Gazoducs : la crise énergétique  en Europe est le terrain de jeu  des impérialistes

Gazoducs : la crise énergétique en Europe est le terrain de jeu des impérialistes

Vous avez sûrement entendu le mot « gazoduc » dans l’actualité ces derniers temps. Un gazoduc est une série de tubes de métal par lequel on peut transporter le gaz naturel, une ressource très utilisée pour produire de l’énergie. En fait, c’est même la troisième ressource énergétique mondiale !

Les pays de l’Union Européenne, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Italie, sont fortement dépendants de cette ressource. Les principales réserves de gaz se trouvent en Russie. Vous voyez venir le problème ? Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les puissances impérialistes d’Europe, comme la France, l’Allemagne ou l’Italie, s’opposent à l’impérialisme russe à cause de la guerre

Nord Stream : les montagnes russes jusqu’à la chute

Alors, immédiatement, la question du gaz russe s’est posée : la Macédoine, la Finlande, l’Allemagne, l’Italie, et même la France, importent une grande partie de leur gaz de Russie. En septembre, le monopole russe Gazprom a annoncé que le grand gazoduc « Nord Stream 1 » qui relie la Russie à l’Allemagne, ne fonctionnerait plus sans date de reprise. Un autre gazoduc d’importance, « Nord Stream 2 » devait être construit et est finalement abandonné en mars 2022.

Le même mois, deux fuites ont lieu sur Nord Stream 1 et Nord Stream 2. Des dizaines de milliers de tonnes de gaz bouillonnent jusqu’à la surface de la mer : des explosifs ont servi à détruire des tronçons entier des gazoducs. C’est une énorme fuite, seule une opération de sabotage de grande ampleur peut causer de tels dégâts. Le 18 novembre, cette théorie est confirmée par une enquête menée en Suède qui a découvert des restes d’explosifs.

C’est la stupeur mondiale : les Ukrainiens accusent les Russes, les Russes les USA… En février 2022, Joe Biden, le chef de l’impérialisme états-unien, avait effectivement dit « si la Russie envahit […] l’Ukraine […] alors il n’y aura plus de (gazoduc) Nord Stream 2. Nous y mettrons fin. […] Je vous le promets, nous serons en mesure de le faire ».

Pourquoi ces projets étaient-ils si importants ? Et pourquoi tant d’opposition des américains ?

Nord Stream est un projet vieux de 25 ans, et le premier gazoduc (sur deux) fonctionnait depuis 2012. L’entreprise qui le finançait était détenue par du capital russe, allemand, néerlandais et français. Le chancelier allemand Schröder est même engagé par Gazprom après avoir terminé son mandat pour diriger le projet.

Dés le début du projet, les américains ont tenté de l’empêcher d’aboutir. Pourquoi ? Tout simplement car ce marché stratégique sur le plan de l’énergie entre les puissances européennes et les russes allait contre les intérêts de Washington. Trump, alors président, avait dit que les gazoducs russes rendaient l’Allemagne « prisonnière » de la Russie. Pas étonnant, quand on sait que l’Allemagne a des contrats pour du gaz naturel avec… les États-Unis !

Après avoir pensé résoudre tous leurs problèmes d’énergie avec Nord Stream, les impérialistes européens ont vécu de vraies montagnes russes. En quelques mois seulement, avec l’invasion en Ukraine, des milliards d’euros d’investissement et 25 ans de planification sont, littéralement, partis en fumée dans la mer Baltique !

Les nouvelles routes du gaz : les impérialistes européens se divisent, la crise s’installe

Maintenant que nous avons-vu que les espoirs de gaz russe en Europe ne sont plus réalistes à cause des tensions entre impérialistes, une question se pose : d’où vient alors le gaz que nous consommons en ce moment ?

C’est la Norvège et les États-Unis qui en profitent, en augmentant les prix ! Les USA ont même retiré leur soutien à des projets de gazoduc en méditerranée, qu’ils soutenaient financièrement, pour profiter de cette nouvelle part du gâteau.

Face à cette situation, il faut aller chercher de nouveaux partenaires qui seraient prêts à vendre pour moins cher. Dans ce contexte, 18 des 27 pays de l’UE ont signé un contrat de gaz cette année, et l’Italie et l’Allemagne en ont signé respectivement 12 et 8, des chiffres impressionnants ! La Commission Européenne elle-même est responsable de 9 contrats. Cela montre l’importance stratégique de la question du gaz sur notre continent.

Cet été, Macron est allé chercher le gaz en Algérie, tout comme l’Italie. L’Espagne coopère a v e c la France pour augmenter ses exportations. L’UE a signé un deal avec l’Azerbaïdjan, dont elle avait pourtant condamné les atteintes aux droits de l’homme. Quelle hypocrisie ! Surtout que l’Azerbaïdjan profite depuis peu de nouveaux investissements russes dans le gaz, ce qui fait grincer les dents en Europe !

Les différentes puissances impérialistes en Europe rentrent en concurrence les unes avec les autres à cause de cette situation. Chacun veut son gaz pour l’hiver. Les voisins de l’Allemagne se demandent si Berlin acceptera de « partager » son gaz, ou gardera ses précieuses ressources. A Prague, en République Tchèque, une manifestation anti-gouvernement a demandé d’ignorer les sanctions européennes et d’acheter du gaz russe, sans lequel le pays ne peut pas tourner.

En UE, les négociations pour un prix maximum du gaz sont tendues. La Commission s’oppose à la Belgique, l’Espagne, l’Italie… L’impérialisme français, dépendant du nucléaire et moins du gaz que les autres, profite de cet avantage. Un nouveau meeting d’urgence sur l’énergie est prévu pour résoudre cette délicate situation.

Bref, pendant que les impérialistes courent comme des poulets sans tête à la recherche du marché idéal, le froid s’installe, et avec lui, la crise. L’exemple du gaz démontre que nos sociétés impérialistes sont construites sur l’exploitation des ressources naturelles des pays du Tiers-Monde et sur des routes commerciales tenues par les grandes puissances. Le prix de leur guerre économique ne sera pas payé à Bruxelles, à Berlin ou à Paris par les dirigeants bourgeois. C’est encore et toujours nous, prolétaires et gens du peuple, qui seront les dindons de la farce. N’attendons pas que les prix flambent, attaquons leur manège insupportable !

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