La solution prolétaire contre la montée des prix

Ça n’aura échappé à personne, les prix grimpent depuis plusieurs mois. Officiellement, le taux d’inflation (le pourcentage de hausse des prix) est à environ 5 % en France. Voilà plus de 35 ans qu’il n’avait pas atteint de tels chiffres ! Nous le constatons à chaque fois que l’on fait les courses, que l’on va à la boulangerie ou que l’on consulte nos factures d’énergie : tout coûte soudainement plus cher. Alors d’où vient cette montée des prix ? Et comment l’enrayer ?

L’inflation, conséquence de la crise générale de l’impérialisme

L’inflation dont nous sommes témoins en France n’est pas unique en son genre. En fait, le monde entier subit une crise inflationniste en ce moment. Ce n’est pas la première fois que cela arrive.

Dans les années 70-80, au tournant qui a fait débuter la crise générale de l’impérialisme que nous connaissons aujourd’hui, pendant une dizaine d’années, les prix prenaient entre 5 % et 15 % de plus chaque année. Cela touchait tous les pays impérialistes, comme les principales puissances européennes ou encore les États-Unis. En 1974, le grand magazine « Time » faisait même sa une sur « la grande inflation ». Dans les pays opprimés d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie, la soumission aux principales monnaies du monde (notamment le dollar) rendait l’inflation locale hors de contrôle. Au Congo par exemple, elle montait à 30 % dans les années 1980. Au Pérou, en 1988, les prix ont monté de 1 722 % en l’espace d’un an : on appelle ce phénomène l’hyperinflation, elle marque une crise immense pour l’économie.

Avant l’explosion de la crise impérialiste, la montée des prix, par exemple aux USA, était associée à la croissance économique. Les coûts et salaires augmentaient prétendument, alors les entreprises montaient également leurs prix. Mais avec la crise de l’impérialisme, la compétition vorace a produit une inflation galopante sans aucune amélioration des salaires. Dans les années 80, pour combattre cette inflation sans croissance, la plupart des bourgeoisies dans le monde ont adopté des mesures d’austérité (présidence Reagan aux USA, Thatcher au Royaume-Uni, le tournant de la rigueur en France…). Cela n’empêcha pas de nombreux pays de subir une inflation énorme dans les années 90 : Nicaragua, Argentine, République Démocratique du Congo, Yougoslavie, Turquie. En Russie, après la chute de l’URSS, les prix sont multipliés par 20 dans le cadre de la dérégulation et de la privatisation massive de l’économie.

La bourgeoisie, calculant ses prix par le marché dominé par des grands monopoles à notre époque, est la cause première de l’inflation. Chaque branche cherche à maintenir sa part du gâteau face à la quantité de monnaie qui circule dans l’économie. Il suffit d’une crise d’une branche (le pétrole par exemple) pour que les prix s’emballent, toute la bourgeoisie suivant le mouvement. Pour les entreprises impérialistes dans les pays opprimés, l’inflation est une belle opportunité de racheter des exploitations pour une bouchée de pain. Dans les pays impérialistes, elle est plus gênante car elle fait baisser la valeur des flux de capitaux. Le consensus des économistes bourgeois et des banques centrales des pays impérialistes depuis 30 ans est de vouloir garder l’inflation sous 2 % par an, coûte que coûte.

Actuellement, l’inflation que nous connaissons est la suite de la crise économique de 2020, amplifiée par la crise COVID. Les chaînes de production ont été fermées et les pénuries s’accumulent, faisant monter les prix. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a, à elle seule, créé des crises économiques énormes dans les domaines de l’énergie (gaz, pétrole, électricité) et même de l’agriculture (blé). Les pays impérialistes, en faisant marcher la planche à billet en 2020-2021 pour se maintenir la tête hors de l’eau, ont poussé l’inflation vers le haut. L’inflation est évidemment plus haute dans les pays opprimés d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie : Argentine, Nigeria, Inde, Turquie… Cela est une preuve de plus de l’origine de l’inflation dans la crise générale de l’impérialisme.

Les prescriptions de la bourgeoisie nous appauvrissent

Cette hausse de prix, il faut bien la payer. En France comme dans le reste du monde, qui passe à la caisse ?

