Culture : Pwofytasion, Pierre Odin

Le livre de Pierre Odin « Pwofytasion » est un livre qui parle de la lutte anti-coloniale en Guadeloupe. Il s’étend d’abord sur la période post-1967, avec les luttes anti-coloniales liés au mouvement mondial de libération, avec l’influence de Cuba, du Black Panther Party, du Vietnam ou de la Chine. Puis il explique comment, petit à petit, l’influence des groupes « gauchistes » s’effrite, malgré l’augmentation de leur influence qui éclipse petit à petit le PCF.

Tout cela permet d’arriver à l’ancrage syndical, en particulier de la CGT-G/CGT-U et de l’UGTG, puis au déclenchement de la grande grève de 2009, menées respectivement par le LKP et le K5F.
Ecrit par un professeur d’université, le livre est parfois un peu plombant et difficile à lire.

Mais il démontre de nombreuses choses :

D’abord, la nécessité de la direction du Parti Communiste armé du maoïsme pour mener à bien un mouvement révolutionnaire. Si en Martinique le Kollectif 5 Fevrier est mené par les réformistes et les trotskystes de Combat Ouvrier et de la CGTT-M, le LKP (Lyannaj Kont Pwofytasion) est mené par l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe, syndicat indépendantiste très marqué à gauche, dont la vielle garde était proche des maoïstes. Pourtant, lorsque, dans les deux îles, les masses bloquent totalement la production et prennent en main le quotidien, les syndicalistes de tous bords, même « révolutionnaires » ou « indépendantistes » cèdent face à la pression policière. Alors que les masses s’organisent pour défendre les piquets par la violence, les syndicalistes liquident. Sans les trois instruments, Parti, Armée et Front Uni, le peuple n’a rien de tangible !

Ensuite, la nécessité de l’adaptation aux conditions locales. Tant le travail de la CGT (proche des trotskystes de Combat Ouvrier) que celui de l’UGTG (très fort dans de nombreux secteurs, même dans des PME) sont exemplaires à de nombreux points de vue. L’ancrage militant y est très fort, les leaders sont issus des masses populaires et des secteurs où il y a une volonté d’implantation (la banane, les stations-services, les PME du bâtiment ou de la restauration…). Pour l’UGTG, il y a un véritable travail culturel, avec des cours d’écrit en créole, une formation militante très suivie, un travail local avec les associations culturelles et le milieu nationaliste…

Enfin, on voit que ce sont « les masses qui font l’histoire ». En 2009, comme en décembre 2018 en France, aucun militant syndicaliste ne s’attendait à l’irruption populaire, qui a débouché sur une grève générale d’un mois et demi. Lorsqu’un mot d’ordre touche les masses, elles se mettent en mouvement, elles s’organisent et se battent. C’est ce que nous avons vu en métropole et à la Réunion  l’hiver dernier. Même si le jargon est parfois difficile le livre se lit bien et est très intéressant et inspirant

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