Allemagne : Déclaration de Principes et Programme du Comités des Femmes Rouges – RFA

Allemagne : Déclaration de Principes et Programme du Comités des Femmes Rouges – RFA

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Nous publions ici la traduction non-officielle d’une déclaration publiée par le média allemand Die Volke Dienen.

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Déclaration de Principes et Programme du Comités des Femmes Rouges – RFA

 

Déclaration de principes :

Les Comités des Femmes Rouges – RFA [NDLT : République fédérale d’Allemagne] sont l’association nationale des différentes organisations militantes « Comités des Femmes Rouges » de femmes révolutionnaires conscientes de leur classe. Nous nous plaçons sous l’égide de la Roter Bund [NDLT : Ligue Rouge] et acceptons ses points de vue politiques, idéologiques et organisationnels, présentés dans la déclaration fondatrice.

En tant qu’organisation qui s’est donné pour tâche de mobiliser, de politiser et d’organiser les femmes de la classe ouvrière et du peuple, nous complétons les positions politiques suivantes :

1. Nous, en tant que révolutionnaires prolétaires, comprenons le patriarcat comme un produit de l’émergence de la propriété privée et qui, avec elle, forme une base matérielle pour la double oppression et l’exploitation de la femme travailleuse. Il en découle pour nous que la lutte contre le patriarcat ne peut être menée qu’en même temps que la lutte contre la propriété privée. Cette lutte doit être menée par le prolétariat, car ce n’est que dans une société sans classes que l’émancipation des femmes sera achevée.

2. Au sein du mouvement des femmes, nous représentons le courant du féminisme prolétarien, car nous nous appuyons sur la position du prolétariat. Nous rejetons le féminisme bourgeois et petit-bourgeois, qui lutte pour que les femmes subissent moins de désavantages au sein de l’impérialisme et puissent également devenir des exploiteurs. Nous nous opposons à la campagne idéologique de la bourgeoisie sous la forme du postmodernisme, qui nie la base matérielle de l’oppression et de l’exploitation spécifique des femmes en fonction de leur genre, présente la lutte pour l’émancipation des femmes comme quelque chose en dehors de la classe, et réduit ainsi la lutte à une lutte entre les sexes. Notre lutte sert la révolution prolétarienne jusqu’au communisme, qui ne concerne pas seulement une égalité purement formelle des sexes, mais la libération réelle des femmes, c’est pourquoi notre slogan est « Le féminisme prolétarien pour le communisme ! ».

3. Nous nous opposons résolument à la pseudo-théorie bourgeoise de la « nature féminine inférieure ». Pour nous, être une femme n’est pas un fardeau ou une excuse pour les défauts. Nous combattons résolument tous les préjugés patriarcaux à notre égard et sommes conscientes que nous ne sommes pas des accessoires mais des combattantes de notre classe.

4. Nous nous opposons à toute attaque contre nos sœurs de classe des pays opprimés. Nous condamnons les attaques chauvines impérialistes menées à leur encontre par l’État bourgeois. Dans une large mesure, nos sœurs étrangères de classe appartiennent à la partie la plus exploitée du prolétariat. Nous ne nous laissons pas monter les unes contre les autres et nous ne nous laissons pas diviser. Les femmes des pays opprimés sont triplement opprimées, par l’impérialisme, le semi-féodalisme et le patriarcat, et il est nécessaire de libérer leur colère pour briser les chaînes. Nous condamnons particulièrement les attaques impérialistes-chauvines contre les femmes musulmanes concernant leur pratique religieuse. Nous affirmons que le prolétariat n’a pas de patrie.

5. Nous constatons que les femmes prolétaires sont doublement opprimées par l’impérialisme et le patriarcat et qu’elles ont donc une double raison de se révolter. Le succès de la révolution dépend du degré de participation des femmes. Pour que la révolution qui se matérialise en Allemagne soit une révolution socialiste, nous mobilisons, politisons et organisons les femmes de la classe ouvrière et du peuple sous les slogans « Libérons la colère des femmes comme une arme puissante pour la révolution ! » et « On a raison de se révolter ! ».

