Dans les prisons, catastrophe sanitaire et mutineries.

Alors qu’une grande partie de la population mondiale expérimente l’enfermement, qu’en est-il, justement des personnes en taule ? Les mesures de confinement rendent la situation encore plus insupportable derrière les barreaux. Et la révolte éclate.

Rappelons qu’une immense majorité des personnes détenues viennent du prolétariat et ont subi de plein fouet la violence de cette société. Il ne s’agit pas de se voiler la face : bien sûr, on trouve tous les types d’individus antisociaux dans les prisons – notamment ceux tombés dans les trafics, les idéologies réactionnaires, ou encore le cannibalisme social, comme le vol d’autres pauvres, les violences, les viols…

Mais on trouve également, dans les taules, nos camarades Gilets Jaunes, bien sûr, des amis, de la famille, tombés pour pas grand chose. En prison, on ne trouve quasiment que des prolétaires. Balkany le bourgeois est sorti malgrès ses crimes, Théo l’ouvrier est resté sans preuves. Les prisons de l’Etat français, comme sa police et sa justice de classe, sont une honte, une aberration qui détruit des vies au quotidien. Et la pandémie n’a fait qu’aggraver les choses.

L’Etat a donc imposé une double peine. En plus de l’enfermement, des mesures très restrictives sont prises : suspension des parloirs (remplacés par quelques heures mensuelles de crédit téléphonique et la gratuité de la télé…), des activités collectives, etc. Mais les prisonniers restent à plusieurs par cellules, sans contrôle, dans des conditions sanitaires indignes, se croisent au travail, etc. Rien n’est fait non plus pour empêcher le virus d’entrer dans les prisons : à quoi bon suspendre les parloirs si les gardiens, infirmers, personels administratifs peuvent amener le virus ?

L’annonce de ces mesures a mis le feu dans certaines taules françaises qui ont suivi l’exemple italien. A Fleury-Mérogis ou Béziers, (vidéo diffusée par Le Poing ici) les détenus se révoltent, refusent de réintégrer leurs cellules, montent sur les toits – entraînant une répression féroce. A Uzerche, 88 détenus enfoncent les portes avec des béliers (vidéo ici). A Maubeuge, une violente révolte éclate également le 22 mars, comme à Longuenesse où les grillages sont arrachés. C’est une véritable explosion : Moulins, Rennes, Limoges, Nice, Meaux, Nantes, Carcassone sont également concernés.

Devant cette explosion généralisée, le gouvernement à laché quelques concession. Les prisonniers ont leurs familles à l’extérieur. Les scènes de révoltes sont aussi contagieuses que les virus. Les prisonniers ont droit à 2h d’appel par semaine et un peu de sous pour cantiner (acheter des choses utiles, car, en prison, rien n’est offert). Enfin, les télés sont gratuites le temps de l’épidémie (elles coutent habituellement assez cher, et le travail en prison est très mal payé, bien en dessous du smic).

Des détenus devraient être libérés pour désengorger les prisons. Une mesure de bon sens, puisque les cellules surpeuplées et les conditions d’hygiène infâmes facilitent grandement la propagation de l’épidémie qui a déjà traversé les murs ici et là. Les prisonniers viennent des couches les plus précaires de la société, et présentent bien plus de co-morbidité que la moyenne Mais seuls les prisonniers à deux mois de la fin de leur peine – ou six mois pour les longues peines, remplacés par des TIG, sont autorisés, si les détenus ont un logement où se confiner – alors que la plupart on perdu leur travail, et que 20% des détenus sont SDF à leur entré en prison.

La situation reste donc très tendue, et met en lumière un problème que beaucoup préfèrent ignorer dans l’Etat français : la justice de classe, le tout-sécuritaire, la répression des révoltes, ont conduit à un enfermement massif qui témoigne d’une conception complètement dépassée de la justice, typique de la classe dominante. Comme ailleurs dans la société, il ne pourra pas y avoir de retour à la normale après cette crise.

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