Kanaky (« Nouvelle-Calédonie ») : Révolte kanak en cours [actualisé au 16 mai, 18h30]

Kanaky (« Nouvelle-Calédonie ») : Révolte kanak en cours [actualisé au 16 mai, 18h30]

Cet article a été actualisé le 16 mai à 18h30 heure française.

Pour une compréhension historique du Mouvement national kanak, nous vous conseillons la lecture de cet article, publié le mois dernier.


Mardi 14 mai, l’Assemblée nationale a adopté le projet de réforme constitutionnelle sur l’élargissement du corps électoral en Kanaky (“Nouvelle-Calédonie”), accélérant la colonisation française de l’archipel en intégrant 25 000 colons supplémentaires au corps électoral local (+20%), pour noyer la population kanak. Un vote du parlement réuni en Congrès aura lieu au mois de juin pour adopter définitivement la réforme.

Depuis lundi, le peuple kanak est en révolte, avec trois nuits d’affrontements. L’État impérialiste français n’a pas eu à faire face à une combativité telle en Kanaky depuis les années 1980. Manifestations, barrages routiers, pillages, incendies, etc. : des affrontements violents sont en cours, opposant indépendantistes kanaks et forces coloniales, en collusion avec des milices armées de colons français. Louis Le Franc, Haut-Commissaire de la République (Gouverneur colonial) en Kanaky, parle de situation « insurrectionnelle », avec « échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile [miliciens colons] à Nouméa et Pata » et d’une tentative d’intrusion à la gendarmerie de Saint-Michel.

Ce mercredi 15 mai, la présidente de la “Province sud” (majoritairement colonisée), Sonia Backès, demandait au Président français Emmanuel Macron de décréter l’état d’urgence et de mobiliser l’armée, alors qu’un couvre-feu était déjà en place depuis la veille. Sonia Backès, qui était ministre d’Emmanuel Macron l’an dernier, se dit victime de “racisme anti-blanc” et parle d’un “combat ethnique” contre les révoltés kanaks. Un “Conseil de défense” convoqué en début d’après-midi sous la présidence d’Emmanuel Macron a préparé la réponse militaire globale de l’État impérialiste français, décrétant l’état d’urgence sur place en envoyant l’armée, et interdisant le réseau social Tiktok, sur lequel les indépendantistes partagent des vidéos de colons armés tirant sur des kanaks.

Le gouvernement français et les médias impérialistes justifient la répression non pas contre le gouvernement de « Nouvelle-Calédonie » directement, mais contre la CCAT (Cellule de coordination des actions sur le terrain), plateforme de mobilisation indépendantiste lancée en 2023 par plusieurs syndicats et partis, dont l’Union calédonienne (membre du FLNKS), le Parti Travailliste et l’USTKE (l’Union syndicale des travailleurs kanak et exploités). Le 16 mai, le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin qualifie la CCAT d’« organisation de voyous », de « mafieux », et de « groupuscule qui se dit indépendantiste, mais qui en fait commet des pillages, des meurtres, de la violence ». Grâce à l’état d’urgence, 10 dirigeants indépendantistes de la CCAT ont été assignés à résidence.

Premier bilan chiffré [Actualisé au 16 mai à 18h30 heure française] :

  • 3 nuits d’affrontements ;
  • 3 kanaks sont morts, tués par des tirs de colons miliciens français : 17, 19 et 36 ans ;
  • 2 gendarmes sont morts par balle, dont un à la suite d’un « tir accidentel » d’un autre gendarme ;
  • “Des centaines” de civils blessés ;
  • 64 membres des forces d’occupation (policiers et gendarmes) blessés, dont 3 « par balle » ;
  • 50 détenus environ de la prison du Camp-Est (Nouméa) ont mené une double mutinerie, en prenant en otages 3 surveillants pénitentiaires, la nuit du 13 au 14 mai, puis une nouvelle révolte a éclaté la nuit du 14 au 15 mai ;
  • 206 personnes interpellées, dont 10 dirigeants indépendantistes de la CCAT assignés à résidence ;
  • 1170 membres des forces d’occupation sont présents sur place au 16 mai, l’État français prévoyant d’en acheminer 1000 de plus ;
  • 150 entreprises ont vu leurs outils de production brûlés ou détruits ;
  • Le patronat local estime le coût des dégâts à 200 millions d’euros.

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