Nantes : témoignage sur la lutte des éboueurs

Nantes : témoignage sur la lutte des éboueurs

On a été à la rencontre des éboueurs du dépôt de la Janvraie sous le pont de Cheviré, situé dans une zone industrielle a l’ouest de Nantes. Leurs luttes, leur détermination sont exemplaires. La solidarité, la stratégie et la coordination dont ils font preuves doivent être des lignes à suivre dans tous nos lieux de travail ! Face à cela les dirigeants de Nantes Métropole tentent de faire pression sur eux, par des menaces, des intimidations.

Notre rôle en tant que révolutionnaires est de se tenir à côté de notre classe, de soutenir leur juste lutte ! Sous le capitalisme, la bourgeoisie méprise ce métier pourtant essentiel ! Alors qu’ils devraient être reconnus à leur juste valeur ! Les conditions de travail sont rudes et cette réforme les pénalise particulièrement. Un chauffeur, qui travaille depuis longtemps dans l’entreprise a accepté de témoigner pour la Cause du peuple :

CDP : Comment se déroule la lutte dans votre secteur, ça s’est passé comment ici ?

« Avant il y avait un seul dépôt, vers petit port. On était plus de 200 Éboueurs. Il y avait une bonne solidarité, on avait une force de frappe importante. Quand on faisait grève rien n’entrait rien ne sortait. Et parfois ça débordait sur les lignes du tramway. Ça foutait un gros bordel et on a obtenu des victoires importante grâce à nos luttes. Alors la municipalité nous a menacé à plusieurs reprises qu’ils voulaient nous casser : ‘’on va vous séparer’’ ils nous disaient. C’est ce qui a fini par arriver. On a été divisé en plusieurs points a travers la ville. Maintenant il y a 3 dépôts en bord de Nantes -Cheviré, Prairie de Mauve, Carquefou- bien éloigné les uns des autres, malgré une grève qui a durée plus de 3 semaines contre cette restructuration. On a perdu la bataille mais on a renforcé les liens de solidarité entre nous et ça continue encore aujourd’hui. »

CDP : Vous avez obtenu des victoires dans le passé ?

« Oh oui. A l’époque on était payé sur la base d’une mauvaise grille de salaire. On était aligné sur celle des ouvriers poseur de placo. C’est-à-dire qu’on était payé sur la base d’un taux par jour alors que normalement quand on est éboueur, on doit être payé sur une base de deux taux par journée de travail.

CDP : Comment avez-vous appris ça ? Comment s’est organisée cette lutte ?

C’était en réunion syndicale, un peu de manière informel. Un gars l’a remarqué on en a parlé et après on a mené l’enquête. Ça a été long à se mettre en route, on a fait des rassemblements au début pour expliquer les trucs aux collègues, dans les dépôts etc… Mais dès que ça a été compris, paf c’était direct la grève. Ça a été même jusqu’au tribunal administratif ! Et c’est remonté sur 3 ans de salaire perdu. On a obtenu environ 5000 francs chacun à l’époque.

« Ici c’est toujours la lutte »

« On manquait de mec. Les agents de maitrise sont venus nous dire qu’il n’y avait pas assez d’embauche, il manquait de main d’œuvre de personnel. Alors on a fait grève une journée avec les camions devant la mairie. Les politiciens les ont accueilli en disant « oh mais il suffisait de nous le dire avant ? » et puis ils ont embauché plus de monde. Mais les politiques, les patrons, c’est des mesquins, ils grattent toujours tant qu’ils le peuvent. Moins ils donnent, mieux c’est pour eux. Si tu demandes pas, t’a pas. Et ils jouent là-dessus, sur le fait que les gens osent pas demander. Et donc ici c’est toujours la lutte ! ‘’

CDP : Comment se passe la lutte contre la réforme des retraites actuelle ?

« C’est nous qui leur faisons la misère. Ici c’est pas comme dans les autres entreprises. On nous casses pas les couilles, on rentre dedans. C’est dure pour eux (les patrons/directeurs) -rires-. On se laisse pas faire ! Mais parce-que c’est un milieu difficile. On travail dehors tout le temps. Les conditions sont compliquées. Avant y’avait beaucoup de stéréotypes sur nous, comme quoi on était tous alcooliques parce-que certains picolaient pour tenir face aux conditions de travail. Maintenant y’en a qui ont des problèmes respiratoires, des problèmes de dos, de clavicules, d’épaules ou même des problèmes de vue pour les chauffeurs. Pour un éboueur avant la réforme c’était 55 ans et avec la réforme c’est 59 ans. Et encore sans compter les annuités, ça peut aller plus. Et moi je suis chauffeur, on passerait de 62 a 64 ans. C’est vraiment pas possible ! En plus, la loi ne prendra plus en compte tout cette pénibilité ! Le gouvernement nous dit « acceptez la réforme et on parlera de la pénibilité après » mais on le connait bien ce discours. Ils essayent de nous avoir et d’aller toujours plus loin dans l’exploitation des gens pour leur profit. C’est une réforme complètement injuste. »

