Répression sur un jeune de 15 ans à Nantes – Témoignage

Le lundi 11 mai annonçait la fin du confinement. Après deux mois d’une crise sanitaire loin d’être finie, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de l’état français, notamment à l’appel de soigantes et de soignants. La manière dont nous vivons la pandémie du covid-19 est la conséquence directe de l’impréparation de l’état bourgeois. Il a attendu le dernier instant pour mettre en place à reculons des mesures sanitaires efficaces car contraires aux intérêts capitalistes. Fermeture des lieux de travail et d’enseignement, augmentation des lits en hôpital, production massive de matériel de protection…

Les manifestations de soutien aux soignant.es et de dénonciation de la
gestion gouvernementale de la crise ont été réprimé un peu partout :
Saint-Nazaire, Paris, Toulouse, Montpellier, Lyon… Aux arrestations et
matraquages s’ajoutent plus d’une centaine de verbalisations en moins de
deux semaines. « Le monde d’après » de la bourgeoisie ressemble beaucoup à
celui d’avant. Rien ne change.

A Nantes la répression a pris le visage d’une garde à vue pour un jeune
de 15 ans. Il était venu applaudir les soignant.es devant le CHU de Nantes, avec environ 300 personnes le lundi 11 mai, et avait lancé un appel à manifester samedi 16 mai sur les réseaux sociaux. La police est venue le chercher chez lui le mercredi 13, dès 8h.

Interview –

La Cause du Peuple. Tu peux nous raconter ta garde à vue ?

« Je leur ai demandé pourquoi ils me plaçaient en GAV, aucune réponse à
part « tu dois bien savoir ». Arrivé au comico je vais dans le bureau de l’OPJ, je lui demande d’avoir mon avocat quand il y aura l’audition, ils me disent « Si tu prend ton avocate tu risques de rester plus longtemps car ça va prendre du temps »… Je leur ai dit peu importe, je veux mon avocate. Je vais en cellule, ils me coupent mon cordon, je vois le médecin, mon avocate n’a pas pu venir du coup j’ai vu un autre avocat avant l’audition. »

La Cause du Peuple. Tu es sous contrôle judiciare à cause de ton implication dans les Gilets Jaunes, ils s’en sont aussi servis comme
prétexte pour t’arrêter ?

« Oui mon contrôle judiciaire m’interdisait de me rendre à des rassemblements ou manifs, de fréquenter ce qu’ils appellent « black
block ». Je dois aussi être chez moi tous les soirs dès 19h. »

La CDP. Qu’est-ce qu’ils te reprochaient ?

« La police me pose les questions basiques sur mon âge, ma ville… Ils me parlent ensuite des faits qui me sont reprochés (appel à manifester et avoir été au rassemblement devant le CHU). Il (l’OPJ) me demande si
c’est bien moi le propiétaire de la page (de laquelle avait été lancé l’appel à manifester le 16 mai), je leur dis que oui, ils mettent la pression « t’es sûr que t’es pas seul », « tu connais pas les gens qui ont créé l’appel pour se rassembler au CHU… » Je lui répond que non. Il me dit que dans l’appel à manifester pour le 16 mai, j’appelle à la violence car en description j’ai écrit « révolution ». Ils me disent que c’est soit disant interdit de faire un appel. Ils me parlent après du 2ème fait.

Ils me demandent si j’étais au rassemblement au CHU, j’ai tout nié, mais ils avaient des preuves (vidéos, photos et sans doute des RG). Au moment de me replacer en GAV le policier me dit « t’es sûr de ce que tu viens de dire en audition », je lui redemande de refaire une audition. J’avoue les faits. »

La CDP. Et ensuite, qu’est-ce qu’il se passe ?

« Au bout de 24h je suis déféré au tribunal, avec un camion cellulaire rien que pour moi, placement dans les geôles puis je vois le juge… J’ai pas eu de suite judiciaire pour l’appel, mais j’suis mis en examen pour non-respect de contrôle judiciaire.

J’avais besoin de sortir sachant que j’ai été en centre de détention à Gradignan, Bordeaux (quartier mineur) pendant deux mois. Et voilà… 24h
de garde à vue, déférement au tribunal, pour avoir applaudi le personnel
hospitalier. Et pour avoir appelé à une manifestation… »

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