La révolution au secours de la vie sur Terre : tour d’horizon de la guerre populaire et de l’écologie

La révolution au secours de la vie sur Terre : tour d’horizon de la guerre populaire et de l’écologie

Il plane dans les pays impérialistes un sentiment général de désespoir. A première vue, ce sentiment peut paraître justifié. Tendance accélérée à la guerre, au fascisme, à la destruction des conquis sociaux, notre époque est aussi celle de la crise climatique. Ce constat plonge beaucoup dans un nihilisme destructeur, à quoi bon tenter de faire la révolution, puisque le réchauffement climatique et ses conséquences nous tueront tous ? A ce nihilisme, nous répondons que la lutte ne fait que commencer, et pour cause. Dans plusieurs pays du Tiers-Monde, la révolution prend à bras le corps cette question, consciente que seul le socialisme peut prévenir l’extinction de la vie sur Terre.

La question de l’environnement est essentielle pour les révolutionnaires. Dans les pays qui voient actuellement le développement de la guerre populaire sur leur sol, comme en Inde et aux Philippines, mais aussi dans ceux où elle est actuellement en préparation, au Brésil notamment, elle est d’autant plus pressante que les pays du Tiers-Monde subissent de plein fouet la crise climatique, et concentrent en leur sein une bien plus grande étendue d’espaces naturels de grande importance que dans nos pays impérialistes. Impossible donc pour ces guerres populaires de faire l’impasse sur cette question.

Commençons par l’Inde. Si l’Inde n’est qu’à la 110ème place de pays le plus boisé du monde, 23 % de son territoire le plus important est un vaste ensemble de forêts. Au sein de ces forêts, aux côtés d’une grande variété de plantes, d’arbres et d’espèces animales de toutes sortes, prospère la révolution indienne, plus grande menace intérieure du vieil Etat indien. Dans ces zones de l’Inde centrale, les problématiques environnementales se lient à la lutte des peuples indigènes, des paysans pauvres et des basses castes contre les projets impérialistes. Depuis des décennies, la bourgeoisie compradore indienne cherche à exploiter ce sol, car riches en minerais, qu’elle pourrait par la suite exporter. Ces projets d’extraction ont des conséquences désastreuses. Ces mégaprojets nécessitent une destruction accrue de l’environnement, impliquant la destruction de milliers d’hectares de forêt et de régions fluviales, entraînant ainsi la disparition programmée de milliers d’espèce animales et végétales, en plus de violer l’habitat traditionnel de nombreuses populations locales, illégalement expulsées et placées dans des campements aux conditions de vie indécentes. Les gaz qui émanent des explosions dans les mines, les gaz toxiques des industries lourdes et la pollution des hauts fourneaux, tous ensemble, intensifient de jour en jour la pollution atmosphérique. L’eau des rivières est aussi sévèrement polluée, empêchant toute consommation et emploi agricole par l’homme, et faisant baisser tragiquement la faune aquatique. La pollution des eaux fluviales devient globale dans cette énorme région de l’Inde, et brise le destin de beaucoup de communautés tribales et d’espèce vivantes. Tous ces problèmes ont des conséquences sur la santé du peuple. Maladies de la peau, cardiaques, surdité, accouchements prématurés, empoisonnements au gaz, la liste est longue et s’ajoute aux nombreux crimes déjà commis par les impérialistes étrangers, agissant par le biais des compradores indiens. La construction de barrages obsolètes dès leur construction a aussi des conséquences épouvantables. En mars 2020, le barrage de Polavaram a causé la noyade de 250 villages, et la disparition sous les eaux de milliers d’hectares de forêts. Les conséquences à long terme sont inquiétantes, car le phénomène de déforestation et de pollution des sols de ces zones forestières va entraîner la baisse des niveaux de pluie dans ces zones dépendant fortement de la mousson pour toutes formes d’activités agricoles. Cela n’arrêtera pas les grands groupes industriels indiens, qui comptent bien persister dans leur exploitation criminelle de ces mines pour le simple profit.

