La Voie Révolutionnaire Palestinienne : une alternative brumeuse pour miner la gauche au profit de la droite et de la religion politique

La Voie Révolutionnaire Palestinienne : une alternative brumeuse pour miner la gauche au profit de la droite et de la religion politique

Ahmad NASSER de la Palestine occupée  – 14 octobre 2022

Nous publions ce texte intéressant d’un camarade de Palestine occupée afin d’alimenter le débat.

L’un des fondements de la révolution est de fournir une analyse concrète de la réalité concrète. C’est vrai mais cela nécessite un travail concret et pas simplement une théorie verbale. L’analyse de la réalité concrète est essentielle pour démontrer la validité de toute lutte dans n’importe quelle société. Et le facteur le plus important pour saisir au mieux cette réalité est de savoir ce à quoi les gens, et en particulier les classes populaires, aspirent dans toute société ! C’est ce qui a toujours guidé Mao Tsé Toung qui a toujours dit vouloir apprendre du peuple, le considérant comme l’enseignant qui ne se trompe pas parce qu’il est ancré dans la réalité et qu’il possède une vision claire de cette réalité.

La lutte palestinienne a-t-elle échoué ?

Pour analyser l’expérience de la lutte palestinienne pour la libération, il est nécessaire de remonter aussi loin que possible afin d’en avoir une vision vraie, complète et précise. La lutte palestinienne a commencé il y a plus d’un siècle et se poursuit encore aujourd’hui afin de libérer sa patrie d’une agression colonialiste qui a reçu un soutien mondial :

  • de l’Occident capitaliste impérialiste : sans son occupation, les colons n’auraient pas pu coloniser la Palestine.
  • du bloc socialiste soviétique mu par l’illusion que la colonisation allait permettre l’établissement d’un système socialiste (!) sur une terre appartenant à d’autres.
  • de l’Internationale communiste.
  • des régimes arabes laquais de l’impérialisme.

Il faut donc bien avoir conscience que jusqu’à ce qu’il soit déplacé en 1948, notre peuple a combattu toutes ces forces et pas uniquement l’entité sioniste. Durant la guerre de 1967, les régimes arabes progressistes (d’orientation nationaliste) se sont ensuite battus pour libérer la Palestine mais ils ont été vaincus et là encore pour des raisons liées aux facteurs externes : ainsi, les documents historiques ont montré que le fer de lance de l’agression sioniste regroupait à ses côtés tous les régimes de l’Occident capitaliste impérialiste. Cet Occident a toujours su que la libération de la Palestine est un projet arabe – et pas seulement palestinien – qui n’est possible qu’au moyen d’une révolution arabe. Après la défaite de 1967, de nombreux Palestiniens – en particulier la droite palestinienne – ont cantonné le rôle des Palestiniens au seul rôle de la libération de la Palestine. L’OLP s’est maintenue sur cette position tandis que la gauche révolutionnaire, elle, est toujours restée convaincue que le conflit était avant tout un conflit arabo-sioniste dans le contexte d’une lutte mondiale entre révolution et contre-révolution. Pour autant, cette gauche n’a pas été en mesure de faire évoluer la situation en faveur de sa position.

Or, tout projet en dehors du caractère arabe du conflit est au final en faveur de la contre-révolution. Autrement dit et en clair, la défaite du projet d’unité arabe est sans aucun doute l’une des raisons de la défaite de l’OLP dans son incapacité à mener la libération et qui l’a conduite à être dans l’impasse que nous voyons aujourd’hui. La droite a ainsi prôné des solutions de liquidation, s’illusionnant sur la constitution d’un État dans ce qui avait été occupé en 1967, c’est-à-dire qu’elle a décidé de partager la patrie avec un ennemi qui, lui, aspirait à étendre son occupation du Nil à l’Euphrate. Certaines factions ont eu recours à l’adoption de solutions à un seul État : démocratique, laïque, tri-religieux, binational, à un Etat avec des colons… C’est un projet qui est sur la table depuis un siècle et qui n’a pas eu de résultats. Ces différentes solutions ont toujours été et sont une échappatoire à la lutte de libération nationale.

