En Centrafrique, impérialistes français et russes s’opposent par réseaux sociaux interposés

Le 15 décembre, en pleine campagne électorale en Centrafrique, Facebook a annoncé avoir fermé plusieurs centaines de faux comptes, pages et groupes pilotés depuis la France et la Russie. Selon Facebook, certains de ces comptes, principalement actifs en Centrafrique, seraient liés à l’armée française et diffuseraient de la propagande favorable à cette dernière. Cet événement, qui n’a rien d’étonnant mais qui n’est pas pour autant anodin, illustre la manière dont les puissances impérialistes se livrent une bataille féroce pour le contrôle des pays dominés et n’hésitent pas à utiliser les pires méthodes de manipulation à cette fin.

Depuis quelques années, la République Centrafricaine, ancienne colonie française, est le théâtre d’un affrontement entre deux grandes puissances impérialistes : l’État français et l’État russe. Entre 2013 et 2016, l’État français a mené une opération militaire impérialiste en Centrafrique, officiellement dans le but de mettre fin aux violences interethniques secouant le pays, officieusement pour contrecarrer les plans impérialistes russes dans la région, et, par la même occasion, renforcer la présence militaire française sur le continent africain.

En effet, si la Centrafrique fait traditionnellement partie du « pré-carré français » en Afrique, l’impérialisme français, en crise depuis plusieurs années, se voit désormais concurrencé jusque sur le territoire de ses anciennes colonies, et notamment en Centrafrique. Ainsi, en Centrafrique, c’est la Russie qui joue de toute sa puissance diplomatique pour accroître son influence dans le pays. Nous avons notamment pu constater cela le 15 octobre dernier lorsque, en plein cœur de la capitale centrafricaine, des chars russes, gracieusement offerts à l’État centrafricain, ont défilé ornés de drapeaux de la fédération de Russie. Bien-sûr, la Russie n’offre pas ces chars par générosité. En effet, par cet acte, l’impérialisme russe cherche à se mettre dans la poche le gouvernement centrafricain, et cela fonctionne plutôt bien puisqu’une coopération militaire entre la Russie et la Centrafrique se met en place au sein même du ministère de la défense centrafricaine, et, surtout, la porte des ressources minières centrafricaines est désormais ouverte aux entreprises russes qui, sur ce terrain comme sur les autres, viennent concurrencer les monopoles français.

Dans ce contexte de tensions entre impérialistes, chaque camp se prépare à la guerre. Pendant que l’État français augmente son budget militaire dédié à la Centrafrique et envoie près de 300 soldats dans le pays, l’État russe, lui, s’appuie sur le groupe paramilitaire privé Wagner pour former les forces centrafricaines et assurer la sécurité des sites miniers du pays.

La suppression par Facebook de faux comptes faisant pour certains de la propagande pro-russe et pour d’autres de la propagande pro-française n’est ainsi que le dernier épisode en date de la confrontation indirecte entre les impérialistes russes et français en Centrafrique. Cette confrontation, dans le cadre de laquelle chaque camp se prépare à l’affrontement armé, illustre parfaitement la manière dont le pourrissement de l’impérialisme pousse à la guerre. En effet, comme l’analysait Lénine dans son ouvrage « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », les conflits entre puissances impérialistes sont inévitables : chaque État impérialiste soutient ses propres grands monopoles capitalistes, et ces monopoles se retrouvent en concurrence pour l’exploitation des matières premières, pour l’exploitation de la main d’oeuvre et pour le contrôle de l’économie des pays dominés. Ainsi, derrière ces tensions entre les États français et russes, ce sont bien les intérêts des grandes entreprises de ces deux États qui sont en jeu, car l’impérialisme sert avant tout aux grandes entreprises à accumuler toujours plus de capital.

Alors, l’impérialisme français, qui voit ses parts de marché s’effondrer à l’international et qui connaît ainsi une importante crise, n’a pas d’autre choix que de se montrer de plus en plus agressif. Il est ce que Lénine appelait « le chien maigre de l’impérialisme » : contraint d’aboyer et de mordre pour protéger le contenu de sa gamelle.

Face à cette situation, nous, les révolutionnaires, devons analyser et dénoncer les plans de l’impérialisme, nous ne devons pas prendre parti pour une puissance impérialiste face à une autre mais au contraire soutenir les luttes du peuple centrafricain qui cherche à se débarrasser tant de l’impérialisme russe que de l’impérialisme français.

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