Épidémie de Covid-19 en Chine : la vérité derrière le masque

Traduction d’un article de Redspark

Du fait de la grande répression, il est souvent impossible de connaître les opinions et perspectives de camarades MLM (marxiste-léniniste-maoïste) chinois. Mais aujourd’hui, nous avons la chance de publier l’article suivant qui nous a été envoyé par un ancien militant MLM sur la situation de l’épidémie de Covid-19 en Chine.

Un spèctre hante le Monde – Le spectre du Covid-19.

Il ne connaît pas de frontières raciales et nationale, il infecte la population chinoise, y compris ceux qui se croient invincibles. Il ignore l’arrogance et la hiérarchie humaine existant dans la société.

On ignore toujours comment ce virus est sorti de la boîte de Pandore. La science et la politique, les victimes et bouc émissaires, sont touts enchevêtrés maintenant.

Le virus est l’ennemi commun de l’expèce humaine, les humains vaincront ce virus, ensemble. Ce virus, aveugle aux notions de classe et de race, pourtant, a dévoilé tant de contradictions de notre société de classe. L’arrogance et les préjugés du public, ainsi que l’ignorance et la myopie de la classe dirigeante sont désormais tous apparents.

1 – Les politiciens, le virus et le peuple

Le nom « corona » vient de la forme en couronne du virus. En chinois, ce caractère de couronne et le mot bureaucrate se prononcent de la même façon (guan), donc le peuple l’appelle aussi le « virus bureaucrate ». Le nom du virus réfère à sa forme, mais son nom alternatif touche à la substance même de la chose.

Le virus a débord touché la ville de Wuhan, en Chine. L’OMS a nommé le virus Covid-19 (Coronavirus Disease 2019) car il a été découvert en 2019. D’abord confondu avec le SRAS, le virus est devenu public le 30 décembre 2019, juste avant le nouvel an.

Ce jour là, Ai Fen, une médecin de l’hôpital central de Wuhan a recu un rapport de test à propos d’une forme inconnue de pneumonie. Elle a vu le mot « SRAS » écrit dessus, et du fait de la grande vigilande à propos du SRAS de la part des chinois, et particulièrement des médecins chinois, elle a pris une photo du rapport et l’a envoyée à ses collègues via l’application WeChat. Le rapport a rapidement circulé cette nuit là au sein de la communauté médicale de Wuhan. Les individus publiant des informations à ce propos, y compris huit médecins, ont en suite été réprimandés par la police pour avoir « propagé des rumeurs ».

En fait, quatre jours avant ça, le 27 décembre, le docteur Zhang Jixian de l’hôpital intégré de médecine traditionnelle et occidentale avait déjà déposé un rapport sur quatre cas suspects au centre de prévention et de contrôle des maladies de Wuhan. Le 29 décembre, le département de santé de la ville de Wuhan et de la province du Hubei ont commencé une enquête épidémiologique.

Les médecins sont les gardes de la santé, presque comme des sentinelles. Ils découvrent souvent les ennemis en premier. Alors que le Dr Zhang Jixian a par la suite reçu une reconnaissance officielle pour son travail, les huit autres médecins, ou «dénonciateurs» comme beaucoup les appellent, ont été punis pour avoir rendu publiques ces informations. Le Dr Li Wenliang, en particulier, a été réprimandé à plusieurs reprises par les autorités sanitaires de Wuhan et la direction de l’hôpital. Il lui a été demandé de réfléchir à son «erreur» et rédiger un essai autocritique. Malheureusement, il est décédé plus tard, à l’âge de 34 ans, du virus dont le gouvernement voulait qu’il nie l’existence. Il a été le premier à être réprimandé et la première sentinelle à mourir pendant la guerre. Pourquoi le Dr Zhang et le Dr Li ont-ils eu des expériences si différentes ?

Les sentinelles ne sont pas des commandants. Que ce soit pour sonner l’alarme et mettre en œuvre la mobilisation de la société, ils doivent respecter un ensemble de règles et de coutumes données. Grâce aux médias sociaux, cependant, les informations peuvent circuler facilement en dehors du système officiel de santé publique. Si les informations s’avèrent dommageables et erronées, elles pourraient bientôt devenir une rumeur répandue, provoquant une panique sociale dans une société moins transparente comme la Chine. Cela ne serait toléré sous aucun régime.