CDP: Vous êtes en lien entre les 3 dépôts ? Comment ça s’organise a l’intérieur la grève ? Vous avez des liens avec les autres éboueurs de Nantes Métropole ?

Ici c’est la CGT principalement. Notre délégué syndical/secrétaire nous appui. C’est nous qui décidons quand est ce qu’on fait grève. On attend pas que ça vienne d’en haut. On s’organise a la base, on dit à notre secrétaire nos revendication et nos modes d’actions. Il signe le préavis -de grève- et c’est parti. On est pas en en lien avec les autres éboueurs de la métropole, c’est des boîtes privé comme Veolia. C’est plus compliqué. Eux ils étaient en grève mardi -le 7mars- mais on n’en sait pas plus. Par contre on est en lien entre nous sur les dépôts de la ville de Nantes qui est un service publique. Grâce aux réseaux -sociaux- tout ça, ça aide a faire les choses. Par exemple on est en grève depuis mardi -7 mars- les 3 dépôts, ensemble. Et on va continuer. -La grève est reconduite jusqu’à mercredi 15 mars et samedi prochain ils refusent d’aller ramasser les déchets du plus grand marché de la ville.- On se coordonne entre nous et on tient ! On a trouvé différentes stratégies qui fonctionnent et qui permettent à tous de faire la grève, d’économiser de l’énergie, de pas perdre trop de salaire et de tenir sur le long terme. Mais aussi pour permettre de protéger les intérimaires -les camarades nous ont demandé de faire preuve de discrétion concernant leur stratégie-. Depuis le trisac et la restructuration de notre travail, ils ont licenciés pas mal de gars et embauchent maintenant des auxiliaires, qui vont d’un point à un autre en fonction du bon vouloir de la direction, des intérimaires quoi.

CDP : il y a des luttes pour intégrer les intérimaires ?

Alors ça dépend. Les conducteurs c’est plus compliqué parce qu’il faut avoir un diplôme de la fonction publique. Mais les ramasseurs oui. Bien sûr qu’on veut les intégrer. On veut toujours plus d’embauche ! On a toujours besoin de bras !

‘‘Nantes, ville verte innovante au détriment des travailleurs’’.

« Leur système trisac, c’est minable. L’usine à coûtée des millions. Avec une machine à tri optique etc… Ils ont voulu faire comme en suède, se donner une image innovante, techno-écolo. Mais ça marche mal. Les mentalités sont différentes et le système fonctionne mal. On a perdu plus de 21 éboueurs avec cette nouvelle usine. Donc une cadence plus élevé pour ceux restant. 10 ans après ils finissent par s’en rendre compte. On leur avait dit pourtant qu’on trouvait que c’était un mauvais système, alors on va aller vers sûrement à un retour au tri a l’ancienne…

-Cest un cas d’école, on robotise, on augmente la cadence, on fragmente le travail encore plus et au final ça pèse sur le dos des ouvriers. Plutôt que d’aider dans leur tâche, l’automatisation de l’organisation de la production capitaliste par la bourgeoise vise le rendement, la rentabilité toujours au détriment des travailleurs-.

« Et avec ce retour au tri comme avant, nous ce qu’on veut c’est garder à tout prix la collecte à trois -éboueurs- et maximum 700 à 800 poubelles par jour et par équipe. Et bien sûr embaucher du personnel pour pouvoir avoir un rythme raisonnable. On veut pas que ça se passe comme dans le privé où ils sont à 1000 voir 1200 poubelles par jour de 6h a 15h. C’est pas possible. Ce seront les prochaines batailles à gagner ! Mais en tout cas ça fait du bien de voir de la rébellion et de la solidarité ! »

Nous remercions sincèrement le camarade d’avoir répondu à nos questions pour témoigner sur l’histoire de leur lutte, leur expérience et leur condition de travail. Soutenons les, serrons nous les coudes et prenons exemple sur nos camarades éboueurs ! Vive la classe ouvrière, vive la grève ! Vive la juste lutte des éboueurs de Nantes Métropole ! Osons lutter, osons vaincre !

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