Théorie : Qu’est-ce que le féminisme prolétarien ?

Théorie : Qu’est-ce que le féminisme prolétarien ?

Souvent, dans notre journal, nous parlons de féminisme prolétarien, pour parler de la ligne politique du prolétariat dans le mouvement des femmes. Qu’entendons-nous par là ? Nous allons citer un texte fondateur : « Le marxisme, Mariatégui et le mouvement des femmes », rédigé dans les années 1970 par le Movimiento Feminino Popular (MFP) du Pérou. Nous invitons toutes nos lectrices et tous nos lecteurs à le lire sur le site bibliomarxiste.net, disponible à ce lien.

Que nous apprend-il, en synthèse ?

1- Que les femmes, comme les hommes, sont divisées en classes dans la société actuelle, ce qui leur donne des intérêts opposés et les différencie.

2- Que les classes dominantes ont toujours voulu justifier la soumission des femmes par le mensonge d’une soi-disant « nature féminine » qui serait inférieure.

3- Que les poussées révolutionnaires ont permis aux femmes de conquérir des droits, qui ont été supprimés par les classes réactionnaires. Les intérêts du mouvement féministe et de la lutte populaire sont identiques, le premier s’inscrit dans la seconde.

4- Que « pour le marxisme, les femmes, tout autant que les hommes, ne sont qu’un ensemble de relations sociales, historiquement adaptées et changeantes en fonction des changements de la société dans son processus de développement. La femme est donc un produit social, et sa transformation exige la transformation de la société. »

5- Que pour émanciper les femmes, « il existe une identité de lutte entre le mouvement féministe révolutionnaire et la lutte de la classe ouvrière pour la construction d’une nouvelle société » et que « l’émancipation des femmes travailleuses doit être l’œuvre des femmes travailleuses elles-mêmes »

6- Que le féminisme n’a pas émergé par hasard, mais par la politisation et l’incorporation des femmes dans le travail manuel et intellectuel salarié : « les environnements adéquats pour le développement du mouvement féministe sont les salles de classe des universités et les syndicats »

7- Que « le féminisme a, nécessairement, plusieurs couleurs, plusieurs tendances. Dans le féminisme, on peut distinguer trois tendances fondamentales, trois couleurs de fond ; le féminisme bourgeois, le féminisme petit-bourgeois et le féminisme prolétarien. »

8- Que « le féminisme, en tant qu’idée pure, est essentiellement révolutionnaire » et comme la révolution doit être faite par le prolétariat, un mouvement réellement féministe veut la révolution et servir le peuple et doit donc être un mouvement féministe prolétarien.

9- Enfin, que les femmes du peuple et du prolétariat doivent s’organiser, car pour faire face à ses ennemis et lutter pour ses intérêts de classe « le prolétariat n’a d’autre recours que de s’organiser ; ce principe s’applique au peuple, qui n’est fort que s’il est organisé et donc aussi aux femmes, qui ne peuvent lutter avec succès que si elles sont organisées. »

Ce ne sont, bien sûr, que quelques unes des nombreuses leçons de ce texte et de l’analyse marxiste de l’émancipation des femmes qui est presque aussi vieille que le marxisme lui-même. Le MFP du Pérou se développe tout au long des années 1970 sur la base de ces idées et il organise largement les femmes grâce à celles-ci. Dans la révolution, le MFP fournit de nombreuses combattantes et est considéré comme une des organisations les plus efficaces. Dans un pays où le patriarcat est fort, comme le Pérou, les femmes du MFP ont prouvé qu’il est possible pour les femmes du peuple de transformer leur existence grâce à un féminisme prolétarien réellement mis en pratique et appliqué dans une grande révolution.

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