Ces nombreux et graves problèmes sont au centre de la révolution indienne. Agissant notamment au sein des populations tribales, le Parti Communiste d’Inde (maoïste) attaque sans relâche ces projets miniers, au cœur des problématiques du pays. Selon lui et à raison, le nœud du problème est l’impérialisme, qui saigne le pays et ses ressources naturelles à blanc, au mépris total de l’intérêt général. Une grande partie des actions armées de la PLGA (Armée Populaire de Guérilla de Libération) est menée contre ces sites d’extraction, incendiant leurs matériels et rendant leurs conditions d’exploitation impossibles. En conséquence, la destruction des forêts est rendue plus ardue, expliquant le grand nombre de forces de répression envoyée pour mater, en vain, le mouvement révolutionnaire. Sur le plan politique, le Parti et son front uni lutte aux côtés des populations tribales, les éduquent sur les manigances du vieil Etat indien et de ses alliés, et sur la nécessité de rejoindre la révolution démocratique. L’impérialisme pousse l’Inde à exploiter son sol d’une manière totalement contraire à ses intérêts. Au lieu de se concentrer sur le développement national, de permettre à l’ensemble de sa population de vivre dans la dignité et le respect, la bourgeoisie corrompue exploite uniquement les régions où de la matière première peut être exportée après extraction. De tout cela ressort une Inde sous-développée, dépendante de l’impérialisme pour sa survie, détruisant son propre environnement au détriment de sa propre population. Les visées des révolutionnaires indiens sur ces questions sont donc claires. En menant la révolution de Nouvelle Démocratie, l’exploitation du territoire national se fera de manière plus raisonnée, tout simplement parce qu’elle se fera en fonction des intérêts de tous, et dans le respect de la biosphère. La cause des maux environnementaux de l’Inde vient d’une exploitation déraisonnée, un pillage accéléré de la terre et de l’eau qui ne peut avoir aucune répercussion positive à long terme, si ce n’est que pour une fraction infime de la population. L’Inde n’est pas un pays pauvre condamnée au cataclysme écologique, mais un pays de gens pauvres dirigée par une classe suicidaire malgré elle. Les ressources abondent, mais sont mal exploitées. Avec la planification, permettant un usage raisonné du sol et des ressources en général, le nouvel Etat indien de Nouvelle Démocratie en formation pourrait non seulement nourrir tout le peuple à sa faim (l’Inde dispose de 1 million de km2 de terres arables, soit le tiers du territoire national), mais pourrait aussi préserver de manière non négligeable les forêts de mousson tant menacées par l’exploitation minière, saignée sur l’autel de la division international du travail (phénomène entraînant la spécialisation des pays du Tiers-Monde à la seule exportation de matières premières, et leur dépendance économique vis-à-vis des pays impérialistes pour se fournir des produits manufacturés plus complexes).

Dans le cas des Philippines, la situation est très similaire. L’Asie du Sud-Est est particulièrement menacée par le réchauffement climatique, et ce pour les mêmes raisons qu’en Inde. Les Philippines sont majoritairement un pays rural, avec beaucoup de ressources naturelles sur son sol. L’île de Mindanao, troisième grande île principale de l’archipel et bastion de la révolution aux Philippines, est particulièrement touchée par ces grands projets. Tout d’abord, il y a eu la dénudation des forêts due à l’abattage sauvage, puis le monopole foncier et la destruction complète de vastes étendues de terres pour les plantations de monocultures, et maintenant la destruction complète et l’épuisement des terres minérales par l’exploitation minière à grande échelle. Tout cela a entraîné des catastrophes périodiques aux effets désastreux pour Mindanao. Tout cela provoque de l’érosion, des glissements de terrain et de l’envasement, empoisonne et pollue les ressources terrestres, atmosphériques, aquatiques et marines, le tout au détriment complet des paysans pauvres et des peuples indigènes. L’Etat bourgeois peut compter sur ses soutiens impérialistes à l’étranger, et sur une cohorte de médias serviles qui vont vanter continuellement les bienfaits de ces projets. Mais la présence de la NPA (New People’s Army), rend la tâche difficile aux réactionnaires philippins. Comme en Inde, les révolutionnaires attaquent continuellement ces grands groupes, et les poussent continuellement à la retraite. Pour les révolutionnaires, punir ceux qui empoisonnent la terre et pillent le peuple est un devoir moral, tant et si bien que de nombreux sites d’extraction minier se transforment en des zones de combat acharnés. Dans les îles Negros, au nord de Mindanao, et donc dans le sud de l’archipel, le site de Sipalay, géré par le groupe PHILEX Mining Corporations, est surmilitarisé, appuyé par l’armée philippine qui échoue continuellement à mettre en déroute la NPA. Cette militarisation n’est pas étonnante, la destruction de l’environnement doit continuer, même si celle-ci nécessite la force explicite des fusils. Là encore, l’armée coopère avec les grands groupes industriels, chargés de détruire l’environnement au bénéfice des impérialistes étrangers. Pourtant, la guerre populaire avance, se saisit de ces questions qui sont obligatoires dans ce pays et dans tant d’autres.