Dans ce contexte, la gauche révolutionnaire n’a certes pas abandonné son projet de libération dans sa dimension arabe, mais force est de constater qu’elle a été incapable de vaincre tous ces courants, y compris le courant politique de la religion islamique.

Que veut le peuple palestinien et que veut-il des autres ?

La demande du peuple palestinien est liée à sa situation sous une colonisation de peuplement, capitaliste et mondialisée. Cela signifie que le centre impérialiste est lui-même en conflit avec le peuple palestinien et pas seulement l’entité sioniste ; autrement dit, l’Occident est un ennemi tout comme l’est l’entité sioniste ashkénaze ; tout comme le sont les régimes arabes laquais et entrés de plein pied dans la normalisation et tout comme l’est la soi-disant Oumma islamique laquelle analyse le conflit et sa solution par le prisme de la religion.

Sur la scène palestinienne et arabe, seuls deux axes s’opposent : d’un côté l’axe de résistance et de l’autre l’axe du marchandage et de la contre-révolution. Par conséquent, tout mouvement politique doit choisir son camp et s’aligner sur l’un de ces deux axes antagoniques. Il n’existe pas de position intermédiaire, mitigée entre ces camps aux contours bien tranchés.

Or, dans ce contexte, ce qui se veut une soi-disant Voie Révolutionnaire Palestinienne Alternative ne peut être qu’une tentative opportuniste qui a profité de la détérioration de la situation de l’OLP pour frapper la gauche au lieu de s’attaquer à la droite et aux islamistes ! C’est incroyable mais comment ne pas voir qu’elle se positionne en dehors de l’axe de la résistance et même contre lui ; qu’elle se situe en dehors de la dimension arabe, ce qui confirme implicitement sa position pour l’autre axe malgré les grands discours qu’elle publie ; comment ne pas voir qu’elle établit des relations financières et idéologiques avec les islamistes de la colonie du Qatar – véritable vitrine antirévolutionnaire et contre la culture pan-arabique ; et enfin, qu’elle réside dans les capitales de l’impérialisme ! A croire qu’elle « libérera » d’abord l’Occident avant de libérer la Palestine comme DAECH prétend « libérer » les capitales arabes avant la Palestine !

L’axe de la résistance existe bel et bien de la Palestine au Liban, en passant par la Syrie et Téhéran ; et cet axe de la résistance travaille à la libération de la Palestine et de la nation arabe, c’est-à-dire en confrontation directe avec l’impérialisme, le sionisme et les régimes arabes laquais – partie intégrante de cette contre-révolution. La Palestine est un point névralgique incandescent qui implique sans équivoque d’intensifier les efforts en faveur à la résistance armée qui se mène actuellement au cœur même de la Palestine sous forme d’une guerre de guérilla dans les campagnes et d’une guérilla urbaine dans les villes. Ce qui revient à regrouper tous les efforts en faveur de la résistance à l’intérieur de la Palestine occupée tant que les pays limitrophes de la Palestine ne sont pas prêts à résister, à l’exception du Liban combattant.

Les dessous de la dispersion dans la lutte palestinienne

La résistance palestinienne a dû faire face à de nombreux encerclements et répressions, à plusieurs endroits ; elle a souffert aussi de directions qui n’ont pas su apprécier la capacité du peuple à se révolter ; ces directions en sont même venues à des négociations sans la volonté du peuple. De-là, de ces problèmes subjectifs et objectifs, la porte ouverte à la danse des démons où se sont multiplié les velléités pour tenter de créer une alternative à l’OLP qui ont mêlé aussi bien le vrai et le faux que le révolutionnaire et l’opportuniste, le sincère et le vendu … etc.

