Pride, 2014

Le film Pride raconte la mobilisation d’un groupe de gays et lesbiennes en soutient aux mineurs en grève dans l’Angleterre de Thatcher au milieu des années 80.

Contexte historique

Margaret Thatcher est comparable à un Macron avec sa politique de rouleau compresseur en faveur de la bourgeoisie et qui condamne la classe ouvrière à la misère, au chômage, avec la fermeture d’une vingtaine de mines de charbon. Le charbon fournissait 75% de l’énergie, ce qui n’a pas empêché Thatcher de faire fermer les mines.

Mark Ashton, militant des jeunesses communistes et LGBT, s’engage avec le LGSM (Lesbians and Gays Support the Miners) auprès des mineurs en grève. Le collectif récolte des dons pour la caisse de grève en organisant des concerts, les villes minières sont alors frappées par la misère et le gouvernement gèle les fonds du syndicat national des mineurs pour leur couper les vivres.

Le film

Inspiré par ces événements, le film retrace l’engagement du LGSM avec les mineurs contre la fermeture des mines. On y voit dès le début les divergences au sein des LGBT : certains ne veulent pas soutenir les mineurs au pretexte que ce sont eux qui les ont harcelés durant leur jeunesse dans les milieux ruraux. Pour beaucoup de jeunes LGBT quitter la campagne et s’installer à la capitale c’est une manière d’y échapper et de se retrouver parmi les siens, c’était vrai à Londres dans les années 80, c’est toujours vrai aujourd’hui. Historiquement ce sont les communistes qui ont défendu l’unité avec les mineurs, bien que ce ne soit pas évoqué dans le film.

L’argent collecté par le LGSM leur vaut d’être invité dans une ville minière. L’acceuil est plutôt froid au début, du côté des gays et lesbiennes comme du côté des mineurs beaucoup d’appréhensions subsistent. Mais c’est la solidarité de classe qui prime et qui permet d’abattre les murs, comme l’exprime très justement l’un des personnages : « tu me soutiens et moi je te soutiens, qui que tu sois, d’où que tu viennes, on est côte à côte, main dans la main« .

Les gays et lesbiennes qui ont une longue expérience du harcèlement policier en font profiter les mineurs pour libérer des camarades retenus illégalement par la police. En apprenant que ce sont des homos qui les ont fait sortir, leurs préjugés homophobes commencent à s’effacer. C’est un vent libérateur qui va souffler dans la ville minière grâce à la solidarité et la présence du groupe LGBT, les barrières du patriarcat sont secouées, les jeunes hommes un peu coincés veulent apprendre à danser, les femmes s’interrogent sur leur vie sexuelle vis à vis de leur mari. La question « mais qui fait le ménage dans le couple » met en lumière le patriarcat sous son aspect le plus banal : la division du travail entre hommes et femmes.

Cette solidarité, une véritable solidarité de classe, permet aux fractures de se refermer. Ceux qui ont connu la stigmatisation toute leur vie, jetés par leur famille, retrouvent une chaleur humaine qu’ils avaient perdu et qui les avaient poussé à quitter leur région natale. Face à un puissant sentiment de classe, l’homophobie perd prise : pourquoi stigmatiser des frères et soeurs de classe qui luttent et servent le peuple ?

On voit aussi les revers de la lutte et les difficultés. La grève est un échec, les mines sont fermées, la direction syndicale a tourné le dos aux ouvriers. Le sida frappe alors de plein fouet, les amis meurent, se font agresser. Dans le reste de la société l’homophobie reste une oppression insoutenable. Beaucoup de LGBT pour cette raison continuent de se désintéresser des problèmes des masses populaires, ignorant leurs propres frères et soeurs LGBT qui ne font pas partie de leur cercle restreint.

La scène finale résume assez bien l’état actuel du mouvement LGBT : dépolitisé, refusant les slogans engagés, malgré la participation des mineurs à la Pride de 1985 et le soutient massif qu’ils ont apporté à la cause LGBT, on voit que la dissolution du mouvement est amorcée. Depuis les années 80 la cause LGBT a gagné en sympathie pour être récupérée par les libéraux et « progressistes » en tout genre, vidée de revendications politiques, séparée des problèmes que rencontrent les masses au quotidien.

Le film aborde toutes ces problématiques et les montrent comme elles sont, à travers les contradictions de genre et de classe. C’est un hommage à la lutte des mineurs, et des communistes LGBT, et une porte ouverte pour s’interroger sur l’impact du patriarcat dans nos vies.

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