Paris : Hommage à Pierre Overney

L’Hommage à Pierre Overney, organisé par la Cause du Peuple et Jeunes Révolutionnaires, a réuni une 50aine de personnes à Paris ce dimanche 23 février 2020. Jeunes, moins jeunes, familles et ami.e.s du journal, sont venus sur la tombe de Pierrot déposer un œillet rouge et chanter des chants comme l’Internationale, les Nouveaux Partisans, l’Appel du Komintern et Bella Ciao. Le média ACTA était présent, nous les remercions.

Nous publions ci-dessous les prises de paroles faites à l’Hommage :

Pour la Cause du Peuple :

Nous sommes le 25 février 1972, à Billancourt. Un vigile de chez Renault, ancien parachutiste tortionnaire de la guerre d’Algérie, tue de sang froid un jeune ouvrier maoïste qui distribuait un tract appelant à manifester en hommage aux morts du métro Charonne, assassinés par la police française car ils défendaient l’Algérie. Le vigile, c’est Jean-Antoine Tramoni. L’ouvrier, c’est Pierre Overney.

« Pierrot » comme on l’appelait, était enfant d’ouvriers agricoles pauvres, et il était venu travailler chez Renault. Militant dans un comité de lutte, il s’était fait licencier. Mais le 25 février, il venait à nouveau chez Renault, à Billancourt, avec des camarades, pour donner des tracts. A cette époque, dans les usines où travaillaient des militants politiques, la direction n’hésitait pas à fouiller les ouvriers pour empêcher les tracts de se propager ! Les mots d’ordre de la Gauche Prolétarienne, comme « Rendons coup pour coup ! » sont pris au sérieux par les petits chefs et les patrons, qui craignent que les ouvriers ne relèvent la tête.

Ce jour-là, avec des camarades, Pierrot distribuait donc des tracts devant la porte Zola de l’usine. Le service d’ordre, les chiens de garde des patrons, les ont pris d’assaut. Alors qu’il n’est pas en danger et que Pierre Overney ne le menace pas, le vigile Tramoni lève son arme et tire sur le jeune ouvrier, en plein cœur. Il le tue de sang-froid, sur le coup.

Le 4 mars 1972, pour ses obsèques, des centaines de milliers de personnes marchent dans les rues de Paris jusqu’au Père Lachaise. Pierrot est tombé : il est tombé pour la Cause du Peuple, pour la cause révolutionnaire en laquelle il croyait, pour toutes celles et ceux de sa classe, le prolétariat, qui luttent. En 1977, 5 ans après la mort de Pierrot, Tramoni, son assassin, sera lui-même tué en vengeance.

Pierre Overney est un symbole pour nous : sa mort en martyr résonne dans la vie quotidienne prolétariat de 2020. Sa mort, c’est celle de tant de victimes des violences de la société capitaliste aujourd’hui : accidents du travail évitables, cadences infernales qui tuent, directions qui poussent au suicide, violences policières, féminicides… Nous n’oublierons pas sa mémoire et son exemple : Pierre Overney nous rappelle toutes les raisons pour lesquelles on lutte, mais aussi ceux contre lesquels on lutte !

Pierre Overney : présent !

Pour les Jeunes Révolutionnaires :

Pierre Overney est tombé en 1972, à 24 ans.

Il faisait partie de cette jeunesse ouvrière révolutionnaire, de cette jeunesse qui avait vu en la Gauche Prolétarienne le plus grand espoir de toutes les organisations de l’Etat français dans l’époque qui a suivi Mai-Juin 68.

Alors nous, jeunes révolutionnaires, nous ne pouvons pas l’ignorer. Pierre Overney n’est pas mort, il est des nôtres, et il vit à travers notre combat.

Quand nos camarades des Jeunes Révolutionnaires sont poursuivis par la justice bourgeoise pour s’être opposés physiquement à des fascistes qui tabassent des SDF et agressent des migrants, nous nous souvenons de Pierre Overney.

Quand nos camarades doivent payer des amendes démesurées pour outrage à des flics alors que des vidéos montrent les agressions violentes et répétées de la police à leur encontre, nous nous souvenons de Pierre Overney.

Quand des jeunes qui se sont révoltés sont mis en prison et traités de bons à rien par l’Etat simplement parce qu’ils ont compris qu’on a raison de se révolter contre cette société capitaliste et ses chiens de garde patronaux, gouvernementaux et policiers, nous nous souvenons de Pierre Overney.

