Au Maroc, les ouvrières du textile meurent pour le compte des entreprises impérialistes

Ce lundi 8 février, à Tanger, au Maroc, 28 personnes, principalement des femmes, ont trouvé la mort dans l’inondation d’un atelier textile clandestin. Il ne s’agit pas d’un accident tragique mais bien d’une catastrophe industrielle qui est la conséquence directe de la manière dont les grandes entreprises du secteur textile organisent la production de vêtements.

Au Maroc, l’industrie textile est un secteur d’activité très important, puisque 27% des emplois industriels sont concentrés dans ce secteur. Les grandes entreprises de fast fashion, comme H&M ou Zara, délocalisent massivement leur production dans le pays car les salaires y sont bas et les normes sociales et environnementales peu contraignantes. Pire encore, le secteur informel y est très important puisqu’il représente un tiers du PIB du Maroc. Les ateliers clandestins de textile, qui sont bien souvent des sous-traitants de sous-traitants de grandes entreprises, sont donc très nombreux au Maroc. Dans ces ateliers, des milliers de femmes travaillent dans des conditions difficiles et pour un salaire de misère, et le système de sous-traitance permet aux grandes entreprises de se déresponsabiliser en cas de drame. En effet, lorsqu’un accident survient, il suffit d’accuser le sous-traitant, voire le sous-traitant du sous-traitant, pour se dédouaner.

La bourgeoisie compradore marocaine (c’est à dire la frange de la bourgeoisie qui collabore avec les puissances impérialistes) se satisfait très bien de cette situation, et le drame de Tanger en est malheureusement une parfaite illustration : l’atelier textile clandestin se situait au sous-sol du domicile personnel de son propriétaire, dans un quartier riche de la ville, et le jour de l’inondation, les ouvrières travaillaient déjà depuis six heures du matin. Si le propriétaire affirme que son installation était légale, cela est totalement faux, car elle était située dans une zone inondable, à proximité immédiate d’une rivière. Il faisait donc travailler en toute connaissance de cause des ouvrières dans un sous-sol inondable.

Cela nous montre que pour la bourgeoisie, la vie des ouvriers n’a pas de valeur, car tout ce qui compte c’est le profit, c’est accumuler encore et toujours plus de capital, peu importe les conséquences sur les travailleurs ou sur l’environnement. Dans le secteur textile, ce sont principalement des femmes qui subissent cette exploitation ultra violente, qui travaillent dans de terribles conditions, qui inhalent au quotidien des produits cancérigènes, tout ça pour des salaires de misère et qui, bien trop souvent, meurent dans des accidents du travail. Tout cela s’apparente à de l’esclavage : ces femmes gagnent à peine de quoi manger et reproduire leur force de travail, elles ne bénéficient d’aucune protection sociale et sont totalement soumises à leurs employeurs.

Bien-sûr, derrière la bourgeoisie compradore marocaine se trouve la bourgeoisie impérialiste, les grandes multinationales du secteur de la mode que sont des entreprises comme H&M, Zara, Nike, Adidas etc. Ce sont ces entreprises qui, finalement, bénéficient le plus de l’exploitation ultra violente des ouvrières du textile partout dans le monde, et les précédents accidents industriels du secteur nous l’ont prouvé : que ce soit lors de l’incendie de la manufacture Tazreen qui avait coûté la vie à 117 personnes au Bangladesh en 2012 ou lors de l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, qui avait causé 1138 morts au Bangladesh également en 2013, les victimes travaillaient à chaque fois pour des sous-traitants qui vendent des vêtements aux multinationales de la fast fashion.

Ces drames, ces faibles salaires, ces mauvaises conditions de travail, cette destruction de l’environnement de la part des multinationales de l’industrie textile, tout cela n’est pas une fatalité, car tout cela découle du système capitaliste. Les travailleuses du textile ne se laissent pas faire, et ces dernières années, nous avons pu observer de grands mouvements de lutte, au Bangladesh principalement. Ainsi, en 2013, quelques semaines après l’effondrement du Rana Plaza à Dacca, capitale du Bangladesh, des centaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières avaient manifesté, attaqué des usines et affronté la police pour exprimer leur colère suite à la mort de leurs proches ou collègues. En 2019 également des milliers d’ouvriers et ouvrières du textile avaient mené de grandes grèves un peu partout au Bangladesh pour revendiquer des augmentations de salaires. En Inde, au Bangladesh, au Maroc, en Éthiopie et dans tous les autres pays qui deviennent les ateliers textiles des puissances impérialistes, les ouvrières du textile seront dans les années à venir à l’avant garde des luttes révolutionnaires, car là où il y a oppression, il y a résistance.

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