Nous appelons toutes les femmes prolétariennes à l’esprit révolutionnaire à s’unir dans les Comités des Femmes Rouges afin de développer conjointement la lutte contre l’impérialisme et le patriarcat et de lutter pour un monde sans oppression et sans exploitation.

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Programme de revendications quotidiennes des Comités de femmes rouges – RFA

Nous soulevons les revendications quotidiennes suivantes, que nous mettons en avant dans la lutte quotidienne au service de la lutte pour la révolution socialiste. Nous politisons, mobilisons et organisons les femmes prolétariennes et celles du peuple au service de la Révolution mondiale prolétarienne.

1. La plus grande exploitation des femmes

Aujourd’hui encore, l’exploitation économique de la femme prolétaire en Allemagne est plus importante que celle de l’homme prolétaire. Une proportion disproportionnée de femmes constitue aujourd’hui la population pauvre(1) et, aujourd’hui encore, les femmes gagnent en moyenne environ 18% de moins que les hommes en RFA.(2) Mais ce n’est pas seulement un salaire inférieur pour le même travail qui conduit à cette différence. Jusqu’à présent, les femmes exercent de manière disproportionnée des professions mal rémunérées et dans les secteurs où travaillent les couches les plus basses du prolétariat.(3) 4,1 millions de femmes exercent des mini-emplois parce qu’elles n’ont pas d’autre choix.(4) Les raisons en sont l’image dominante de la famille « traditionnelle », dans laquelle la mère est tout au plus un soutien économique supplémentaire, ainsi que les avantages fiscaux et de sécurité sociale qui favorisent cette « répartition des rôles ». En outre, la République fédérale d’Allemagne ne dispose toujours pas d’un système complet de garde d’enfants toute la journée, de sorte que de nombreuses femmes doivent assumer ce travail reproductif.(5,6) Ainsi, de nombreuses femmes ne peuvent occuper que des emplois à temps partiel dans les couches les plus basses du prolétariat, ce qui, bien qu’ils constituent la principale source de revenus pour 2/3 d’entre elles(7) , fait qu’1/3 d’entre elles ne peuvent pas vivre de leur travail.(8)

Les femmes monoparentales sont particulièrement touchées par la pauvreté, bien qu’elles soient relativement plus susceptibles de travailler à temps plein ou presque que les femmes au sein d’une famille et qu’elles soient toujours exposées au risque de pauvreté (22,3 %). Par conséquent, de nombreuses femmes dépendent de l’aide sociale de l’État bien qu’elles travaillent. Pour ne rien arranger, seule la moitié d’entre elles perçoivent les pensions alimentaires qui leur sont dues et les avances de l’État sur les pensions alimentaires ne couvrent que les besoins matériels minimaux des enfants.(9)

Ces éléments font qu’aujourd’hui, près de 20 % des femmes à l’âge de la retraite sont pauvres et que nombre d’entre elles doivent même recevoir une pension alimentaire de base.

Par conséquent, de nombreuses femmes prolétaires ne peuvent toujours pas vivre de leur salaire et dépendent de l’aide de l’État ou d’un partenaire pour joindre les deux bouts. Dans le même temps, les femmes prolétaires effectuent également le travail reproductif socialement nécessaire, ce qui, en raison du manque d’alternatives, intensifie encore leur exploitation et garantit que, dans de nombreux cas, elles ne peuvent pas participer à la vie politique.

Nous revendiquons :

Un salaire égal pour un travail égal !

Des services de garde d’enfants complets toute la journée pour que les femmes puissent travailler !

Parents isolés, temps partiel, salaires de misère – les femmes se battent pour la révolution !