Quand les petits chefs insultent et humilient nos camarades au travail ou au chômage, les licencient ou refusent leurs CVs, et pensent ainsi nous briser, nous nous souvenons de Pierre Overney.

Quand des jeunes sont violés ou tués par la police française parce qu’ils ne se sont pas conformés à un contrôle d’identité raciste, nous nous souvenons de Pierre Overney.

Quand nous nous souvenons de Pierre Overney, nous ne regardons pas en arrière : nous prenons son exemple de courage et de détermination à l’action, lui qui, après avoir été viré et malgré les risques d’affrontements, est allé distribuer des tracts devant l’usine Renault.

Honorons les martyrs ! Gilles Tautin, Pierre Overney, Camarade Pierre !

Pour le Parti Communiste maoïste :

Le 25 février 1972, Pierre Overney, ouvrier maoïste et militant de la Gauche Prolétarienne, était abattu aux portes de l’usine Renault Billancourt par Jean-Antoine Tramoni, un milicien patronal armé d’un revolver. Il distribuait un tract pour une manifestation antifasciste, au moment même où les crimes racistes étaient au plus haut, au métro Charonne en souvenir de la manifestation réprimée dans le sang par la police 10 ans plus tôt.

Ses funérailles rassemblèrent des centaines de milliers de personnes. La Cause du Peuple titrait alors « Halte au Fascisme » en dénonçant en même temps les assassinats de travailleurs arabes. Comme pour les hommages des années précédentes, cela nous rappelle l’actualité :

– Les flics tuent toujours impunément dans les quartiers populaires

– Les milices fascistes s’en prennent aux migrants qui fuient les pays que les impérialistes, notamment l’impérialisme français, ont mis à feu et à sang.

– Les travailleurs en grève sont réquisitionnés chez eux à 4h du matin pour être mis au travail de force

– Les Gilets Jaunes et les militants ouvriers sont arrêtés arbitrairement et condamnés en masse à de la prison ferme.

Alors que nous arrivons au bout de presque trois mois de grève générale dans l’Etat français contre une énième attaque contre la classe ouvrière, que les images de la fureur prolétarienne des gilets jaunes qui ont tant effrayées les bourgeois et les opportunistes sont encore dans toutes les têtes, et qu’il y’a à peine une semaine à Marseille un jeune homme, Mehdi, a été assassiné par les flics, il est évident que la cause pour laquelle se battait Pierre Overney est encore vivante, et que ceux qui l’ont tué sont encore là.

Si nous commémorons sa mémoire aujourd’hui, 48 ans après, nous ne le faisons pas par nostalgie ou folklore, mais pour le combat qui était le sien, pour en tirer des leçons, une inspiration et du courage. Ce courage, nous le communiquons par notre pratique, dans les luttes que nous menons, lorsque nous affirmons avant toute chose qu’il est l’heure de relever la tête et rendre coup pour coup aux attaques contre la classe ouvrière.

Rendre coup pour coup comme les militants communistes de la Gauche Prolétarienne qui ont refusé la trahison et dont la lutte nous sert encore d’exemple aujourd’hui

Rendre coup pour coup, comme les militants des NAPAP qui avaient pris l’initiative de venger Overney en abattant le chien de garde Tramoni d’un coup de fusil après que la justice bourgeoise l’ait libéré au bout de seulement quelques mois de prison.

Rendre coup pour coup comme les communistes d’Inde, de Turquie, de Manipur, du Pérou et des Philippines qui ont mené et mènent aujourd’hui les masses dans des guerres populaires contre leurs Etats réactionnaires.

Rendre coup pour coup comme ceux qui se sont soulevés en 2005 contre un Etat raciste qui les assassinait, comme les Gilets Jaunes, comme les ouvriers en grève et comme tous les camarades sous la répression.

Mais Pierre Overney n’est pas mort.

Pierre Overney est tombé pour la cause du Peuple, mais il est Immortel car sa cause est aussi notre cause, car le Drapeau rouge que Pierre Overney a laissé à terre, d’autres l’ont repris. Nous le reprenons aujourd’hui et d’autres le reprendront après nous. Peu importe à quel point il fût déchiré, insulté par nos ennemis et piétiné par les traîtres, il flottera toujours à l’avant-garde des luttes du prolétariat jusqu’à sa victoire totale.

Les Martyrs sont Immortels !

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