Le mythe de l’énergie «renouvelable» : une source de futures guerres et de catastrophes écologiques

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L’été 2021 a été marqué par de nombreux records de phénomènes météorologiques extrêmes. Aux États-Unis et au Canada, il y a eu une canicule entre la fin juin et la mi-juillet qui a généré la température la plus élevée jamais enregistrée au Canada : 49,6 °C. Le mois de juin le plus chaud enregistré en Amérique du Nord a contribué aux énormes incendies de forêt en Colombie-Britannique, déclenchés dans le courant du mois. Depuis le 1er avril, 1579 feux ont brûlé 8668 km² (l’équivalent d’environ 2/3 de la surface de toute l’Île-de-France). La Californie a de nouveau connu une saison record en matière d’incendies, avec 7480 feux qui ont brûlé 9200 km². À la fin du mois d’août, l’ouragan Ida a ravagé une partie des Caraïbes et de l’est des États-Unis. Ça a été le deuxième ouragan le plus puissant et dévastateur à avoir frappé la Louisiane (après l’ouragan Katrina de 2005). Ida a même causé de grandes inondations à New York.

Ailleurs, des incendies ont fait rage en Kabylie, en Grèce, en Turquie et en Russie. La pire vague de chaleur depuis plus de 30 ans en Grèce a conduit aux incendies qui ont brûlé environ 1250 km². En Turquie, 1700 km² ont brulé dans le sud pendant que le nord du pays a subi les pires inondations de l’histoire de la région, avec des hauteurs d’eau atteignant quatre mètres à certains endroits. La vague de chaleur record en Russie a conduit à une sécheresse et à des températures de plus de 30 °C dans le cercle arctique. Les mégafeux qui ont frappé la Russie ont été plus grands que tous les autres incendies du monde réuni au cours du mois d’août. Pour la première fois dans l’histoire, la fumée des incendies, en provenance de Yakoutie, a atteint le pôle Nord. Comme la Turquie, d’autres régions ont été frappées par des inondations. En Europe, la Belgique et l’ouest de l’Allemagne ont été particulièrement touchés. En Chine, la province du Henan a été inondée par des pluies incroyables avec des précipitations dépassant jusqu’à 20 cm pendant l’heure de pointe. Le consensus scientifique est que ces canicules records, ces méga-incendies et ces inondations massives se produisent beaucoup plus souvent et avec plus d’intensité en raison des changements climatiques provoqués par les activités humaines.

Ces phénomènes catastrophiques participent du fait que les populations, à travers le monde, sont de plus en plus préoccupées par la question du réchauffement climatique. En réponse, la bourgeoisie prétend offrir une solution : les énergies renouvelables. Les puissances impérialistes du monde proposent de grands plans d’énergie «verte» et ils parlent déjà, dans un avenir proche, d’interdire les véhicules fonctionnant aux combustibles fossiles en faveur de voitures électriques. Or, en examinant le cycle de vie des technologies d’énergie «renouvelable», il est évident que ces technologies sont très loin d’être réellement renouvelables et ne représentent qu’un passage d’une énergie basée sur les combustibles fossiles à une énergie basée sur les minéraux. Même si cette transition était réalisée, elle ne résoudrait pas la pollution de l’environnement et ne mettrait pas nécessairement fin aux changements climatiques anthropiques. Les problèmes relatifs à la «transition verte» démontrent qu’elle constitue avant tout une transition dans la stratégie énergétique des impérialistes qui ne débouchera que sur de nouvelles habitudes de consommation toujours polluantes pour l’environnement et plus coûteuses pour les masses.

Le chemin polluant des technologies «vertes» : de la mine à la décharge

Les technologies d’énergie renouvelable ne dépendent pas seulement de quantités énormes de matériaux traditionnels tels que l’acier, le béton, le verre et la fibre de verre, mais aussi de minéraux de terres rares qui devront être exploités à une échelle bien plus grande qu’aujourd’hui. Une fois qu’ils ont été obtenus, ces minéraux doivent être transformés pour produire des machines qui ont une durée de vie limitée.