Les Formations opportunistes

La marche de l’OLP s’est accompagnée d’erreurs, de régressions et d’écarts, qui ont ouvert la voie à chacun des éléments suivants :

  • la critique révolutionnaire radicale de l’OLP pour son dépassement vers l’alternative de l’axe de la résistance
  • la critique et les alternatives opportunistes. Les forces de la contre-révolution ont alors commencé à saper la base populaire de la résistance et en particulier la gauche :

– Premièrement en créant et en finançant des groupes de libéraux et de post-modernistes ; en créant des ONG lesquelles ont reçu un financement énorme pour créer des structures organisationnelles politiques qui ne pratiquent pas et ne croient pas en la lutte armée, dans le but d’absorber de nombreux cadres de gauche – en particulier marxistes – afin de les transformer en porte-paroles de la propagande pour la paix et pour la résistance populaire « pacifique » ! Ce phénomène de financement a débuté de façon modeste depuis 1975 par l’intermédiaire de l’organisation néerlandaise NOVIB qui a commencé à travailler avec le Parti communiste, en particulier lors du forum intellectuel arabe à El Qods. Cela a abouti à ce qui a été nommée l’Initiative Nationale Palestinienne appelée de ses vœux par Haïder Abd Echafeï qui a aussi participé à sa fondation et qui a été présidée par Mestafa El Barghouti qui a toujours refusé de reconnaître la lutte armée. L’un de ses défenseurs était Edward Said qui a lancé le slogan : « Les Palestiniens doivent élaborer une « nouvelle pensée » ! Mais toute nouvelle pensée face à l’entité sioniste autre que la lutte armée est une lutte qui aide l’ennemi ! C’est ce vers quoi est aussi allé le groupe de la Voie Alternative en s’appelant lui-même « le processus révolutionnaire alternatif » ! Cependant, la réalité de la situation confirme qu’il n’y a rien de nouveau ni aucune autre alternative possible à la libération que la lutte armée menée plus précisément à l’intérieur même du territoire occupé.

– Deuxièmement avec l’apparition en 2009-2010 de l’Alternative Palestinienne apparue sous le nom de « Instance Nationale pour la préservation des constantes » appelée par Azmi Bishara, à partir de la colonie du Qatar, base du régime et des forces politiques de la religion islamique. Avant de s’enfuir de Palestine, Azmi Bishara a réussi à propager cette idée grâce à sa relation avec le mouvement trotskyste de l’entité sioniste et après avoir influencé certains dirigeants du Front Populaire, lesquels sont devenus des défenseurs de la soi-disant solution à un État ; certains d’entre eux, d’ailleurs, se retrouvent aujourd’hui dans la soi-disant Voie Alternative. D’où, au vu de tout cela, cette interrogation qui doit attirer notre attention : pourquoi Azmi Bishara – l’envoyé du Qatar -, les trotskistes et aujourd’hui la Voie Alternative se sont-ils concentrés sur le démantèlement du Front Populaire et sur la récupération de ses cadres ? Après avoir quitté le territoire occupé et s’être installé au Qatar, Azmi Bishara a maintenu une relation avec la Syrie et il y a proposé son nouveau projet : la « Commission Nationale pour la préservation des constantes » qui prévoit la normalisation avec l’entité sioniste. Ce fut un échec. Il est ensuite retourné au Qatar et s’est dressé contre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah au début du soi-disant « printemps arabe » après les avoir leurrés pendant de longues années ! Depuis, sa tactique a donc changé en commençant à travailler, progressivement et malicieusement, avec le groupe de la Voie Alternative et les trotskistes de l’entité sioniste depuis 2010. D’ailleurs, quiconque lit la revue Aladab de l’année 2010 peut voir comment les thèses de Khaled Barakat, de Samah Idris et d’Azmi Bishara se recoupent ! A ce propos, il serait aussi intéressant de se poser les questions suivantes : Khaled Barakat et Samah Idris ne savent-ils pas que Azmi Bishara a été un membre de la Knesset et un prédicateur pour un État pour tous ses citoyens et qu’il est aujourd’hui retranché au Qatar ? Autrement dit que ce dernier est pour la reconnaissance de l’entité et qu’il est basé au Qatar – base des Frères Musulmans. Cela conduit à une autre question : la direction de la gauche n’a-t-elle vraiment pas prêté attention à ce danger qui a continué à pénétrer discrètement dans le corps du Front Populaire même après que Bishara ait déclaré sa position avec le terrorisme mondialisé et religieux contre la Syrie, sa patrie, son peuple et son État ? Ou y a-t-il au sein même de la direction du Front Populaire certains membres qui s’identifient à ces tendances au lieu d’aller dans une direction radicale de lutte à travers précisément l’axe de la résistance ?

