Graffiti : art populaire et lutte des classes !

« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes » disait Marx. Au même titre que le prolétariat doit renverser la classe bourgeoise par la révolution, la culture prolétarienne devra supplanter la culture bourgeoise.

En effet, la révolution ne doit pas être réduite à un simple changement radical de gouvernement et de mode de production. Sans changements profonds dans la culture, les idées réactionnaires continueront à subsister et à pousser la société en arrière.

Quand on pense à la culture prolétarienne, le graffiti est probablement ce qui nous vient en premier, avec le rap. Ces deux formes d’expressions sont d’ailleurs nées dans les années 70 dans les quartiers populaires de New-York, notamment le Bronx. C’est sur les rames de métros, les trains, les abris de bus et les façades des bâtiments de ces quartiers que les premiers graffeurs, des jeunes issus du prolétariat, ont commencé à s’exprimer.

On peut distinguer le tag du graff, bien que ces deux pratiques fassent parti de la même culture. Le tag, c’est la signature rapide, écrite avec une seule bombe, ou au marqueur. Le graff, c’est le lettrage plus travaillé (parfois à la limite de l’illisible : c’est le « wildstyle »), souvent avec plusieurs couleurs. Dans les deux cas, on écrit son blaze, son nom d’artiste.

Graffer son blaze dans la rue, c’est littéralement faire parler les murs dans des villes où la seule forme d’expression visible, c’est la pub, le mode d’expression des capitalistes !

Graffer son blaze sur un train ou un métro, c’est casser la routine métro-boulot-dodo, c’est proposer une forme d’art directement accessible aux travailleurs dans leur trajets quotidiens, juste en regardant à travers la fenêtre ; c’est ajouter une dimension variable à un paysage constant.

Dans tout les cas, c’est montrer au monde qu’on existe, malgré les rôles de simples exécutants et de consommateurs auxquels nous sommes assignés par le capitalisme.

On ne le fait même pas pour un autre profit que celui de faire entrer son nom dans la mémoire collective.

Disek, un graffeur ayant fait ses premiers pas en banlieue parisienne le dit : « Quand j’ai commencé j’étais paumé, j’avais l’impression d’errer dans la société sans y trouver ma place. En éclatant les rues j’avais l’impression de balancer ma rage sur les murs, de crier « je suis là » à un système qui me snobait. »

Pas besoin de sortir des beaux-arts ou d’autres grandes écoles pour apprendre le graffiti, le premier contact arrive d’ailleurs souvent dans des ateliers dans la maison de quartier.

Pas besoin non plus d’aller dans des musées pour voir des graffitis, ni d’avoir une culture artistique très développée pour les apprécier ou y trouver quelque chose.

D’ailleurs, au fond, il n’y a même pas besoin d’acheter du matériel, une simple craie suffit pour écrire son nom par terre ou sur un mur.

Les origines prolétariennes du graffiti l’ont souvent impliqué dans la lutte de classes. Dès les années 60, de nombreuses organisations du mouvement afro-américain ou de la lutte contre la guerre du Vietnam, comme le Black Panther Party, graffaient leurs revendications sur les murs. En France, les révolutionnaires de mai-juin 68 utilisaient également le graffiti pour faire passer leurs messages.

On peut rapprocher cette réappropriation des murs pour y faire passer des messages des dazibao chinois : des affiches murales que n’importe qui pouvait placarder dans les rues pour s’exprimer sur tel ou tel sujet politique ou philosophique. C’est même un dazibao qui a lancé la Révolution Culturelle.

« La bourgeoisie rejette toujours les œuvres littéraires et artistiques du prolétariat, quelles que soient leurs qualités artistiques. » disait Mao

En fait, la bourgeoisie a un rapport étrange avec le graffiti. D’un côté elle le considère majoritairement comme du vandalisme et le sanctionne, mais de l’autre elle en tire profit : combien de marques se sont réappropriées ce style pour des pubs ou des T-shirts ? Combien de collectionneurs d’art l’ont enfermé dans leurs galeries, en en retirant le caractère public et gratuit ?

La mairie de Paris organise même des visites guidées sur le thème de l’art urbain (dont le graffiti fait parti), pour générer du profit sur de l’art public, sur le dos d’artistes à qui elle colle des procès ou qu’elle envoie en prison !

On a même déjà vu de gros collectionneurs d’art faire arracher des portions de murs sur lesquels se trouvaient des œuvres d’art urbaines.

Le graffiti, c’est un bien commun, c’est de l’art fait par le peuple pour le peuple ! C’est l’art du prolétariat !

Ne le laissons pas se gentrifier et écrivons nos noms dans la rue !

C’est à nous d’exproprier les capitalistes, pas à eux de nous voler tout ce que nous produisons, même en dehors de notre temps de travail !

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