Economie : un ouvrier, un prolétaire, un cadre, un bourgeois, c’est quoi ?

Pour La Cause du Peuple, tant la pratique que la théorie sont capitales pour les militants et militantes révolutionnaires. La théorie révolutionnaire, la capacité à expliquer le monde qui nous entoure pour agir dessus, est très importante. Pour nos camarades qui travaillent ou étudient, il est important d’être capable d’expliquer clairement, donc de comprendre clairement, le monde qui les entoure.

L’étude ne doit pas être, plus que la pratique révolutionnaire, un acte individuel ; chaque aspect du mouvement révolutionnaire doit être organisé, le plus possible, collectivement. L’étude à travers le journal du Front Uni, l’étude des questions théoriques, doit se faire, autant que possible, en groupe ; la diversité des points de vue, des questions et des échanges autour d’une question, question qui doit être reliée à la pratique quotidienne, enrichit l’étude. Chaque cellule des organisations de Front doit régulièrement se poser la question de l’élevation théorique des membres.

La première question que se pose un communiste, c’est : qui peut faire la révolution ? La réponse c’est : le prolétariat, et particulièrement son cœur, la classe ouvrière. Mais, finalement, qu’est-ce qu’un ouvrier ? Qu’est-ce qu’un prolétaire ?

Pour savoir ce qu’est un ouvrier, et donc un prolétaire, prenons un exemple concret : un centre d’appel. Si l’usine manufacturière est généralement prise en exemple, aujourd’hui, une partie de la classe ouvrière ne travaille plus seulement dans l’industriel, dans les grandes usines ou l’on produit des biens, mais dans d’autres secteurs.

Mr Lejeune est patron d’un centre de téléconseil. Il s’entoure d’une équipe d’administrateurs qui s’occupent de signer des contrats avec des clients. Le premier client, Greenpeace, demande une campagne « d’augmentation des donations ». Le contrat est le suivant : Greenpeace demande que des téléconseils soient affectés à l’appel de donateurs, dans le but de faire augmenter leurs donations. L’objectifs est que 100 donateurs, chaque semaine, augmentent d’au moins 1€ leurs dons mensuels.

L’entreprise de Mr Lejeune, qu’on appellera « PhoneCall », vend ici une marchandise. Cette marchandise, c’est l’augmentation des dons. Ou plutôt, PhoneCall vend le temps nécessaire à des travailleurs d’appeler, d’argumenter et de faire augmenter les donations. Ce que vend PhoneCall, finalement, c’est du temps de travail. Voilà le centre du capitalisme : chaque marchandise n’est pas avant tout un bien ou un service, mais un temps de travail, qui lui donne une valeur. Ce que GreenPeace achète, c’est un temps de travail incorporé dans le service. Bien sûr, le prix offert par GreenPeace à ce service n’est pas l’exact reflet du temps de travail incorporé, de nombreux facteurs jouent ; en particulier l’offre et la demande, qui font osciller le prix autour de la valeur. (Nous y reviendrons plus tard).

Mr Lejeune va donc recruter 10 téléconseillers, qui travaillent 30h par semaine. Ce sont, au final, ces téléconseillers qui vont produire ce que vend le contrat : ce sont eux qui vont réaliser l’action, qui vont, par leur travail, faire exister concrètement une valeur d’usage : ici, un service rendu, qui est acheté par GreenPeace. Ces exécutants produisent une valeur, vendue sur un marché : ce sont donc des ouvriers.

Tous ces gens ont proposé leur CV lorsqu’ils ont vu l’offre d’emploi, parce qu’ils ont besoin d’argent pour vivre. Et cet argent ne tombe pas du ciel : ils doivent le trouver. Or, sur le marché, ils n’ont pas, comme Mr Lejeune, de contrats à vendre. Ils ne peuvent vendre que leur temps, qu’ils donnent à un patron. Mr Lejeune va donc leur proposer un marché : leur temps de travail contre la possibilité de vivre et de revenir au travail semaine après semaine, de reproduire leur capacité à travailler. Ces gens, qui sont obligé de se vendre, de vendre leur capacité de travail, leur force de travail, ce sont les prolétaires. Sur les dix, l’un d’entre eux est un ancien commerçant, un ancien petit bourgeois, qui a plié boutique, mais possède une maison qu’il loue et qui lui rapporte une petite rente, environ 300€ chaque mois, qui lui permet de mettre du « beurre dans les épinards ». Mais l’aspect principal, c’est qu’il doit travailler : il reste malgré tout un prolo.

Revenons à Mr Lejuene. S’il n’a personne pour surveiller : comment s’assurer que les ouvriers ne lambinent pas, ne préfèrent pas discuter entre eux plutôt que d’appeler des prospects ? Il décide de recruter une personne pour surveiller les ouvriers. Cette personne ne participe pas à la production de la marchandise, mais est nécessaire au patron pour être sûr que la marchandise sera bien produite.

Il décide également de mettre deux de ses amis en formation, puis de les faire réfléchir à comment rendre les ouvriers plus productifs, en élaborant des scripts, en testant des méthodes. Ces gens-là, ce sont les ingénieurs (ici, nous les appeleront « chargés de projet », « directeur de production », mais ça reviens au même). Ces gens là non plus ne produisent rien, au final.

Toute la production repose sur les ouvriers, sur les prolétaires recrutés comme exécutants. Ils vont être payés 1000€ pour leur mois de travail, (on parle de 30h par semaine). Le patron a vendu le contrat à GreenPeace pour 30 000€ par mois (GreenPeace espère que les cotisants resteront au moins 6 ans, et que certains donneront plus d’un euro de plus, ce qui est raisonnable, sans compter la pub faite pour l’organisation). La location du lieu, les charges, lui coutent 7000€ par mois. Les travailleurs, entre le salaire brut et les cotisations sociales, quasiment 15 000€ Il lui reste 8000€ qu’il partagera entre lui, son surveillant et ses deux amis. Comme on peut le voir, ingénieurs et cadres ne sont pas payés en produisant, mais grâce au profit, à l’argent tirée du travail des ouvriers mais qui ne leur est pas rendue. Le cadre ne vend pas sa force de travail contre un salaire, mais est dans une position de bourgeois qui exploite les ouvriers, ou plutôt, donc, de petit bourgeois.

A MacDonald’s , dans l’usine, sur le chantier, dans les rues ou circulent livreurs, nettoyeurs, distributeurs de pub et autres, le même schéma se reproduit.

Parfois, celui qui achète la marchandise n’est pas une entreprise, mais un collectif, un organisme (comme la sécurité sociale), ou un Etat. Rien de fondamental ne change.

Voilà donc ce qu’est, simplement, un ouvrier, un prolétaire, un cadre et un bourgeois.

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