– Troisièmement, quand les trotskistes, Azmi Bishara et les partisans de la normalisation ont tiré les leçons et ont commencé à travailler clandestinement sans révéler leurs intentions. Ils ont alors eu recours à une nouvelle forme de conspiration visant à rester au sein même des structures : il s’agit alors de recruter secrètement, au sein même des organisations, des forces grâce à des critiques acerbes contre les différentes factions et en particulier contre le Front Populaire. C’est ce qui s’est cristallisé sous le nom de Voie Révolutionnaire Palestinienne Alternative dont les activités ont commencé à apparaître il y a quelques années. Mais la base de cela, comme indiqué ci-dessus, s’écrit dans le numéro de 2010 de la revue Aladab, qui était dirigée par Samah Idris, lequel prétendait être contre la normalisation mais se tenait dans le camp contre l’axe de la résistance, soutenait les terroristes de l’islam politique contre la Syrie et participait publiquement à une déclaration contre la Syrie. Comment peut-on être contre la normalisation et contre l’entité et en même temps contre la Syrie alors que les thèses des fondateurs de l’entité sioniste, que ce soit Ben Gourion, Begin et plus tard Netanyahu, disent que la survie d’Israël dépend du démantèlement de la Syrie ?

La conspiration pratiquée par le groupe de l’Alternative et ses caractéristiques les plus importantes se résument comme suit :

  • ne pas annoncer ouvertement la sortie du Front Populaire
  • polariser et recruter secrètement des éléments du Front en faveur de l’axe cité
  • attaquer Azmi Bishara dans les discours pour dissimuler la relation, en réalité, entretenue avec lui et cela depuis au moins 2010
  • montrer une prudence dans la relation avec les trotskistes – en particulier ceux de l’entité sioniste et de France – pour ne pas se faire griller ; c’est pourquoi, aujourd’hui, nous ne trouvons aucune trace ouverte de relations déclarées entre Azmi Bishara, les trotskistes (que ce soit de l’entité sioniste ou de France) et la Voie Alternative.
  • usurper l’héritage du FPLP autant que possible
  • recourir à un travail de propagande et d’information dans les capitales occidentales. Or, là encore il faut se questionner : Bruxelles – base de l’OTAN et de l’Union impérialiste européenne – et Berlin permettront-elles qu’un mouvement palestinien armé opère contre l’entité sioniste ? Par ailleurs, pourquoi la Voie Alternative jouit-elle d’une telle liberté de mouvement ?

Ici, il faut rappeler que le révolutionnaire ne conspire pas mais déclare toujours clairement et ouvertement sa position. Le groupe de la Voie Alternative, lui, a recours à une méthode conspirationniste clandestine : il cherche à voler l’héritage du Front Populaire et à créer des organisations ou des activités en s’accaparant les noms de résistants – parties prenantes du patrimoine du Front Populaire – tels que Ghassan Kanafani… etc.

L’axe de résistance

De l’autre côté, du côté palestinien et arabe, l’axe de la résistance se dresse avec pour mot d’ordre et pratique ceux de la lutte de libération nationale sans équivoque. Même le slogan du retour n’a plus de sens parce qu’il ne s’agit rien de plus que de supplier l’ONU depuis sept décennies de ramener le peuple palestinien sur sa terre, dans sa patrie alors que rien ne s’est réalisé en ce sens jusque-là. Ainsi, le slogan du retour seul n’a pas de sens parce que seule la lutte de libération nationale par son aboutissement peut garantir ce retour. En réalité, les manifestations autorisées pour la Voie Alternative en Occident sont une forme de catharsis : elles sont autorisées par les services de renseignement occidentaux parce qu’elles sont des manifestations de propagande au mauvais endroit : elles évitent de brandir le slogan de la lutte armée pour libérer la Palestine et ignorent l’arabisme du conflit et de sa solution.