Eh bien, quand on voit les matières premières qui ont le plus augmenté, il n’y a pas de doute. +62,2 % pour le café, 15 % pour le blé, 30 % pour le sucre… ce sont des éléments de base de la consommation du prolétariat et des masses. Le papier toilette a pris 25 %, les pâtes jusqu’à 12 %. Notre pouvoir d’achat est compressé par des achats essentiels. Pire encore, les marques qui augmentent le plus leur prix sont les marques distributeurs premier prix, autrement dit, celles achetées en masse par les bas salaires et les familles qui comptent leurs sous. L’augmentation du tarif de l’électricité elle non plus ne s’arrête pas et continue de toucher les ménages les plus précaires. Même les petits plaisirs : restaurants pas chers, pâtisseries, loisirs… ne sont plus accessibles. En synthèse : il ne fait pas bon toucher un petit salaire ou une petite retraite dans la France de 2022 !

A l’échelle mondiale, c’est également le prolétariat et les masses populaires qui porteront sur leur dos les augmentations des prix. Dans les pays opprimés, la paysannerie est déjà écrasée par les prix auxquels seront négociées les matières premières.

Quelles sont les prescriptions de la bourgeoisie pour guérir ce mal ?

Chez Macron, on retrouve deux mesures : le chèque inflation et le blocage des prix (« bouclier tarifaire »). Le blocage des prix est revendiqué, dans une application plus large, par Mélenchon.

Le chèque inflation, c’est une indemnité de 100€ pour les français.e.s qui touchent moins de 2000€ par mois. Quant au blocage des prix, Macron l’a appliqué au gaz et à l’électricité pour l’année 2022, en plafonnant par exemple la hausse de l’électricité à 4 %.

Pourquoi ces mesures n’endiguent-elles pas l’inflation ? Le chèque inflation est une rustine : le pouvoir d’achat diminue de bien plus de 100€ réels, et il suffit d’un passage au supermarché pour que cette aide « exceptionnelle » soit dépensée immédiatement. Pour le blocage des prix, celui-ci peut avoir des effets à court terme. Pourtant, pour l’électricité par exemple, les factures continuent de grimper malgré le plafonnage, et EDF commence déjà à faire pression pour une augmentation plus haute des prix. Et que se passerait-il si les prix de denrées de première nécessité était bloqué ? Eh bien, les capitalistes sauraient passer outre, en créant des pénuries (par exemple en diminuant la production de baguette si son prix était plafonné) ou en proposant des biens de moins bonne qualité.

La solution prolétaire : la lutte pour les salaires et le socialisme

Par rapport au pouvoir d’achat, plutôt qu’un chèque ponctuel, c’est la lutte pour les hausses de salaires qui est la solution. De dizaines de milliers de prolétaires l’ont compris en France, en témoignent les mouvements continus de grève de ces derniers mois qui demandent précisément cela. En France, des dividendes de 69,4 milliards d’euros ont été versés par les sociétés du CAC 40 en 2021, mais les salaires n’ont pas suivi.

Dans les entreprises en grève en ce moment, la plupart des syndicats demandent des augmentations du salaire au pourcentage, plutôt qu’une somme brute. Par exemple, on demande 5 % d’augmentation pour égaler l’inflation, plutôt que 100€ d’augmentation mensuelle. Cette méthode est mauvaise ! Elle favorise les plus hauts salaires et les cadres, plutôt que le personnel exécutant. Il faut lutter pour des augmentations absolues en salaire net, pas seulement pour rattraper l’inflation, mais bien pour opposer les salaires du prolétariat aux profits de la bourgeoisie.

Quant aux prix qui flambent et que la bourgeoisie souhaiterait plafonner, nous ne pouvons pas nous en tenir à la manipulation bourgeoise des prix des marchandises. Pour assurer les besoins de chaque personne et réguler les prix, la planification socialiste est la seule solution, puisqu’elle permet de retirer le marché. En Chine socialiste par exemple, le prix du panier des premières nécessités baissait régulièrement, ce qui permettait au peuple d’acheter des biens de plus en plus diversifiés et d’économiser pour des achats de plus grande ampleur, en plus des services garantis gratuitement par l’économie socialiste comme la santé. A notre époque, cette solution est la seule qui nous permettrait d’organiser rationnellement les prix des marchandises en dehors de la course bourgeoise à des prix plus élevés. Des biens de première nécessité, comme l’eau, l’électricité ou le chauffage pourraient d’ores et déjà être sortis du marché pour des quantités de base, et être procurés à toutes et tous selon leurs besoins, et plus selon la taille de leur porte-monnaie.

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