La production commence à la mine, où il faut avant tout creuser pour enlever le mort-terrain. Le mort-terrain représente toute la matière entre la surface de la Terre et le minerai recherché. C’est à cette étape que l’écosystème à la surface est détruit afin d’accéder à des minerais contenant des minéraux de terres rares, souvent très profonds dans la terre. Le ratio de mort-terrain varie beaucoup, mais il est normal de devoir déplacer trois à sept tonnes de mort-terrain pour accéder à une tonne de minerai. Une fois le minerai atteint, il doit être transporté pour être raffiné. Pendant que tout le gaz naturel et la majorité du pétrole sont transportés aux marchés par des gazoducs, les minerais sont des solides qui doivent être transportés par camion ou par train. Bien que les gazoducs occasionnent souvent des pollutions, ils représentent de loin le moyen le plus efficace pour transporter de grands volumes de matière. L’étape suivante est le raffinage, mais tous les minerais ne sont pas semblables. La teneur en minerai représente le pourcentage en poids de l’élément recherché dans la roche extraite et elle varie énormément. Le cuivre est essentiel pour n’importe quel produit électronique et sa teneur en minerai est normalement d’environ 0,5 %. Donc il nécessite qu’environ 200 tonnes de minerai soient extraites, transportées et traitées pour produire une tonne de cuivre. Généralement, les minéraux de terres rares ont un meilleur ratio. Il faut environ 20 à 160 tonnes de minerai pour obtenir une tonne de l’élément. Cependant, pour le cobalt, élément essentiel pour les batteries à lithium qui alimentent les voitures électriques et les réservoirs d’énergie, il faut environ 1500 tonnes de minerai pour obtenir une tonne de l’élément. La saumure de lithium ne contient que 0,1 % de lithium pur. Après avoir dépensé beaucoup d’énergie pour déplacer des tonnes de terre, il y a le processus de raffinage des minéraux de terres rares, qui requiert également beaucoup d’énergie et de procédé chimique en raison de leur chimie physique.

S’ajoute à cela le coût écologique des matériels traditionnels. Dans la production d’éolienne, le pétrole et le gaz naturel sont utilisés pour produire les pales en fibre de verre et le charbon est utilisé pour produire l’acier et le béton de sa structure. Or, pour produire assez d’éoliennes pour fournir la moitié de l’électricité du monde, il faudrait recourir à 1,5 milliard de barils de pétrole pour créer les pales et presque 2 milliards de tonnes de charbon pour produire l’acier et le béton nécessaire. Afin de produire des panneaux solaires, il faut beaucoup de verre. Le verre représente 20 % du tonnage nécessaire à la construction de panneaux solaires et 70 % de l’énergie pour le créer vient du gaz naturel. Entre ensuite en considération le coût énergétique et écologique de la production et d’installation des machines de «technologie verte».

Les machines d’énergie «renouvelables» ont, comme toutes les machines, une durée de vie limitée et à la fin de leur cycle, la plupart des matériels et des constituants vont à la décharge. Si les prévisions actuelles de l’Agence internationale de l’énergie se réalisent, trois millions de tonnes de plastique provenant des énormes pales d’éoliennes non recyclables arriveront à la décharge chaque année d’ici 2050. Concernant la technologie solaire, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables prévoit, selon les plans actuels, que les déchets solaires en 2050 constitueront deux fois la masse des déchets plastiques du monde entier. Il est estimé qu’à partir de 2030, les déchets annuels de batteries, juste pour la Chine, dépasseront deux millions de tonnes par année. Aujourd’hui, seulement 5 % de ces batteries sont recyclés.

Contrairement aux idées reçues, le recyclage de déchets électronique n’est pas une pratique technologiquement avancée ou écologique. C’est un processus assez primitif à forte intensité de travail manuel et nuisible aux travailleurs et à l’environnement local. La majorité du recyclage des déchets électroniques se fait dans des semicolonies pauvres, telles que le Ghana. Ces pays offrent une force de travail peu chère avec très peu de réglementations sur la protection des travailleurs ou de l’environnement, permettant au recyclage d’être rentable. En raison des exigences de rentabilité, il est peu probable que le recyclage des déchets électroniques se développe. Bien que les minéraux peuvent être recyclés, il est plus efficient et fiable d’extraire des minéraux de la terre parce que la teneur en minerai est de loin plus importante que la concentration des minéraux dans les déchets. En plus, l’extraction de minerai est un processus uniforme, tandis que le recyclage nécessite des techniques variées et moins efficientes.

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