L’impérialisme français devient le deuxième exportateur mondial d’armes

L’impérialisme français devient le deuxième exportateur mondial d’armes

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Sur le marché mondial de la vente d’armes, les USA sont de loin la puissance incontournable et inégalée, longtemps suivis par la Russie, l’autre superpuissance nucléaire. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les cartes ont été rebattues : la Russie inversant la tendance en achetant plus qu’en vendant. L’hégémonie US est elle conformée, les USA représentant en 2023 42 % des exportations mondiales, contre 34 % sur la période 2014-2018. Les ventes Yankies (USA) ont bondi dans le principal point chaud de la lutte inter-impérialiste contre l’influence chinoise montante : le Pacifique (Japon, Corée du Sud, Australie).

Dans ce jeu, la France se fait également une place de choix. En 2023, l’impérialisme français devient le deuxième exportateur mondial d’armes, passant devant la Russie. Cette concurrence se fait en partie en lutte avec l’impérialisme US : entre 2019 et 2023, si les importations européennes d’armes ont bondi de 94 % (quasiment doublées), les États-Unis représentent plus de la moitié des importations (55%). L’Ukraine, dont la défense repose largement sur la perfusion des puissances occidentales, principalement US, est devenu le quatrième importateur mondial d’armes.

L’an dernier, le parlement français a adopté la « Loi de programmation militaire », prévoyant une nouvelle restructuration des forces armées pour les années 2024-2030. Cette loi fixe en objectifs de « renforcer la souveraineté » française en outre-mer, soit le déploiement de l’armée, principalement dans le pacifique. Elle ambitionne aussi d’impliquer la « société civile » dans la défense, c’est à dire accélérer la militarisation de la population. En terme d’objectifs stratégiques, elle vise à donner les moyens à l’impérialisme français de mener des guerres de mouvement, là où il a principalement l’expérience des guerres asymétriques, et de maîtriser les « nouveaux espaces de conflictualité » : la cyberdéfense, l’espace et les fonds marins. L’État va mettre sur la table 413 milliards d’euros, soit une hausse de 40 % des dépenses militaires.

L’impérialisme français est le seul au sein de l’Union européenne à disposer d’une armée crédible et surtout, la seule puissance nucléaire. En terme d’expérience militaire, le constat est similaire : l’armée française est déployée sur plusieurs théâtres depuis plusieurs décennies, et n’a pas été une seule fois en paix depuis 1945. Avec les départs récents du Sahel, une grande partie des troupes sont remobilisées en Europe de l’Est dans le cadre de missions de l’OTAN. Toujours sur la période 2019-2023, les exportations françaises d’armes ont augmenté de 47 %. Les trois quart de ces ventes se font avec des États du Moyen-Orient et de l’Asie-Pacifique, notamment avec la vente d’avions de combat Rafale à l’Inde, au Qatar et à l’Égypte.

Poussée par la guerre en Ukraine, une lutte est en cours en ce moment entre fractions des différentes bourgeoisies européennes pour construire « l’Europe de la défense » : d’un côté, l’impérialisme allemand redoute de donner une place trop importante à son concurrent français et lui préfère toujours le grand allié américain (via l’OTAN), d’un autre, la France souhaite s’ouvrir d’avantage le marché européen, tout en conservant sa position de première puissance militaire en Europe. C’est en partie dans ce cadre que Macron a proposé de mutualiser la « dissuasion nucléaire » française avec les autres États de l’UE.

Quoi qu’il en soit, l’industrie de l’armement est fermement soutenue par l’ensemble de la classe politique française, de droite comme de « gauche ». Au mois de mars, après adoption par le Sénat, une proposition de loi portant sur le financement de l’industrie de l’armement par le Livret A (traditionnellement dédié logement social) a été présentée à l’Assemblée nationale. Bien que finalement rejeté, le premier réflexe des députés d’opposition LFI-NUPES a été de soutenir un amendement de fléchage du budget vers les « petites et moyennes entreprises » de la défense. La guerre impérialiste oui, mais les PME avant tout ! Le problème de la guerre et des « intérêts fondamentaux » de l’État impérialiste français fait tomber les masques, et les masses populaires ne doivent pas s’y tromper.

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