2. La législation réactionnaire

L’article 3 de la Loi fondamentale allemande stipule : « L’homme et la femme sont égaux en droits. L’État promeut l’application effective de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et s’efforce d’éliminer les désavantages existants », mais il existe pourtant un grand nombre de paragraphes dans les textes de loi de l’État bourgeois qui continuent d’opprimer les femmes. Ceci est particulièrement évident dans le droit de la famille. La famille et le mariage sont des institutions en RFA et font donc l’objet d’un soutien et d’une protection particuliers de la part de l’État.(10) Bien qu’il n’existe aujourd’hui aucune réglementation légale concernant la répartition des rôles et que les deux partenaires soient formellement égaux, le mariage fournit des incitations économiques spéciales pour maintenir la femme dans une situation de dépendance économique vis-à-vis de l’homme et donc pour l’opprimer.(11) Un rôle particulier est joué ici par ce que l’on appelle le partage des revenus entre conjoints. Dans ce cas-là, les salaires des deux conjoints sont combinés et distribués de manière égale aux deux. Cela réduit la charge fiscale du couple. Toutefois, le partage des revenus entre époux est particulièrement intéressant si l’un des conjoints gagne beaucoup moins que l’autre.(12) Des études montrent qu’en République fédérale d’Allemagne, les femmes réduisent leur nombre d’heures de travail plus que la moyenne et travaillent à des postes moins bien rémunérés après la naissance d’un enfant.(13) En outre, en République fédérale d’Allemagne, les membres de la famille qui n’ont pas ou peu de revenus peuvent être coassurés gratuitement avec le principal soutien économique, ce qui permet d’importantes économies.(14) Il en résulte une dépendance économique de la femme vis-à-vis de l’homme, puisqu’elle n’a pas de revenus propres et qu’en raison d’une petite pension, elle est généralement économiquement dépendante de l’homme jusqu’à la fin de sa vie.

Le mariage est considéré comme indissoluble en droit allemand, mais pas sans exception.(15) Mais un divorce coûte beaucoup d’argent. Pendant l’année de séparation obligatoire, les deux partenaires doivent vivre séparément l’un de l’autre, sauf exceptions telles que les violences domestiques, pour lesquelles le divorce est possible plus rapidement. Cela signifie une charge économique supplémentaire due à un autre appartement ainsi qu’à l’achat de nouveaux biens, puisque la séparation des biens n’a pas encore eu lieu. En outre, il y a des frais juridiques.(16,17) Bien que les enfants reçoivent une pension alimentaire après un divorce, la femme qui s’occupe des enfants dans 85% des cas ne reçoit une pension alimentaire que jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 3 ans et soit alors économiquement responsable de lui-même.(18) C’est précisément là où la garde d’enfants fait défaut qu’il lui est difficile d’être autonome financièrement et qu’elle passe de la dépendance économique à l’égard des hommes à celle de l’État bourgeois. Les enfants, qui sont l’avenir de notre société, doivent être suffisamment soutenus par l’État pour qu’ils ne manquent de rien.

Le mariage bourgeois est une unité économique initiée par l’État bourgeois, comme un contrat, dans lequel la femme, en particulier la femme prolétaire, est économiquement opprimée jusqu’à aujourd’hui et est poussée dans le travail reproductif. Ainsi, elle est découplée de la vie sociale, qui est le point de départ de sa mobilisation, de sa politisation et de son organisation. Nous luttons pour que chaque citoyen se présente devant l’État en tant que personne indépendante et pour que le mariage soit aboli en tant qu’entité économique.

Contre toutes les lois qui enchaînent la femme !

Contre la séparation des époux !

Pour le droit à un divorce libre et facile !

