La répression des révoltes aux États-Unis démontre la nécessité d’une stratégie révolutionnaire

Le lundi 1er juin, Donald Trump s’est exprimé depuis la maison blanche. Il a demandé aux gouverneurs des cinquante États des États-Unis de déployer la garde nationale pour mettre fin aux révoltes faisant suite au meurtre raciste de George Floyd par un policier à Minneapolis (Minnesota). Dans cette allocution, Donald Trump a également affirmé qu’il déploierait les forces armées dans tous les États qui refuseront de déployer la garde nationale. Cette répression féroce qui s’abat sur les protestataires états-uniens démontre la nécessité d’une vraie stratégie révolutionnaire pour renverser l’État bourgeois capitaliste.

Les révoltes spontanées qui ont éclaté à Minneapolis et dans la plupart des grandes villes états-uniennes depuis le lundi 26 mai sont progressistes, elles s’attaquent directement au racisme institutionnel au sein de la police, mais aussi au sein de toute la société états-unienne. En effet, aux États-Unis, les noirs, pour la plupart descendants d’esclaves, représentent le cœur du prolétariat, ils vivent souvent dans des quartiers pauvres, occupent des emplois d’ouvriers et connaissent la précarité, qui a grandement été aggravée par la crise du Covid-19. L’explosion sociale spontanée de Minneapolis est donc une explosion sociale menée directement par les franges les plus exploitées de la population, les franges de la population qui quotidiennement subissent le harcèlement raciste de la police, les franges de la population ayant le plus intérêt à renverser le système capitaliste.

Alors, lorsque la population se révolte dans les quartiers noirs pauvres, le soulèvement est souvent tellement puissant que pendant quelques heures, voire quelques jours, les forces de répression de l’État sont mises en échec. C’est ce qu’il s’est passé en cette fin de mois de mai à Minneapolis mais aussi à Philadelphie, Los Angeles, Atlanta et dans d’autres grandes villes des États-Unis. Des policiers ont du battre en retraite, abandonner certains quartiers, leurs véhicules, voire même leur commissariat, comme à Minneapolis où un poste de police a été totalement détruit par les flammes.

À Atlanta, des policiers totalement dépassés par la puissance des révoltes

Si le rapport de force a pu être pendant quelques jours du côté des manifestants dans certaines villes, c’est car la puissance des révoltes a surpris les autorités. Les forces de répression n’étaient donc pas préparées à une telle explosion sociale et ont été totalement dépassées par les évènements. C’est ce qu’il s’était passé également à Los Angeles lors des émeutes de 1992 suite à l’acquittement par la justice de plusieurs policiers ayant violemment tabassé un homme noir. Cette année là, pendant cinq jours, l’État avait totalement déserté certains quartiers.

Aujourd’hui, l’utilisation de ce qui peut être considéré comme une loi martiale par Trump, le déploiement massif de militaires et de la garde nationale partout sur le territoire états-unien et la répression féroce tant policière que judiciaire des manifestants démontre que, dans l’état actuel des choses, les forces réactionnaires de l’État ont le dessus sur les manifestants, car même si elles ont mis plusieurs jours avant de réussir à s’organiser concrètement pour riposter, elles y sont arrivées. Nous pouvons d’ailleurs constater que la nuit du 1er au 2 juin a été plus calme que les nuits précédentes. Non pas que la colère soit redescendue, mais les forces de répression sont désormais capables de quadriller les grandes villes afin d’écraser dans l’oeuf toute émeute. L’évacuation ultra violente des abords de la maison blanche afin que Donald Trump puisse sortir devant les caméras démontre cela. L’État bourgeois dispose par ailleurs de bien plus de moyens que simplement sa force armée. Le couvre feu, mis en place dans la plupart des grandes villes du pays, permet de mettre de lourdes amendes aux émeutiers récalcitrants, faisant souvent partie des classes les plus pauvres, et n’ayant donc pas les moyens de payer. La mise en détention provisoire de nombreux protestataires arrêtés lors des révoltes permet également de faire fondre les rangs des manifestants. Le scénario est donc toujours le même : des révoltes spontanées et désorganisées éclatent, pendant quelques heures ou quelques jours, les protestataires prennent le dessus sur la police, mais cette dernière se réorganise très rapidement pour reprendre le contrôle en faisant usage d’une violence inouïe. C’est de cette manière que s’étaient déroulées les émeutes de Los Angeles en 1992 : après cinq jours d’insurrection, la répression tant judiciaire qui policière avait permis aux forces réactionnaires de reprendre le contrôle de l’ensemble de la ville.

Du 29 avril au 4 mai 1992, la ville de Los Angeles connaît des révoltes de très grande ampleur

La répression féroce des révoltes démontre donc la nécessité d’une réelle stratégie révolutionnaire. En effet, ce serait une erreur de penser que, parce que les forces réactionnaires sont capables d’écraser des révoltes spontanées, elles gagneront toujours. En effet, si elles en sont capables, c’est car dans l’état immédiat des choses, elles sont mieux organisées que les personnes qui se révoltent, car elles contrôlent l’ensemble de la société. Face à cet état de fait, les personnes qui se révoltent doivent s’organiser afin d’établir un réel rapport de force, afin d’être en mesure de mener des offensives victorieuses contre les forces réactionnaires bourgeoises. Nous pourrions donc résumer cela ainsi : nos ennemis sont organisés, nous devons l’être aussi.

Pour être victorieuses, les masses populaires doivent mener la guerre populaire prolongée, car cette stratégie ne repose pas sur la spontanéité mais sur l’organisation. La guerre populaire prolongée est une stratégie révolutionnaire de long terme qui permet aux révolutionnaires, en accumulant petit à petit les forces, de devenir plus puissants que les forces capitalistes. Une telle stratégie nécessite une direction politique capable d’analyser la situation afin de déterminer ce qui doit être fait. Cette direction, ce doit être le parti communiste, un authentique parti communiste révolutionnaire, qui assume son rôle, qui assume qu’il est là pour mener les masses populaires à la révolution et à la prise de pouvoir. Car si spontanément, sans réelle organisation, les masses populaires ont été capables pendant plusieurs jours de mettre la police en échec, alors il est évident qu’avec une réelle organisation et une réelle stratégie, les masses populaires sont capables d’obtenir toutes les victoires et de prendre le pouvoir pour instaurer le socialisme afin de marcher vers le communisme.

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