L’axe de la résistance consiste à affronter au moyen de la lutte armée l’entité sioniste et la contre-révolution. Par conséquent, la formation de toute faction en dehors du territoire occupé et en dehors de l’axe de la résistance ne peut que conduire à de grandes interrogations car toute faction véritablement révolutionnaire est armée et existe soit à l’intérieur de la Palestine soit à l’intérieur de l’axe de la résistance. C’est le seul vrai moyen de dépasser l’effondrement de l’OLP pour la remettre dans l’axe de la résistance.

La Voie Alternative, si elle se respectait, pourrait créer un site Web et cesser de détourner de nombreux jeunes hommes et femmes vers une guerre de mots et de discours pour remplacer cette absurdité par des dons aux familles des martyrs et des blessés dans la patrie.

Or, que penser d’une telle Voie quand on voit qu’elle cherche à établir des structures syndicales étudiantes ou populaires en Occident, concurrentes et parallèles à celles établies par la résistance ? La Voie Alternative n’offre, en réalité, que la répétition et l’épuisement des énergies.

Contrairement aux partisans de la résistance dans la diaspora qui sont un complément à la lutte armée, la Voie Alternative est contre l’axe de la lutte armée énoncée et appelée sans équivoque par beaucoup de ses fondateurs. Tout ceci sans même parler de l’utilisation de cette fausse rhétorique du libéralisme, en particulier avec l’emploi de mots tels que « tyrannie » et « démocratie » utilisés par le camp contre-révolutionnaire et par son représentant Azmi Bishara contre les pays qui s’opposent à ce camp et tentent de créer un nouvel ordre mondial qui n’est pas contrôlé par l’impérialisme. La guerre en Ukraine a révélé la « démocratie » de l’Occident qui a été jusqu’à interdire des livres de Dostoïevski et la musique de Tchaïkovski ! N’est-ce pas là la tyrannie ?

Cela soulève une nouvelle question : quel est le fondement idéologique et politique de ce processus alternatif ? Alors qu’il ne s’inscrit pas au sein du Front Populaire, pourquoi cherche-t-il à l’asphyxier de l’intérieur ? Pourquoi cibler précisément cette faction de gauche ? Et pourquoi, parmi les pays arabes, la Syrie est-elle ciblée et est-elle exposée au terrorisme des forces islamistes ? Pourquoi ce processus s’oppose-t-il aussi au Hezbollah ? Ce processus se dresse contre tout cela : d’où l’intérêt de comprendre aussi à qui il s’allie et dans quel camp il se trouve. La cause palestinienne a-t-elle réellement besoin de toute cette propagande et de ce verbiage et de cette spoliation de son héritage ? Le peuple palestinien a-t-il tant de temps à perdre dans de telles questions ? Le travail de soutien en faveur de la Palestine, en Occident et à l’étranger, est la tâche des amis sincères et solidaires de la Palestine et non celle de Palestiniens financés par des partis suspects et créant des structures qui rivalisent avec celles déjà existantes à l’intérieur – le tout sans être plus à gauche ni plus radical ! Tout Palestinien ne peut se contenter d’être un simple soutien solidaire de son peuple depuis l’étranger !

Par ailleurs, on peut aussi se demander d’où cette Voie Alternative a-t-elle de l’argent à dépenser pour ses institutions, ses conférences et ses déplacements en Europe et en Amérique où les coûts sont prohibitifs ? Qui a subventionné la conférence de Madrid à laquelle ont participé des centaines de personnes ? Il a été dit que le Parti Communiste Espagnol aurait payé ces frais, mais le parti lui-même a réfuté une telle affirmation. La Voie Alternative prétend que ses membres se déplacent à leurs frais.  Si cela est vrai, cela signifie qu’elle est composée de bourgeois qui prennent plaisir à parler politique et briller personnellement. Même dans ce cas, la bande de Ghaza, Jénine et l’ensemble du territoire occupé n’ont-ils pas droit à cet argent dilapidé dans des dépenses absurdes ? C’est ce que montre aussi la bureaucratie de la droite palestinienne avec cette différence notable : à savoir que la droite a commencé le combat avec les armes puis a dévié, alors que la Voie, elle, a commencé sans armes, en s’engageant directement sur le chemin le plus court vers l’opportunisme. Or, ce sont bien ces dépenses élevées qui révèlent que leurs sources de financement ne sont pas nationales mais qu’elles proviennent des fonds du Qatar tout comme pour les ONG financées par les cercles occidentaux, en particulier l’Agence de Développement d’outre-mer (Overseas Development Agency).

