Le « sang bon marché » des Baloutches : un génocide méconnu continue

Le 13 août, un jour avant la célébration de l’indépendance du Pakistan, dans la ville de Turbat au Baloutchistan (province du sud-ouest du Pakistan), les forces paramilitaires du Frontier Corps (FC) ont tiré sur un jeune baloutche sous les yeux de ses parents âgés. Ce meurtre brutal s’est produit lorsqu’un convoi de deux véhicules des paramilitaires a été visé par un engin explosif improvisé (EEI) dans la région baloutche de Kech. Les forces ont alors lancé une opération de recherche dans les environs immédiats. Le personnel du FC a arrêté un jeune baloutche du verger de dattes voisin, nommé Hayat Baloch, 25 ans, qui se trouvait là avec ses parents.

Selon ses parents, lorsqu’il a été attrapé, ses mains étaient attachées avec le foulard de sa mère, il a été battu et puis traîné de la ferme à la route principale malgré le fait que les pauvres parents de Hayat Baloch aient plaidé la vie de leur fils auprès des soldats du FC en demandant de vérifier sa carte d’identité pour voir qu’il n’est qu’un étudiant en physiologie à l’université de Karachi en vacances chez sa famille. Au lieu de prendre le temps de vérifier son identité ou de poser quelques questions essentielles, les soldats ont tiré huit balles dans le corps d’Hayat Baloch devant ses parents et de nombreux autres témoins. « Mon fils était en vie jusqu’à la septième balle puis la huitième l’a frappé à la tête et il est mort sous mes yeux », raconte sa mère.

Ce meurtre flagrant et brutal a été décrit plus tard comme « le malheureux accident » par les autorités pakistanaises. La police a même indiqué dans le premier rapport d’information qu’il avait été tué par « un inconnu » malgré le témoignage clair de la famille d’Hayat Baloch que c’était le FC qui l’a tué. Le meurtre brutal de ce jeune a suscité une protestation de masse partout au Baloutchistan et sur les réseaux sociaux. Des manifestations ont suivi dans la ville natale de Hayat Baloch et dans toutes les grandes villes de la province et à Karachi, la plus grande ville du Pakistan. Les manifestants demandent aux autorités de rendre justice à la famille de Hayat Baloch en arrêtant et en inculpant les coupables. Pendant ce temps, sur les sites de réseaux sociaux, les hashtags comme #JusticeForHayatBaloch, #StopBalochGenocide et #BalochLivesMatter sont en trending.

Comme d’habitude, les médias pakistanais ont complètement censuré toute cette histoire barbare. Seule la BBC Urdu l’a rapidement couvert. Les chaînes et les organes d’information pakistanais ne sont pas autorisés à diffuser des informations sur le Baloutchistan qui s’écartent du récit de l’État ou l’armée pakistanaise ou qui le contredisent.

Le Baloutchistan est officiellement sous un régime civil élu, mais en réalité, il est sélectionné par le régime militaire national, qui installe effectivement un gouvernement fantoche. Les membres élus du gouvernement sont essentiellement sélectionnés et leur loyauté est achetée par l’armée pakistanaise. En retour, les membres du gouvernement sont autorisés à faire toutes sortes de corruption. L’objectif c’est d’avoir les mains libres pour faire n’importe quoi dans la région, y compris les violations flagrantes des droits de l’homme au Baloutchistan, telles que les enlèvements, la torture, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires des Baloutches. Le Baloutchistan est la victime d’un horrible terrorisme par l’État pakistanais qui commet toutes sortes de violence révoltante, démontré par la découverte des fosses communes au Baloutchistan en 2014. Le Pakistan a envahi et annexé le Baloutchistan en 1948, neuf mois après son indépendance en 1947. Depuis l’annexion, Le Pakistan traite la région comme sa colonie en pillant ses ressources naturelles. Le peuple baloutche n’a jamais accepté le régime pakistanais en révoltant cinq fois contre l’État depuis. La vague de révolte actuelle qui a commencé en 2003 est la plus longue et intense.

Malgré le génocide en cours, la situation du Baloutchistan ne reçoit presque aucune attention dans les médias bourgeois, sauf peut-être quand la guérilla baloutche réalise un attentat majeur. Les faits sur le Baloutchistan sont censurés dans les médias nationaux. Les journalistes étrangers ne sont même pas permis d’entrer le Baloutchistan. Le Pakistan à bien réussit à bloquer le flux d’informations sur la répression violente d’un peuple entier. Même si les journalistes avaient la liberté d’enquêter et de faire rapport sur la situation, l’histoire resterait dans l’ombre. Sous l’impérialisme, la répression contre les peuples opprimés, les prolétaires et les paysans est seulement systématiquement signalée dans l’actualité quand cela sert l’agenda impérialiste pour déstabiliser un ennemi. On entend toujours parler des violences au Venezuela ou en Biélorussie, mais jamais des violences beaucoup plus agressives au Brésil ou au Baloutchistan.

De plus, le Pakistan exploite sa servitude au pays plus puissant pour se protéger. Le Pakistan se trouve sur la liste grise du GAFI (Groupe d’action financière), qui sert à mettre un frein au blanchiment de capitaux et au financement des organisations terroristes. Si ce n’était pas pour la Chine et la Turquie, ses deux meilleures amies, il se trouverait déjà sur la liste noire du GAFI. La Chine et la Turquie elle-même sont des pays qui n’ont aucun souci avec l’oppression des peuples opprimés, notamment par rapport aux génocides des Kurdes par la Turquie ou des Uighurs par la Chine. Cependant, les autres membres du GAFI doivent faire face au génocide contre le peuple Baloutche et les autres minorités du Pakistan et le financement et la protection des terroristes reconnus par l’ONU tels que Hafiz Saeed ou Maulana Masood Azhar et leurs organisations derrières les attaques à Bombay en 2008, tels que le Lashkar-e-Tayyaba. Il serait temps de mettre de la pression contre le terrorisme d’État du Pakistan et à son soutien du terrorisme en le mettant sur la liste noire du GAFI et lui imposer des sanctions strictes pour passer un message d’espoir au peuple baloutche disant « votre sang n’est pas bon marché », mais tant que telles sanctions ne servent pas l’intérêt d’une puissance impérialiste, elles ne se réaliseront pas. Avec l’intensification de la lutte interimpérialiste et l’approche de la troisième guerre mondiale dans cette nouvelle période de dépression économique, nous entamons une phase de guerre par procuration de style hybride dans lequel l’exploitation de l’information dans les médias est transformée dans une arme indispensable. Tant que les nouvelles du génocide des Baloutches ne sert pas comme une arme impérialiste, les noms des dizaines de milliers de Baloutches assassinés tels qu’Hayat Baloch ne seront pas entendus dans les médias bourgeoises au service de l’impérialisme.

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