3. Manque de services de garde d’enfants

Bien que depuis 2013 chaque enfant ait droit à une place en crèche à partir de l’âge d’1 an, il manque 384 000 places en crèche au niveau national. Pour compenser cette pénurie, il faudrait construire de nouvelles crèches et engager 98 600 spécialistes pour couvrir les besoins minimaux. Pour assurer une bonne qualité de l’éducation préscolaire de nos enfants et remplir la clé de répartition du personnel, il manque même plus de trois fois plus de spécialistes.(19) Les quelques crèches qui existent encore sont menacées de réduction des heures d’ouverture, voire de fermeture totale par manque de personnel.(20) Bien que des places de crèche puissent être attribuées si réclamation,(21) celles-ci peuvent être situées à l’autre bout de la ville et donc prendre plus de temps et d’argent. Le fait que l’objectif de la garde d’enfants soit de permettre aux deux parents de travailler, en particulier à l’épouse, est ici poussé à l’absurde. Enfin, la garde d’enfants représente encore aujourd’hui une charge économique, surtout pour les familles prolétaires, qui doivent parfois dépenser jusqu’à 10 % de leur revenu pour la garde des enfants.(22)

Un premier pas vers l’augmentation du nombre de places en crèche consisterait à mieux rémunérer les éducatrices, pour la plupart des femmes, car à ce jour, ce travail, comme tant d’autres professions « typiquement féminines », est trop mal payé pour les conditions de travail difficiles qu’il implique.

Le besoin d’accueil à temps plein dans les écoles primaires n’est pas non plus couvert : sur les 2,2 millions d’enfants qui ont besoin d’un accueil à temps plein, il n’y a que 1,7 million de places.(23) Le droit légal à l’accueil à temps plein, qui entrera en vigueur à partir de 2029, sera donc difficilement respecté, car les spécialistes font également défaut.(24)

En raison du manque de services de garde d’enfants, la femme prolétaire est encore plus enfermée dans la sphère du travail reproductif privé, ne participe pas à la vie sociale et reste économiquement dépendante de l’homme.

Pour l’application du droit à la garde d’enfants !

Pour des services de garde d’enfants gratuits et de qualité !

Augmentation de la rémunération de l’ensemble du personnel des structures d’accueil – du personnel de la cantine aux éducateurs !

4. Manque de soins médicaux

Les femmes présentent des différences anatomiques (par exemple, un volume corporel plus petit), physiologiques et hormonales par rapport aux hommes, qui sont encore considérés comme le « corps standard » dans la médecine d’aujourd’hui. Cela conduit à des diagnostics erronés et à des traitements incorrects pour de nombreuses femmes. Il y a encore quelques années, par exemple, les symptômes « atypiques » d’une crise cardiaque chez la femme étaient encore inconnus. De même, les médicaments sont encore aujourd’hui testés presque exclusivement sur des hommes, alors qu’ils ont souvent un effet différent sur les femmes en raison des différences physiques évidentes mentionnées. En plus des médicaments qui n’ont pas l’effet escompté, les femmes se voient prescrire des psychotropes jusqu’à trois fois plus souvent que les hommes, au lieu d’être réellement aidées. À ce jour, les femmes occupent encore trop peu de place dans la recherche médicale, de sorte que de nombreuses maladies et phénomènes féminins, tels que la ménopause, n’ont pas ou peu été étudiés.(25,26)

La situation des femmes en matière de grossesse et d’accouchement est également mauvaise et ne cesse de se dégrader, comme en témoigne le déclin des maternités dans les hôpitaux : au cours des 15 dernières années, environ ¼ d’entre elles ont fermé, principalement en raison du manque de spécialistes et de sages-femmes.(27) L’avortement reste un autre problème en RFA, qui constitue encore aujourd’hui un délit (§218 StGB), même s’il n’est pas puni dans certaines circonstances (§218 a StGB). A ce jour, différents délais et obligations s’appliquent, selon les circonstances dans lesquelles la grossesse est survenue ou selon qu’il s’agit d’une urgence médicale. Même si 8% des femmes avortent au moins une fois dans leur vie(28), ce traitement n’est pas enseigné dans toutes les universités, et s’il l’est, seules quelques méthodes dépassées sont enseignées. Chaque étudiant en médecine est libre de refuser d’apprendre ce qu’est un avortement.(29)