Il est aussi intéressant d’observer la mobilisation de certains journalistes du journal libanais Al-Akhbar qui ont publié des articles en faveur de cette Voie Alternative. On peut penser que la crise financière de la presse papier pousse ces journaux à publier des écrits contre la résistance – pour se prémunir de la faillite et du même coup sous couvert de la « liberté d’expression » masquer leur trahison à la résistance !

La voie révolutionnaire palestinienne alternative : une situation hétéroclite

Voici quelques-uns des principes de cette Voie Alternative.

Premièrement : le communiqué final de la Voie Alternative appelle à « l’établissement d’une société démocratique fondée sur la justice et l’égalité, libérée de l’exploitation de classe, du racisme et du sionisme… ». Indépendamment du sens vague du mot « démocratique », la question demeure de savoir comment la Voie déracinera l’exploitation de classe sans une position intellectuelle théorique marxiste et par-là même une lutte pratique ? Quelqu’un, chez eux, s’est-il porté volontaire pour se débarrasser de la propriété privée ? Et comment déraciner le racisme et le sionisme ? En prodiguant des conseils ou en jetant des sorts ? Est-ce qu’une déclaration de l’entité sioniste affirmant qu’elle n’est plus sioniste lui permettrait de rester sur la terre et dans les maisons des Palestiniens ? La Voie Alternative évite toujours de mentionner la lutte de libération nationale et la lutte armée. C’est ce qui plaît à l’Occident qui lui ouvre les portes de ses capitales.

La déclaration de la Voie Alternative appelle aussi à la préservation du « droit au retour et du droit à l’autodétermination sur l’ensemble du territoire national palestinien », sans aborder d’abord l’exigence de la libération. Répéter de manière vague « du fleuve à la mer », « sur tout le sol palestinien », c’est seulement proférer des mots sans conséquence tant que ces mots d’ordre ne sont pas en lien avec la lutte armée et la lutte de libération nationale. Proférer ces slogans de manière vague, c’est précisément jouer sur les sentiments et faire naître une absence de clarté dans le but de faire croire aux patriotes authentiques, à ceux qui veulent réellement libérer tout le territoire palestinien que là est bien l’objectif dans ce seul droit au retour ; or tant que la libération de la Palestine ne sera pas accomplie, faites-nous savoir comment il serait possible d’obtenir ce droit son retour !

Que penser aussi du passage utilisé par la « Voie Alternative » dans sa propagande pour se promouvoir quand ils écrivent : « Nous affirmons le renforcement de la relation avec les différentes figures juives militantes et antisionistes, antiracistes et anticoloniales, soutenant les droits de notre peuple et leur vaillante résistance à la libération de la Palestine » : nous connaissons bien ceux-là ! Nous ne sommes pas contre eux mais quand nous leur disons : « le préalable est la libération de la Palestine et le retour de notre peuple dans ses biens et ses foyers. Acceptez-vous cela ? », c’est alors que ceux qui nous soutiennent et restent à nos côtés ne se comptent plus que sur les doigts d’une seule main.

Par ailleurs, la Voie Alternative, dans son hostilité au projet arabe de la libération, de l’unité et du socialisme pour la patrie arabe, utilise et même créée un camp imaginaire se considérant comme « le camp de la résistance arabe » ! Un camp qui est en dehors de l’axe de la résistance : mais où se situe-t-il alors ? Est-il au Qatar, en Arabie Saoudite, au Maroc et aux Emirats Arabes Unis ? Ou dans le Parti communiste sioniste de Rakah ?

La Voie Alternative répète aussi comme slogan : « Toute la Palestine, du fleuve à la mer ». Bien sûr, la Palestine s’étend du fleuve à la mer, mais allons-nous restaurer cette réalité avec une rhétorique verbale ? En mendiant dans les capitales de l’impérialisme ? Et niant l’importance du rôle arabe dans le conflit ? Ou allons-nous restaurer cette réalité par la lutte armée pour la lutte de libération nationale à travers l’axe de la résistance ?

