Le 8 mars, un héritage du mouvement socialiste des femmes

Le 8 mars, un héritage du mouvement socialiste des femmes

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Tous les ans au 8 mars se tient la journée internationale de lutte des femmes, qui vise à célébrer et mettre en avant la juste lutte des femmes prolétaires pour leur émancipation au travers de la révolution socialiste.

L’histoire de la journée internationale de lutte des femmes commence au sein de la Seconde Internationale, lors de la deuxième Conférence des Femmes Socialistes, qui se tient à Copenhague en août 1910. C’est sur une proposition de la camarade Clara Zetkin1 qu’est adoptée la proposition de principe d’organiser une journée permettant de mobiliser les femmes « en accord avec les organisations politiques et syndicales du prolétariat dotées de la conscience de classe », sans pour autant se munir d’une date pour la tenue de cette journée. Créée par le mouvement socialiste de l’époque, cette journée a alors pour objectif de formaliser une opposition au féminisme bourgeois, très influent à l’époque, et rassembler les femmes révolutionnaires en défense du féminisme prolétarien, de l’émancipation des femmes par la libération du prolétariat. C’est à la suite de cette décision qu’est organisée l’année suivante la première journée internationale de lutte des femmes, le 19 mars 1911, avec comme revendication principale l’obtention du droit de vote pour toutes les femmes, comme décidé lors de la Conférence des Femmes Socialistes. Cette première manifestation est très largement suivie dans de nombreux pays européens où près d’un million de personnes participent à des manifestations.

Dans les années qui suivent, entre 1911 et 1915, d’autres journées similaires sont organisées dans différents pays européens et en Russie, continuant de porter les revendications de droit de vote pour les femmes. La date du 8 mars apparaît pour la première fois durant cette période, en 1914 en Allemagne, où est organisée une journée de lutte pour l’obtention du droit de vote par les femmes socialistes. C’est vers la fin de la Première Guerre mondiale que l’on retrouve cette date du 8 mars, dans la Russie de 1917, avec cette fois-ci de nouvelles revendications. Les femmes ouvrières de Petrograd se mettent en grève, en exigeant du pain pour pouvoir se nourrir et nourrir leurs enfants, et le retour de leurs proches partis au front dans une guerre inter-impérialiste injuste qui ne leur apporte que misère. Cet événement est souvent considéré comme le début de la révolution soviétique. En souvenir de cette journée historique, le 8 mars est désigné comme « journée internationale de la lutte des femmes » en URSS à partir de 1921.

Le 8 mars s’impose ensuite progressivement dans l’ensemble du monde comme la journée internationale des femmes, portant des revendications d’accès au travail, d’égalité salariale, de partage équitable du travail domestique. C’est d’abord principalement en Union soviétique et dans les pays socialistes que cette journée prend de l’ampleur, puis plus tard au sein de la République Populaire de Chine, avant de commencer à toucher les puissances impérialistes au cours des années 1960 et 1970. L’ONU ne décrète qu’en 1977 le 8 mars comme « journée internationale de la femme » en enjoignant à ses états membres de célébrer cette journée. Cette appellation de « journée internationale de la femme » est sujette à de nombreuses critiques, notamment à cause du flou revendicatif et de l’effacement historique qu’elle met en avant. Certaines organisations féministes libérales lui préfèrent le terme de « journée internationale des droits des femmes », tentant ainsi de mettre en avant la nécessité d’une égalité des femmes et des hommes aux yeux de la loi.

Cette appellation de « journée internationale des droits des femmes », elle non plus, ne reflète pas correctement la réalité historique de cette journée. Elle lui enlève son caractère de journée de lutte, de grèves des travailleuses au sein du mouvement socialiste. Ce nom place aussi l’accès aux droits comme la finalité de l’émancipation des femmes, comme si les inégalités prennent fin à partir du moment où il est écrit dans la loi que les femmes et les hommes doivent être égaux. Nous voyons bien que cela n’est pas le cas, que les femmes continuent à être celles qui s’occupent principalement des enfants et du travail domestique ; que les discriminations à l’embauche sont toujours d’actualité ; que les femmes continuent à être agressées, violées et tuées ; bref, que l’égalité effective n’est toujours pas atteinte. Se poser correctement la question de l’émancipation des femmes c’est le faire en tant que révolutionnaires, c’est le faire dans le contexte de la modification profonde de nos rapports de production, pour acquérir la liberté économique et politique des femmes par la mise à mort de l’ancien monde capitaliste et l’avènement du nouveau monde socialiste. Nous ne pouvons pas nous contenter de lutter pour des droits fictifs qui n’aboutissent pas à une modification de la société.

La lutte pour l’émancipation des femmes prolétaires à travers le féminisme prolétarien, présente dans les revendications du 8 mars depuis les premières années de cette journée, a malheureusement cédé la place à ces revendications libérales abstraites centrées autour du droit bourgeois. De plus en plus les revendications économiques, la célébration des femmes en lutte pour leur émancipation partout dans le monde, sont reléguées au second plan, derrière des revendications floues. Celles-ci ne peuvent pas devenir réalité dans un contexte de domination bourgeoise de la société. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles en est un exemple, une lutte essentielle que nous devons mener mais qui ne saurait aboutir sous le capitalisme, grande cause du premier quinquennat Macron n’ayant amené à aucun changement, aucune amélioration de la situation. Les femmes sont toujours autant victimes de violences plus de 5 ans après sa prise de fonctions présidentielles. La lutte pour l’émancipation des femmes détachées de la lutte des classes ne saurait aboutir, elle est indissociable de la lutte révolutionnaire socialiste pour la dictature du prolétariat. Célébrons donc maintenant la Journée Internationale de Lutte des Femmes et continuons de mener la lutte pour l’émancipation des femmes à travers la révolution !

1 Dirigeante communiste allemande, connue pour son travail dans la lutte internationale des femmes socialistes.

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