La vie quotidienne (professionnelle) comporte également de nombreux risques pour la santé des femmes, qui reposent sur le fait que le corps masculin est considéré comme la norme. Qu’il s’agisse des températures de l’environnement de travail qui ont un effet différent sur les femmes en raison d’un métabolisme plus lent ou des équipements de sécurité qui sont conçus pour un physique masculin. Même l’objet quotidien qu’est la voiture n’est testé qu’à l’aide de mannequins presque exclusivement masculins, ce qui explique que les femmes aient une probabilité de mourir dans un accident de voiture supérieure de 17 % à celle des hommes.(30)

Malgré l’égalité formelle, nous constatons que les femmes ne jouent pas de rôle dans les domaines de l’économie (la médecine est aussi une énorme économie) lorsqu’il s’agit de faire des profits.

Nous exigeons :

Des médicaments efficaces pour les femmes !

Contre la fermeture des maternités !

Abolition du §218 !

Pour une recherche sexospécifique dans les sciences et l’économie !

5. L’oppression particulière des femmes du tiers-monde

En 2022, près de 6 379 000 étrangers vivaient en Allemagne, en particulier des pays de l’UE de l’Europe de l’Est, des pays candidats à l’UE et des pays asiatiques, c’est-à-dire principalement des pays opprimés. En outre, de nombreuses femmes sont soi-disant « issues de l’immigration ».(31,32) En 2016, plus de la moitié d’entre elles n’avaient pas de formation professionnelle et travaillaient principalement dans le secteur des services. Cela se traduit par un salaire généralement faible de 1 276 euros en moyenne, soit près de 300 euros de moins que les femmes allemandes. Ce faible salaire est principalement dû au fait que les femmes exercent des professions appartenant aux couches les plus basses du prolétariat ou qu’elles travaillent gratuitement dans l’entreprise d’un parent(33), ce qui est très répandu en raison de l’origine semi-féodale de nombreuses familles de migrants. Cela s’applique non seulement à la première génération de femmes étrangères en RFA, mais aussi aux générations suivantes.

En matière de violence domestique, les femmes étrangères sont également confrontées à des obstacles plus importants que les femmes allemandes : en 2021, environ 2/3 des femmes accueillies dans les centres d’hébergement pour femmes étaient des étrangères. Elles disposent souvent de peu de ressources économiques et de liens sociaux utiles, ce qui fait de la fuite vers un refuge pour femmes le seul moyen d’échapper à la violence patriarcale à la maison. Sortir du foyer et construire une nouvelle vie pour soi et ses enfants sans violence rencontre également des obstacles, principalement dus au chauvinisme impérialiste, par exemple sur le marché du logement.(34)

Enfin, les femmes étrangères sont régulièrement confrontées au chauvinisme impérialiste dans la vie quotidienne, comme on peut le voir, par exemple, dans les débats récurrents sur l’interdiction du port du voile, où les femmes migrantes sont privées de leur liberté religieuse et de leur autodétermination au nom d’une règle de neutralité de l’État bourgeois, par exemple auprès des juges, souvent en relation avec le féminisme bourgeois, et on les empêche activement d’exercer certaines professions.

À bas le chauvinisme impérialiste !

Contre la division des femmes prolétaires et des femmes du peuple en étrangères et domestiques !

Contre la diabolisation du foulard ! Pour le droit au libre exercice de la religion !

Ne vous laissez pas diviser ! Combattez et résistez !