Dans sa déclaration, la Voie Alternative écrit : « La conférence appelle également toutes les forces populaires, associations et organisations au sein du « mouvement de la Voie Révolutionnaire Palestinienne » à intensifier le rythme de la lutte de masse à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine occupée, et à travailler pour faire face au projet liquidationniste de l’Autorité Administrative pour l’isoler et la renverser ». Remarquez ces paroles vides de tout contenu militant réel en ce qu’elles omettent délibérément d’évoquer la lutte armée et la lutte de libération nationale (Regardez par exemple cette vidéo pleine de discours).

Notons également que certains des écrivains de la Voie Alternative, Mohammed al-Khatib par exemple, ont repris à leur compte le mensonge de l’impérialisme et le terrorisme de la religion politique sur les « barils d’explosifs » dans leur attaque contre la Syrie qui a été envahie par des centaines de milliers de terroristes ! S’agit-il d’une position palestinienne ?  De même, mentionnons aussi que lors de la marche de la Voie Alternative à Berlin, des drapeaux affiliés au colonialisme Français ont été hissés : une telle position est-elle réellement l’alternative à la libération de la Palestine ?

Enfin, la déclaration de la Voie Alternative énonce :

« … Dixièmement : l’affirmation permanente du droit au retour des réfugiés palestiniens en tant qu’essence de la cause de notre peuple et du choix du peuple palestinien, et travailler à le transférer de l’espace du slogan politique aux champs d’action et de lutte et à l’installer comme une priorité militante sur le programme des mouvements de boycott arabes et internationaux et des forces de solidarité avec le peuple palestinien. Dans ce contexte, nous appelons à exercer des pressions sur l’office de secours (UNRWA) et à ne pas répondre ni s’adapter aux politiques et positions de certains financiers qui nient les droits nationaux fondamentaux de notre peuple ». Toute cette grandiloquence pour au final simplement s’en prendre à l’UNRWA ! Est-ce réellement cela le niveau de la lutte ?

Développements récents, le peuple crée l’alternative

Les récents développements, en Cisjordanie en particulier, que ce soit la bataille de l’épée d’El Qods ou les opérations armées en cours – qu’elles soient individuelles ou dirigées par les factions de l’OLP – sont venues confirmer que ce qui est exigé des Palestiniens, et même de tous ceux qui sont solidaires de la Palestine, sont deux choses :

– premièrement : être un combattant sur le terrain à l’intérieur du territoire occupé et de l’axe de la résistance allant de Téhéran à Damas, du Liban à El Qods.

– deuxièmement : avoir n’importe quelle activité pour collecter tout centime, imprimer toute publication dans la diaspora, réaliser toute manifestation ou rencontre … etc., en coordination avec l’axe de la résistance, non comme alternative ou concurrent.

Au moment de l’intensification de la résistance, tout doit être engagé en faveur du front de la résistance et non pas pour se montrer et à des fins opportunistes.

Le vrai chemin est celui de rejoindre et de consolider nos rangs et d’unifier la lutte que ce soit sur le plan militaire, culturelle ou médiatique.

Par conséquent, toute activité qui est loin de ou hostile à l’axe de la résistance est suspecte et dangereuse, même si elle est basée sur la naïveté et les bonnes intentions de certains. Comme l’a dit le camarade Lénine : « l’enfer est paré de bonnes intentions ».

Au moment de l’intensification de la lutte armée et de l’unification des combattants de la résistance de toutes les factions en un seul et même « rugissement des lions » qui attire la jeunesse palestinienne des différentes factions et du reste de la société, la Voie Alternative s’engage à défier les factions et à sous-estimer leur lutte, en essayant, comme le fait l’occupation, de prétendre que la résistance armée aujourd’hui en Cisjordanie n’a rien à voir avec les factions. Cette Voie Alternative, en réalité, ne fait que produire des commérages verbaux et attaque l’héritage de la résistance.

Il ne fait aucun doute que cette Voie Alternative s’emportera contre les factions après la rencontre déplorable en Algérie. Mais le clivage n’est pas là : il est de rejoindre l’axe de la résistance sur le terrain et non l’axe des appels de Berlin et Bruxelles !

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