Poème : Si les récoltes

Nous partageons un nouveau un poème d’un de nos lecteurs.

Si les récoltes

Si la terre, en sa récolte

Livre ses dettes

Les paysans suicidés flottent comme des supernovas

Si le vieillard travaille et crève chaque minute que l’on fait

Crève crève parce que la machine est ingrate

Si le savoir est une marchandise

Et que les guitares et que les sciences ne flottent plus

Comme des drapeaux pour le peuple

Si les écoles sont des entreprises

Si l’Histoire est un conte

Si chaque jour est fait deuil

Si l’on répond par des mains arrachées

Si l’on répond par de beaux articles

De saines colères d’éditorialistes

D’esthètes du mensonge désincarné

Si la cuisine des partis des parlements tourne tourne comme un cirque

Les rages sourdes la haine briseront l’ordre centenaire

Et les travailleurs privés

D’argent

De vie

De culture

Feront flotter des pollens de feu

Des papillons calcinés dans la roue immense de l’Histoire

Que le peuple se relève et bâtisse enfin

Un front de la guerre pour survivre

De cette guerre de chaque matin

De chaque soir

Persécutée et niée

L’apothéose de nos espoirs désenchantés.

 

Quel désastre tout de même

L’abstention

C’est comme si on me posait un lapin de Lisbonne à Berlin

De Naples à Amsterdam

Déplorait le ministre Européen

Il faudrait des prisons pour ces gens-là

Et des gardiens civiques

Et des barreaux parlementaires

Et un isolement démocratique

Et toutes sortes de joyeusetés républicaines

 

Quel désastre tout de même

La violence

A-elle déjà résolu quelque chose ?

Demandait le préfet de police

 

Faites barrage et rendormez-vous, le fascisme est vaincu à tout jamais

Pour cinq ans de plus

Tous les cinq ans depuis trente ans

Imagine qu’il s’inspire d’en haut

Qu’il est né dans la puanteur vérolée d’en haut

Qu’il est financé par en haut

 

Et nous, les braves, les preux croisés de l’antifascisme électoral

n’avons-nous pas toujours respecté les droits de l’homme ?

Se lamentaient les ministres de l’intérieur, des affaires étrangères

Réunis dans la pimpante kermesse Bruxelloise

Où les banquiers comme des enfants de cœur

Portent des images saintes de démocratie atlantiste

Et puis rendormez vous les communistes ont fait mille milliards de morts

Ils mangent des femmes enceintes

Vous ne voulez pas manger de femmes enceinte non ça va pas la tête

Laissez nous faire

 

Un jour

Se lèvera une aube rouge de l’Alaska à Sydney

De la Patagonie à la Finlande

Une aube de milliards de corps meurtris

Un grand souffle

Qui balayera vos mensonges centenaires

Faites front

Et dans des rayons écarlates de courage

De milles et milles serviteurs du peuple

Tombera le festin de tous les délaissés.

 

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