6. La violence à l’égard des femmes

Chaque jour, un (ex-)partenaire tente de tuer son (ex-)épouse, et tous les trois jours, il y parvient. 70 % des victimes de la violence domestique et 80 % des victimes de la violence entre partenaires sont des femmes, le nombre de crimes de violence entre partenaires a considérablement augmenté depuis 2018.(35) Peu importe objectivement que la victime ou l’auteur soit Allemand ou étranger.(36) Cependant, on peut observer dans les médias bourgeois que ce sont précisément les meurtres de femmes étrangères et migrantes qui sont utilisés pour faire avancer le chauvinisme impérialiste. Si une femme allemande est assassinée, nous lisons qu’il s’agit d’une « histoire de couple », souvent parce que l’auteur n’a pas pu supporter une séparation. D’autre part, on parle de « crimes d’honneur » parmi les femmes étrangères et migrantes. Ainsi, on tente de présenter un meurtre comme l’acte d’un homme abandonné et désespéré, et l’autre comme un acte sanguinaire d’hommes étrangers irrationnels motivés par un supposé « honneur familial ». Mais ces deux actes, ainsi que les autres violences domestiques et conjugales, reposent dans leur grande majorité sur des idées patriarcales présentes dans toutes les sociétés de classes. La violence à l’égard des femmes a lieu parce qu’elles sont des femmes et qu’elles sont considérées comme inférieures et comme des possessions ; il s’agit donc d’une violence patriarcale. Mais au lieu de l’origine, la « drogue du peuple » allemand, l’alcool, joue un rôle beaucoup plus important dans la violence patriarcale : dans 50% des cas, l’alcool a joué un rôle dans le crime et les auteurs dépendants de l’alcool exercent la violence contre leur partenaire beaucoup plus souvent.(37,38) Ce faisant, nous ne devons pas négliger le rôle de l’État bourgeois allemand, qui permet à l’alcool d’être souvent moins cher qu’une boisson non alcoolisée à l’extérieur des supermarchés. Même si cela est interdit dans les restaurants, cette loi n’est souvent pas appliquée.(39,40) Par conséquent, l’alcool bon marché est accessible à tout moment et favorise l’alcoolisme.

Les femmes maltraitées, qui n’ont ni ressources économiques ni soutien de l’environnement, n’ont souvent qu’à chercher protection auprès des centres d’accueil pour femmes. Mais ceux-ci sont impitoyablement surpeuplés, car ils sont trop peu nombreux. Cela explique aussi en partie que pour 19% des femmes sans-abri, la violence domestique est la raison de leur situation.(41,42) En plus de laisser les femmes dans les refuges pour femmes livrées à elles-mêmes, l’Etat bourgeois a mis en place quelques lois pour interdire le viol domestique (depuis 1997) ou les fameux « paragraphes non c’est non » pour protéger les femmes. Mais les taux de condamnation sont extrêmement faibles et de nombreuses femmes n’osent même pas franchir le pas de l’accusation.(43,44) La violence patriarcale existera toujours au sein du système impérialiste et ne sera de l’histoire que lorsque l’impérialisme sera de l’histoire. C’est pourquoi nous descendons également dans la rue le 25 novembre, à l’occasion de la Journée contre la violence à l’égard des femmes, et lançons l’appel :

Vague après vague – Coup après coup – Contre l’impérialisme et le patriarcat !

Contre l’instrumentalisation chauvine impérialiste de la violence patriarcale et du meurtre des femmes !

7. Le problème de la prostitution

La RFA compte entre 250 000 et 400 000 prostituées, presque exclusivement des femmes. Malgré la loi soi-disant « de protection des prostituées », l’obligation de déclaration est mise à mal. Seules près de 24 000 d’entre elles sont enregistrées, moins de 100 sont assurées socialement, les autres existent dans l’ombre.(45) 90% d’entre elles sont des étrangères, souvent originaires de la partie orientale de l’Europe ou d’autres continents, qui viennent de milieux pauvres et sont à peine éduquées.(46) La majorité des femmes se prostituent sous l’effet d’une contrainte violente, mais la pauvreté des femmes joue toujours un rôle lorsqu’elles viennent en Allemagne ou, parfois sous de fausses promesses, sont amenées en Allemagne pour s’y prostituer. On estime que seuls deux à cinq pour cent des prostituées exercent cette activité sans contrainte ni violence. La libéralisation de la prostitution a permis à la RFA de devenir le centre européen de la traite des êtres humains, de la prostitution par la force et la contrainte et le plus grand marché de la prostitution.(47)

L’origine sociale des femmes apparaît clairement ici : il s’agit de femmes prolétaires et de femmes du peuple des pays opprimés (dont certaines ont déjà dû se prostituer dans leur pays d’origine), qui sont amenées en Allemagne par le crime organisé. Une fois sur place, elles sont exploitées de manière particulièrement patriarcale et la plupart d’entre elles vivent dans des conditions proches de l’esclavage.

