Canicule et classes sociales

La canicule revient désormais chaque été. Et celle de cet été risque d’être la plus chaude depuis 2003. Et, il faut le rappeler, nous ne sommes pas tous égaux face à la chaleur. La canicule est une question de classe.

En 2003, lors de la grande vague caniculaire ayant fait 15 000 morts en France, la Seine-Saint-Denis, pourtant loin d’être le département le plus chaud de France, a été le second département à compter le plus de morts. A l’échelle nationale, la surmortalité a été de 60%, elle a été de 147% dans l’Essone, de 161% dans les Hauts-De-Seine, de 160% en Seine-Saint-Denis et de 171% dans le Val-De-Marne : des départements prolétariens, pauvres, avec pourtant un âge moyen plus jeune.

La grande bourgeoisie monopoliste provoque le réchauffement climatique. La moitié la plus pauvre des habitants des États-Unis  représente seulement un tiers des émissions de CO2 des 10% les plus riches. Et l’écart est encore plus abyssal avec les masses populaires des pays opprimés. La consommation d’un prolétaire américain, pourtant rendue très polluante par le mode de production capitaliste, ne suffirait pas à provoquer le désastre climatique actuel.

L’urbanisation capitaliste elle même ne prend absolument pas en compte les besoins des habitants et habitantes : l’étalement urbain, le béton, l’absence d’espaces verts et de contacts avec la nature, l’absence de zones humides ou boisées rend l’atmosphère encore plus étouffante. Il y a bien plus de parcs dans le XVIe qu’à Aubervilliers, pour une moindre densité de population ! La population bourgeoise a des villas bien isolées, des voitures climatisées, travaille dans des lieux frais…

Ce ne sont pas les bourgeois qui vont bosser à l’usine, sur les chantiers, faire le ménage sous le climat accablant de l’été. Avec des moyens, on peut aller en vacances dans un hôtel climatisé pour tout l’été, et même à l’étranger malgré cette période de COVID. Celles et ceux d’entre nous qui auront la chance de s’offrir un week-end ou quelques jours à l’ombre avec la famille et les amis devront retourner trimer en plein cagnard le lundi.

Mais c’est aux prolétaires qu’on vient faire la morale ; sur le gaspillage d’eau (qui ne choque plus les médias lorsqu’il s’agit d’entretenir des golfs ou pour une agriculture intensive de maïs dans des régions sèches), sur l’utilisation de trop d’énergie, sur l’incivilité provoquant des pollutions…

Il faut affirmer réalité : la bourgeoisie provoque le dérèglement climatique, n’a pas besoin d’assumer quoique ce soit, se prélasse pendant que les prolétaires triment sous la chaleur et que leurs anciens en meurent prématurément.

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