’épidémie de covid-19 montre une accélération et une accentuation des contradictions sociales partout dans les pays touchés. Si, lors de son discours, Emmanuel Macron à parlé « d’unité nationale » et de « guerre », donc d’atténuation des contradictions de classe, il faut se rendre compte que c’est bien le contraire qui se passe. L’épidémie montre partout que les ouvriers sont bien différents des autres couches de la population : d’abord, elles et ils font tourner la société. Si certains ont arrêté le travail, comme certaines usines d’automobile, dans une partie de la logistique et de la distribution, de nombreux secteurs, parfois absolument non-essentiels (mais ou l’effet de rattrapage sera nul) continuent à tourner : grands entrepôts, plateaux de téléconseil, usines, techniciens, hospitaliers… L’épidémie montre également que la production et la réalité peuvent être brutalement modifiés par des décisions politiques quand les masses les mettent en pratique : arrêt de la production, arrêt de la circulation automobile, baisse drastique de la production, réquisition pour le monde de la santé…

Dans de nombreux secteurs non-essentiels, les ouvriers réclament la fermeture complète des entreprises : la grève se propage aux chantiers de saint-nazaire, à la poste, dans les usines automobiles (qui ont fermé)… mais également dans d’autres, plus essentiels. Il y à un fort ressentiment de l’injustice : pourquoi doit-on travailler et prendre des risques, qui en plus sont inutiles, alors que d’autres continuent d’être (parfois très bien) payés à travailler chez eux – souvent avec des rythmes plus soutenables ? Mais dans les secteurs essentiels également, les luttes se propagent, pour de meilleurs protections, pour des mesures drastiques, pour des fermetures partielles, etc. Ces luttes prouvent que dès les premiers jours d’une nouvelle forme d’organisation, la lutte des classes continue de plus belle, et les communistes et révolutionnaires en sont partie prenante.

Bien sûr, il y a une contradiction : les masses luttent, mais certains outils essentiels doivent rester ouverts absolument pour le bien de la population, qui estimera légitime un autoritarisme face aux travailleurs et travailleuses de la santé, de la logistique ou du réseau internet par exemple. Il peut également y avoir un certain libéralisme, avec une absence de conscience de la nécessité du travail, qui se relie avec l’inconscience de nombreux prolétaires, sortis parfois en masse dehors malgré les mesures de confinement : c’est un reflet de la société bourgeoise, du libéralisme de la bourgeoisie qui prétend que « chacun fait ce qu’il veut ». Mais beaucoup de travailleurs et de travailleuses ne se voient pas rester chez eux à rien faire ; veulent absolument être utile et produire, s’ennuient chez eux, etc.

La contradiction principale de ces deux derniers points vient de l’absence de planification socialiste. Sous le capitalisme, le travailleur n’est qu’un rouage sans autonomie, qui peut être remplacé, qui n’est qu’une source de profit. Le travailleur n’a aucune raison de penser que lui doit travailler et pas un autre à sa place ; il subit de plein fouet l’injustice de travailler quand les autres restent en sécurité. Pourquoi travailler dans une usine de bonbons (agro alimentaire essentiel?) quand on est vieux et en mauvaise santé quand des cadres jeunes et en bonne santé sont dispensés de travail ? Pourquoi livrer de manière individuelle et sans protection quand des tournées rationnelles pourraient être mises en place ? Bref : sans planification socialiste, toute la place est laissée à l’anarchie de la production et ses résultats : absence de protections suffisantes, inadaptations des produits et services, libéralisme, individualisation des individus…

Pour les révolutionnaires, pour tous nos lecteurs, la question essentielle est aujourd’hui de faire germer, dans les pratiques et dans les têtes, l’idée du de la dictature du prolétariat. Si nous, les ouvriers, avions le pouvoir, si nos délégués siégeaient dans les assemblés et dirigeaient les usines et les régions, on pourrait faire travailler uniquement des personnes sans risque, modifier et rationaliser la production, empêcher les capitalistes de faire du profit sur notre santé. Chaque lecteur doit comprendre que dès aujourd’hui, nous devons organiser l’entraide, la sécurité, l’hygiène, l’approvisionnement, et lutter dans les entreprises, en fonction de nos possibilités, dans le respect le plus absolu des mesures sanitaires, comme ont déjà commencé nos camarades de Jeunes Révolutionnaires, de l’AR-LGBTI et du MPF.

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