Aux Philippines, la NPA ne laisse aucun répit aux projets impérialistes. Ici, les restes de l’équipement criminel de Platinum Groups Metals Corporations, retardant les projets miniers et faisant perdre aux compradores des centaines de millions de pesos

Au Brésil, alors que la vague de la révolution pointe à l’horizon, la question climatique est abordée d’avance par les révolutionnaires. Dans le journal A Nova Democracia (« Une Nouvelle Démocratie »), la question climatique est à de nombreuses reprises abordée. L’angle choisis par nos camarades brésiliens est d’autant plus intéressant qu’ils se penchent sur les solutions que proposent une partie décisive des masses : les peuples indigènes d’Amazonie. Selon des études récentes, les peuples indigènes sont la mémoire du monde. Par leur mode de vie, ils ont en mémoire une longue bataille de 295 000 ans pour la survie de l’humanité. Ils citent Sidimir Sanches, journaliste et professeur de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro pour tenir compte des leçons apprises :

« A) Les pratiques agricoles traditionnelles s’adaptent facilement au changement climatique : « Au fil des siècles, les peuples autochtones ont développé des techniques agricoles adaptées aux environnements extrêmes, comme les hautes altitudes des Andes ou les prairies sèches du Kenya. Des techniques efficaces éprouvées – telles que les terrasses pour prévenir l’érosion des sols ou les jardins flottants pour exploiter les champs inondés – sont bien adaptées aux phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes et à la température toujours croissante de la planète.

B) Conserver et restaurer les forêts et les ressources naturelles : « Les peuples autochtones se voient liés à la nature comme faisant partie du même système. Ils ont adapté leur mode de vie en fonction de leur environnement et le respectent. En montagne, ils développent une gestion paysagère qui préserve les sols, réduit l’érosion, conserve l’eau et réduit les risques de catastrophes. Dans les pâturages, ils s’occupent du pâturage et de la culture du bétail de manière durable, agissant dans la conservation de la biodiversité. En Amazonie, la diversité biologique des écosystèmes s’améliore dans les régions habitées par des peuples autochtones.

C) Les aliments et les traditions indigènes peuvent aider à élargir et à diversifier les régimes alimentaires : « Le monde est actuellement basé sur un certain ensemble de cultures de base. Cinq cultures seulement – ​​le riz, le blé, le maïs, le millet et le sorgho – sont responsables de fournir environ 50 % de nos besoins énergétiques. Débordant de cultures indigènes nutritives comme le quinoa, les systèmes alimentaires des peuples autochtones peuvent aider l’humanité à élargir sa base alimentaire étroite pour incorporer des variétés extrêmement nutritives d’herbes, de céréales, de fruits et de poissons.

D) Cultiver des cultures plus résistantes au changement climatique : « Comme de nombreux peuples autochtones vivent dans des environnements extrêmes, ils ont opté pour des cultures indigènes qui s’adaptent également aux conditions défavorables, résistantes à la sécheresse, à l’altitude, aux inondations et à d’autres conditions extrêmes. Utilisées plus largement dans l’agriculture, ces cultures peuvent contribuer à renforcer la résilience des localités désormais confrontées à des changements climatiques plus drastiques.

E) Ils gèrent une grande partie de la biodiversité mondiale : « Les territoires autochtones traditionnels couvrent (environ) 28 % de la surface terrestre mondiale, mais abritent (environ) 80 % de la biodiversité de la planète. Sa conservation est essentielle pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle humaine. Le pool génétique des espèces végétales et animales se trouve dans tous les biomes terrestres, tels que les rivières, les lacs et les zones marines. Basés sur un mode de vie (vraiment) durable, les peuples autochtones préservent ces espaces, contribuant à maintenir la variété des plantes et des animaux dans la nature. »

La révolution au Brésil, mais aussi dans bon nombre d’autres pays, a tout intérêt à étudier ces leçons, car non seulement elles nous permettent d’appréhender d’une meilleure façon notre relation avec notre planète, elle rend compte d’une compatibilité étonnante avec le projet socialiste. Le socialisme, et plus tard le communisme, est une société caractérisée par une production scientifiquement planifiée. Fini le modèle unique d’agriculture qui ne profite qu’à des intérêts de rentabilité ! Fini la production inutile et sans limites ! Dans le cas particulier du Brésil, cette compatibilité de projet sera d’une importance capitale pour la révolution, qui pourra se mêler aux revendications des peuples indigènes, victimes tout comme l’écrasante majorité des paysans pauvres de l’oppression des propriétaires terriens, rasant la forêt la plus importante du monde, privatisant les terres et empoisonnant le sol, le tout sous le regard complaisant d’un gouvernement corrompu.

Les perspectives sont donc d’une très grande importance, d’autant que les pays du Tiers-Monde sont les premiers à souffrir de la catastrophe climatique. Dans notre article sur la surpopulation, nous avions indiqué que les pays impérialistes étaient les premiers responsables de la dégradation climatique, en raison de la surconsommation permise par le pillage permanent qu’est l’impérialisme. Comme pour toute problématique humaine de notre époque, seul le peuple sauve le peuple, et en l’occurrence, ce sauvetage a déjà commencé dans les pays du Tiers-Monde, et sera suivi inévitablement dans les pays impérialistes. Si notre mission est de sauver le peuple, elle est aussi de sauver la vie sur Terre, et la révolution nous montre déjà le chemin.

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