De ce point de vue, la réprimande des huit médecins n’était pas déraisonnable. Une telle manipulation n’est pas nécessairement une violation de la liberté d’expression. Le gouvernement, tout en corrigeant un petit problème, a cependant commis une plus grosse erreur – ou plutôt un crime grave !

Le 30 décembre 2019, les huit médecins ont publié les informations pour la première fois. Le lendemain, le département de la santé de Wuhan a publié un rapport sur la pneumonie, réfutant les allégations de «transmission d’humain à humain» et de «personnel médical infecté» et les huit médecins ont été réprimandés. Le 2 janvier 2020, l’agence de presse Xinhua et la télévision centrale chinoise, entre autres médias grand public, ont toutes publié la nouvelle des «huit marchands de rumeurs punis légalement», disant de facto à la société que tout était sûr et normal.

Au cours du processus, les politiciens et les bureaucrates ont lancé toutes sortes de farces et causé des drames. Pour n’en nommer que quelques-uns : limiter l’utilisation des masques faciaux et des équipements de protection parmi les travailleurs médicaux et laisser un grand rassemblement avoir lieu à Wuhan. Les gouvernements locaux ont même organisé des évènements de nouvel an sous prétexte de calmer les gens. Il semblait presque que ces politiciens ne se souciaient pas de leurs positions et s’intéressaient vraiment à la vie quotidienne des gens. Cela s’est poursuivi jusqu’au 20 janvier 2020, lorsque Zhong Nanshan, un chef de l’équipe d’experts du département national de la santé, a confirmé publiquement des incidents de transmission interhumaine. C’était trois semaines après le premier avis alors qu’il y avait déjà une propagation communautaire extrême. À peine trois jours plus tard, le 23 janvier 2020, la ville de Wuhan a été mise en quarantaine.

C’est pourquoi les gens en Chine disent « huit personnes ont été enfermées, puis toute la Chine a été enfermée ». À un niveau superficiel, la logique est qu’un manque de liberté d’expression a provoqué une telle catastrophe. Mais ce n’est pas le vrai problème. Ce mensonge, cette dissimulation et cette diffusion de fausses nouvelles sont également monnaie courante en Occident avec plus de liberté d’expression. Par exemple, le président des États-Unis peut dire des bêtises assez librement, sans atténuer les souffrances du peuple.

Qui est notre ami et qui est notre ennemi ? Normalement, c’est assez clair quand on parle du gouvernement, des travailleurs et d’un virus mortel. Malheureusement, lors de la pandémie, de nombreuses personnes ont confondu les problèmes de virus et ceux du gouvernement.

Pendant l’ère maoïste, la Chine a connu de nombreuses expériences réussies dans la lutte contre les maladies et les problèmes de santé publique tels que la schistosomiase (fièvre des escargots) et le paludisme. Cela a été possible grâce à une action hautement coordonnée du parti communiste, des scientifiques et du peuple. Il s’agit d’un héritage important préservé en Chine.

En 2003, la Chine a connu une grave épidémie de SRAS, qui a laissé une des traces au sein du peuple chinois et lui a fait prendre ce type de virus au sérieux.

Après 2003, la Chine a dépensé plus de 100 millions de dollars pour construire le plus grand système mondial de notification des maladies infectieuses et de la santé publique. Le système peut transmettre des informations de santé publique au gouvernement central en moins de deux heures, fournissant la base pour une prise de décision rapide basée sur des preuves. Ironiquement, un expert chinois du centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) a affirmé avec confiance en 2019 que la Chine ne répéterait pas la tragédie du SRAS.

La Chine a donc un solide héritage de santé publique, un support de masse pour contenir le virus, ainsi qu’un système d’information avancé. Pourtant, nous sommes encore ici. Déterminer qui est en faute devrait être assez simple.

2 – Le virus et la liberté

Tout le monde aspire à la liberté et personne n’y renonce facilement. C’est la même chose pour ceux du monde « libre » et du monde « non libre ». Même les virus ont besoin de la libre circulation des hôtes pour se propager et muter. Mais qu’est-ce que la liberté de toute façon ?

Le virus, comme un « combattant de la liberté » de la nature, se venge des gens et les prive de leur vie et de leur liberté. Nous devons le combattre, et nous devons également réfléchir et nous critiquer.

Dans ce monde capitaliste, la liberté du capital est la priorité. Transactions financières, commerce mondial, concurrence sur les marchés – rien de tout cela n’est dispensable et aucun ne s’arrêtera. L’accumulation de capital a garanti la liberté de l’extraction sans fin du pétrole, du charbon et des minéraux, la pollution de l’eau et la déforestation, l’empoisonnement de l’air et l’abattage des animaux, ainsi que la modification génétique. Pour satisfaire leur appétit, les consommateurs mangent n’importe quoi, que ce soit la civette, le pangolin ou la chauve-souris.