Les conséquences pour les femmes sont considérables : 2/3 des prostituées souffrent du syndrome de stress post-traumatique et d’un pourcentage élevé de maladies chroniques des organes génitaux, d’infections et de lésions des organes internes.(48)

Nous sommes conscients que la prostitution n’est pas un travail « normal ». Il est vrai que, tout comme la classe ouvrière ne peut se libérer que par elle-même, les prostituées ne peuvent se libérer que dans le cadre et au service de la révolution prolétarienne mondiale. Cela nécessite une organisation des prostituées elles-mêmes afin de s’unir contre leurs exploiteurs criminels organisés. Nous sommes convaincus que cette organisation ne peut se faire dans le sens d’un « syndicat normal », mais seulement sous la direction des communistes et nécessairement protégée par la violence révolutionnaire. Ce n’est que sous le socialisme qu’il sera possible de faire les premiers pas réels vers l’abolition de la prostitution, afin qu’elle n’existe plus dans le communisme, un monde sans aucune exploitation ni oppression. Cela ne veut pas dire que nous sommes pour la prostitution, au contraire, nous en sommes les adversaires les plus déterminés. Mais au lieu de créer des illusions sur une possible abolition de la prostitution sous l’impérialisme, nous devrions tirer les leçons des expériences concrètes de notre classe et défendre les réalisations des femmes dans les pays socialistes.(49)

Mais pour nous rapprocher de cet objectif aujourd’hui, nous, en tant qu’internationalistes prolétariens, soutenons le mouvement révolutionnaire dans les pays d’origine des femmes – les pays opprimés, d’où proviennent la grande majorité des prostituées – afin qu’ils puissent se libérer du joug de l’impérialisme et que les femmes ne puissent plus entrer dans la prostitution à cause de la pauvreté.

A bas la prostitution !

Comités des Femmes Rouges – RFA

Mai 2024


1 Der Paritätische Gesamtverband, „Paritätischer Armutsbericht 2022“, 2023

2 DW, „Frauen verdienen 18 Prozent weniger.“, 2023

3 Ärztezeitung, „Gender Pay Gap. Jede vierte Frau arbeitet im Niedriglohnsektor.“, 2021

