Culture : critique du film « Cry Freedom »

Pour les commémorations des 45 ans des émeutes de Soweto, Cry Freedom est un film à voir pour celles et ceux qui s’intéressent à la lutte des sud-africains noirs pendant l’Apartheid.

Film sorti en 1987, dans les dernières années de l’Apartheid, il se concentre sur la vie de deux personnages ayant réellement existé : d’un coté Steve Biko (joué par l’excellent Denzel Washington), activiste noir des années 70 qui lutte en Afrique du Sud pour changer la société et libérer les noirs de l’oppression qu’ils subissent. De l’autre côté, Donald Woods (joué par Kevin Kline), bourgeois blanc et libéral, rédacteur en chef d’un journal à succès.

Biko a grandi dans les bidonvilles tandis que Woods est issu d’une riche famille. Biko lutte chaque jour au risque de sa vie pour libérer son peuple, en organisant la solidarité au sein de la communauté noire et en lui apprenant à relever la tête, tandis que Woods se contente de son confort, dénonçant dans son journal autant le racisme du gouvernement que « l’extrémisme » des activistes noirs.

Ces deux hommes, que tout semble opposer, vont finalement se rencontrer à l’initiative de Steve Biko et de ses camarades. Ils proposent à Woods de les suivre au quotidien et de venir voir la vie courante des 90% de la population, pour qu’il réalise toute l’horreur de l’Apartheid.

Au début, Woods se montre arrogant et dédaigneux envers Steve Biko et son mouvement, qu’il voit comme de dangereux criminels. Mais plus le film avance, et plus son regard sur la société change. En découvrant de ses yeux l’oppression que subissent les noirs du pays, la corruption et la violence du régime blanc et de sa police, et surtout le courage héroïque de Biko et des masses qui le soutienne, Woods se transforme peu à peu en soutien actif de cette lutte pour renverser le système raciste de l’Apartheid.

‘’Partout où il y a oppression, il y a résistance’’, c’est la morale qui se dégage du film. Ce n’est pas juste un film sur la naissance d’une amitié entres deux hommes, mais bien une grande œuvre sur le combat de tout un peuple. Les véritables héros du film, comme nous le montre la scène finale sur les Émeutes de Soweto et le générique mettant en avant les noms des martyrs tués par la police dans les prisons sud-africaine pendant l’Apartheid, ce sont les masses qui luttent pour changer la société. Malgré la brutalité de la répression de l’État sud-africain, ce sont les masses qui auront le dernier mot.

L’Apartheid assassina Steve Biko en 1977, espérant tuer avec lui les espoirs des noirs sud-africains. Au contraire, son décès inspira des millions, comme Woods, à lutter d’autant plus pour abattre ce régime sanguinaire et corrompu.

Plus de 40 ans après sa mort, l’esprit de Steve Biko est toujours présent dans les luttes de ceux qui se battent pour une meilleure société en Afrique du Sud. L’Apartheid, poussée à bout par les soulèvements populaires, s’est effondrée il y a près de 28 ans. Mais la lutte pour une société plus juste est loin d’être finie en Afrique du Sud, et comme le dit si bien Steve Biko :

« Mieux vaut mourir pour une idée qui vivra, que de vivre pour une idée qui va mourir »

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