Sur cette liberté sans entrave, la nature prend sa revanche. Les ouragans fréquents, les invasions acridiennes, les sécheresses, les incendies, les inondations, le smog et les maladies infectieuses (H1N1, MERS, Ebola entre autres) – sont-ils simplement « naturels » ?

Les dommages à l’ordre économique mondial sont évidents lorsque l’on examine la production et la circulation d’équipements de protection individuelle (EPI) pendant la pandémie en cours. Les EPI sont des armes indispensables pour lutter contre le virus. Il semble que le virus se moque de la mondialisation néolibérale.

Sans aucun doute, selon les capitalistes, le profit passe avant la vie des travailleurs. Les capitalistes sont extrêmement réticents à ralentir, encore moins à s’arrêter complètement. La mise en quarantaine du travail et la séparation des moyens de production et de la force de travail signifie essentiellement l’arrêt de l’accumulation de capital. Cela ne forcerait-il pas les capitalistes à penser désespérément au suicide ?

Après tout, c’est là la vraie raison derrière la dissimulation et l’hésitation dans la politique qui a finalement conduit à l’éclosion incontrôlée. Un tel dilemme est le même pour les démocraties libérales que les autres pays.

L’épidémie en Chine s’est produite près du festival du printemps (nouvel an chinois ou lunaire), qui est une semaine de vacances normale chaque année. Cela a permis d’éviter le dilemme dans la prise de décision. La Chine a également profité de la révélation précoce d’erreurs, de la profonde compréhension du SRAS parmi les décideurs politiques et d’une attitude modeste à l’égard des suggestions d’experts scientifiques, et surtout, de la décision opportune de la direction centrale de verrouiller Wuhan et l’ensemble du pays. Pendant ce temps, Zhong Nanshan (un pneumologue très respecté avec une histoire d’expérience avec le SRAS) a acquis une réputation divine à la fois parmi les dirigeants et le peuple.

Pendant la pandémie, une image s’est répandue sur les réseaux sociaux en Chine, avec Karl Marx et une fausse citation: « Lorsque surviennent des pandémies, le capitalisme montre ses nombreux problèmes; la pandémie est le glas du capitalisme, car le socialisme remplace inévitablement le capitalisme. »

C’est évidemment une logique vaudou. La révolution prolétarienne sonnera le glas du capitalisme, pas une pandémie. Marx ne ferait jamais un argument aussi peu scientifique. Mais la vue d’ensemble en Chine reflète certaines opinions sociales. On dit que la pandémie a radicalement remodelé la politique des jeunes : plus de déception envers le capitalisme, plus de respect pour le socialisme.

Après tout, la nature peut continuellement produire des virus et d’autres catastrophes naturelles tant que les êtres humains ne repensent pas le vrai sens de « liberté », n’éliminent pas le capital et ne résolvent pas fondamentalement la contradiction homme-nature. Le résultat final, comme Rosa Luxemburg l’a souligné il y a 100 ans, est soit le socialisme, soit la barbarie.

L’Est et l’Ouest

Depuis le début de l’épidémie à l’Est, les politiciens occidentaux ont qualifié le virus de « virus asiatiques ». De même, les gens de l’Est ont riposté avec d’autres théories du complot. Les commentaires racistes et les théories du complot se sont rapidement multipliés dans le monde entier, et même différents modes de vie et d’alimentation ont été chargés d’étiquettes de virus.

Par exemple, les Chinois du Sud aiment manger des animaux sauvages, et comme le virus a effectivement éclaté dans le Sud (Wuhan), les Occidentaux étaient ainsi convaincus que le style alimentaire des Chinois produisait le virus (qui infecte uniquement les Chinois). Ainsi, ils ont ignoré le potentiel de propagation communautaire dans leur propre pays. Une contre-rumeur des Chinois est que le virus provient d’un laboratoire de biochimie américain. Ainsi, ils peuvent continuer à manger des animaux sauvages.