4 ibid

5 Bundeszentrale für politische Bildung (BPB), „Gleichstellung auf dem Arbeitsmarkt. Ein europäischer Vergleich.“, 2011

6 Nationale Armutskonferenz, „Armut und Geschlecht.“, 2017

7 Bundeszentrale für politische Bildung (BPB), „Gleichstellung auf dem Arbeitsmarkt. Ein europäischer Vergleich.“, 2011

8 DW, „Frauen verdienen 18 Prozent weniger.“, 2023

9 Bertelsmannstiftung, „Factsheet. Alleinerziehende in Deutschland.“

10 BPB, „Familie, Familienrecht und Reformen“, 2015

11 ibid

12 Stiftung Warentest, „Heiraten. Was für eine Ehe spricht – und was Unverheiratete wissen sollten.“, 2021

13 Bertelsmannstiftung, „Ehegattenbesteuerung in Deutschland“, 2021

14 Stiftung Warentest, „Heiraten. Was für eine Ehe spricht – und was Unverheiratete wissen sollten.“, 2021

15 BPB, „Familie, Familienrecht und Reformen“, 2015

16 Verbraucherritter.de, „Scheidungsrecht. Die wichtigsten Regelungen.“

17 Scheidung.de, „Scheidung und Scheidungsrecht in Deutschland.“

18 ZDF, „Im Scheidungsfall. Was beim Ehe-Aus zu beachten ist.“, 2023

19 Bertelsmannstiftung, „Ländermonitoring. 2023 fehlen in Deutschland rund 384.000 Kita-Plätze.“, 2022

20 Deutschlandfunk, „Warum in Deutschland 300.000 Kitaplätze fehlen.“, 2018

21 Spiegel, „Wir müssen draußen bleiben.“, 2018

22 Deutschlandfunk, „Warum in Deutschland 300.000 Kitaplätze fehlen.“, 2018

23 Deutschlandfunk, „Ganztagsbetreuung an Grundschulen: Mehr als 500.000 Plätze fehlen“, 2023

24 ZDF, „Studie: Große Lücke bei Ganztagsbetreuung“, 2022

25 BR24, „Sind Frauen bei der medizinischen Versorgung im Nachteil“, 2020

26 The Guardian, „The deadly Truth about a world built for men.“, 2019

27 MDR, „Lange Fahrt zur Klinik? Warum immer mehr Geburtsstationen schließen.“, 2022

28 ZDF, „Abtreibungen. So ist die Lage in Deutschland.“

29 Spektrum, „Tabuthema Abtreibungen.“, 2022

30 The Guardian, „The deadly Truth about a world built for men.“, 2019

31 Les données sur lesquelles nous nous appuyons proviennent du Mikrozensus 2016 : Une personne est issue de l’immigration si elle-même ou au moins l’un de ses parents n’a pas la nationalité allemande depuis la naissance. Cela vaut pour les étrangers migrants et non migrants, les naturalisés, les immigrés (récents), ainsi que pour les descendants de ce groupe, qui ont la nationalité allemande à la naissance.

32 Bundesregierung, „Migrationsbericht 2021“, 2022

33 BPB, „Zahlenwerk: Frauen mit Migrationshintergrund in Deutschland“, 2018

34 Frauenhaus-Koordination, „Frauenhaus-Statistik 2021“, 2022

35 Bundeskriminalamt (BKA), „Häusliche Gewalt. Bundeslagebild 2022.“, 2023

36 Kriminalistisches Institut, „Sicherheit und Kriminalität in Deutschland – SkiD 2020“, 2023

37 Paritätischer Wohlfahrtsverband Baden-Württemberg, „Häusliche Gewalt. Bei jedem zweiten Vorfall ist Alkohol im Spiel.“, 2022

38 Ärzteblatt, „Alkoholbezogene Aggressionen.“, 2013

39 Bundeszentrale für gesundheitliche Aufklärung, „Das billigste Getränk muss „ohne“ sein …“, 2022

40 Tagesspiegel, „Wirte verkaufen Wasser teurer als Bier Drogenbeauftragte: Verstoß gegen Gaststättengesetz Kneipen sollen schärfer kontrolliert werden“, 2002

41 Frauenhaus-Koordination, „Frauenhaus-Statistik 2021“, 2022

42 Nationale Armutskonferenz, „Armutsrisiko Geschlecht.“, 2017

43 Deutschlandfunk, „Das neue Sexualstrafrecht. Nein heißt nein.“, 2017

44 BPB, „Familie, Familienrecht und Reformen“, 2015

45 Universität Frankfurt, „Wir haben verstörende Beweise für die akute Gefahr für Leib und Leben der Betroffenen gefunden.“, 2023

46 Maak, „Prostitution als Menschenrechtsproblem.“, 2014

47 Universität Frankfurt, „Wir haben verstörende Beweise für die akute Gefahr für Leib und Leben der Betroffenen gefunden.“, 2023; Maak, „Prostitution als Menschenrechtsproblem.“, 2014

48 ibid

49 Principalement de l’Union soviétique (1917-1956) et de la République populaire de Chine (1949-1976)

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