De plus, au début, les Occidentaux ont discriminé et même méprisé les Asiatiques portant des masques. Ceci était basé sur l’idée fausse que seules les personnes malades utilisent des masques et que les personnes «malades» masquées en public mettent les autres en danger. Dans d’autres parties du monde, ce tabou n’existe pas. Les Japonais portent des masques pour prévenir le rhume des foins, et les Chinois portent des masques lorsque la qualité de l’air se détériore. En fait, la pandémie a été si grave que même les occidentaux ont commencé à acheter des masques, quelles que soient les recommandations officielles. La pénurie de masques s’est rapidement étendue au désinfectant et au papier toilette. Il semble que la «culture» de ne pas porter de masque puisse rapidement changer dans des conditions mettant la vie en danger.

Autre exemple, les politiques de verrouillage en Chine ont été initialement critiquées dans les médias occidentaux. Ils condamnaient le gouvernement chinois comme étant « inhumain » d’une part, et méprisaient le peuple chinois « obéissant et sans libre arbitre » de l’autre. En fait, cela n’a pas été le cas, du moins au cours des derniers mois. Le peuple chinois a apporté son soutien et sa coopération sans réserve aux politiques coercitives, principalement en raison du souvenir de la douleur ressentie lors de la crise du SRAS de 2003. La bureaucratie chinoise a eu une réponse atone au début, mais après des changements rapides de personnel, les bureaucrates ont été mis en alerte et tout le système s’est très bien déroulé.

Le gouvernement dispose de ressources publiques comme de l’argent et des fournitures, les travailleurs médicaux ont leur expertise et les gens apportent un soutien solide à la communauté. Les trois aspects réunis, en tant qu’équipe de combat efficace, sont capables de gagner la bataille.

Jusqu’à présent, la campagne de santé publique a été efficace et le grand public a été satisfait. Le Parti et le gouvernement ont perdu des points dans un premier temps, mais ils l’ont rattrapé plus tard. Cela ne signifie cependant pas que le peuple a changé son point de vue global et qu’il sera courtois et fidèle au gouvernement.

Le secrétaire du Parti dans la ville de Wuhan a fait un plan d’éducation « merci » audacieux, voulant que les habitants de Wuhan remercient le Parti et les dirigeants. Les gens ont tellement détesté le plan que les fonctionnaires n’en parlent plus.

Selon l’évaluation de l’Université Johns Hopkins avant la pandémie, les États-Unis avaient la meilleure capacité à faire face à une épidémie, tandis que la Chine se classait 54e. Les experts chinois soulignent également que les États-Unis ont une bien meilleure expertise médicale que la Chine.

Comme on peut l’imaginer, dans un pays avec 1,4 milliard d’habitants et un niveau de soins médicaux relativement bas comme la Chine, une épidémie non atténuée comme celle qui se produit actuellement en Occident aurait eu des conséquences désastreuses. Le peuple chinois ressent déjà un certain soulagement.

Il y a trois choses à souligner lors de la lutte contre le virus :

1 – L’ensemble du système médical national soutenait Wuhan et les hôpitaux publics jouaient un rôle dominant. La privatisation des hôpitaux en Chine a été massive. En 2017, seulement 36% des hôpitaux étaient encore propriété publique, et à Wuhan, ce ratio était encore plus bas à 23%. Wuhan, une ville de 10 millions d’habitants, compte 98 hôpitaux publics et 258 hôpitaux privés. Pendant la pandémie, les hôpitaux privés n’étaient pas qualifiés pour recevoir des patients ou ont choisi de fermer leurs portes. Sans le soutien national, les hôpitaux publics de Wuhan n’auraient pas pu gérer la situation.

2 – Tests et traitements gratuits tout au long du processus. Cette politique garantit que toute personne qui devrait être hospitalisée sera hospitalisée, et toute personne qui devrait être traitée sera traitée.

3 – Enfin, parlons brièvement du rôle de la médecine traditionnelle chinoise et occidentale. La collaboration entre la médecine traditionnelle chinoise et occidentale s’est avérée utile. En raison du souci des profits et du statut de monopole de la médecine occidentale, la médecine traditionnelle a été gravement marginalisée en Chine. La médecine chinoise a pu jouer un rôle dans cette pandémie en raison du manque de médicaments et d’équipements occidentaux.
Il y a quelques jours, Tong Xiaolin, boursier de l’Académie chinoise des sciences et chercheur en chef à l’Académie de médecine chinoise, a publié quelques résultats. Ils montrent que la médecine traditionnelle a des effets positifs sur les patients présentant à la fois des symptômes légers et sévères ainsi que sur ceux récupérés. La médecine traditionnelle chinoise est efficace tout au long du traitement et apporte une contribution unique à l’effort mondial de lutte contre le virus.

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